Lors d’un entretien accordé à SFR Sport, l’ancien sélectionneur du XV de France, Philippe Saint-André a accepté de revenir en détails sur sa méthode de sélection de joueurs, notamment à la charnière, lorsqu’il était à la tête des Bleus.
Ainsi, il affirme que sa première volonté était d’associer Maxime Machenaud à Frédéric Michalak:
“Ma charnière en 2012 pour le XV de France, c’est Maxime Machenaud et Frédéric Michalak. On gagne le test en Argentine de 30 points et on gagne les trois tests du mois de novembre avec cette charnière-là. Le problème, c’est que Maxime Machenaud quitte Agen pour aller au Racing 92, et le Racing lui demande de prendre beaucoup plus de kilos et de faire de la musculation pour le Top 14. Il prend donc 7 – 8 kilos, il ne colle plus au ballon et il est en difficulté au niveau international alors qu’il avait été exceptionnel. Frédéric Michalak qui était mon ouvreur, non seulement il se blesse, puis il ne rejoue plus à l’ouverture à Toulon. Il joue demi-de-mêlée. C’était la première problématique.”
PSA a ensuite misé sur une nouvelle charnière, en vain:
“Ensuite, j’ai voulu mettre Morgan Parra et Camille Lopez. J’ai fait enchaîner quatre matches à Camille Lopez et il s’est blessé. Morgan Parra n’a jamais pu jouer plus que deux matches avec moi sans se blesser. Tu veux mettre une osmose et tu ne peux pas.”
Philippe Saint-André évoque alors le choix de sa charnière pour la Coupe du monde de 2015:
“Pour la Coupe du monde en 2015, j’ai pris trois demi-de-mêlée et trois ouvreurs. Les trois ouvreurs étaient Rémi Talès, François Trinh-Duc et Frédéric Michalak. Pour moi, dans une telle compétition, il faut que l’ouvreur ait confiance et qu’il soit le numéro 1 et le patron. A partir du moment où j’ai choisi Frédéric Michalak comme le numéro 1, je n’allais pas lui mettre un 1 bis dans les pattes. Frédéric Michalak était le numéro 1 donc le numéro 2 était Rémi Talès. Il savait qu’il allait être remplaçant et qu’il allait jouer le match contre la Roumanie. Mais je voulais que mon ouvreur numéro 1 soit sûr d’être le taulier de l’équipe.”
Mais une nouvelle problématique venait à apparaître au sujet du demi-de-mêlée:
“A partir du moment où j’avais un ouvreur, à savoir Talès qui n’était pas buteur, j’étais obligé d’avoir un demi-de-mêlée buteur. Sébastien Tillous-Borde n’est pas buteur donc j’avais Morgan Parra qui était capable de jouer 9 et 10. Il y avait aussi Rory Kockott qui était buteur. A part Spedding qu’on avait mis buteur de loin, je n’avais aucun buteur qui jouait au centre ou à l’aile. Mes buteurs étaient seulement à la charnière. Mon seul regret c’est Maxime Machenaud car c’était un joueur exceptionnel puis il y a eu des aléas. Au mois de novembre je repars avec Tillous-Borde, Rory Kockott et Morgan Parra.”
Pour conclure, Philippe Saint-André explique que, dans une sélection, il est impossible de mettre deux ouvreurs en concurrence:
“Les gens doivent comprendre que tu ne peux pas prendre dans un groupe où tu travailles pendant sept semaines ensemble un titulaire au poste d’ouvreur et un titulaire bis car ils vont se mettre en concurrence en permanence. Il faut une hiérarchie clairement établie.”