Depuis quelques semaines, Dan Carter vit une période plus délicate au Racing 92. Rapidement sorti contre le Stade Français et non retenu à Lyon le week-end dernier, il se confie à RMC Sport avant le quart de finale de Champions Cup contre Clermont dimanche. Le double champion du monde néo-zélandais est ambitieux.
Dan Carter, comment vous sentez-vous?
Je me sens bien. On a effectué notre premier entraînement de la semaine ce matin et on ressent une certaine excitation. On s’est donné la chance de jouer un match de phases finales ce week-end qui est très important. L’équipe et moi, on se sent bien. Nous sommes excités. C’est l’un des plus gros matchs de la saison, surtout après ce qui s’est passé l’an dernier. Nous n’avions pas disputé les phases finales européennes après avoir disputé la finale un an plus tôt. C’était dur pour nous sur le coup mais aussi une motivation depuis. Ça ne sera pas facile contre Clermont, une équipe avec beaucoup d’expérience. Ça sera un gros challenge.
Et physiquement, dans quel état êtes-vous?
Bien mieux. J’ai eu plusieurs sérieuses blessures à un genou. Depuis que j’ai recommencé à jouer, je me souciais surtout de ne pas me blesser à nouveau. Pendant les matchs, je regardais mon corps pour vérifier que j’étais toujours en entier (sourire). La fin de saison sera importante, je veux bien jouer et contribuer à cette équipe. Mais j’ai désormais confiance en mon corps après avoir joué plusieurs matchs de suite. Je pensais trop à mon corps et au fait de ne pas être blessé. J’essaie de ne plus penser à ça, seulement à bien jouer et à aider l’équipe.
Est-ce pour ça que vous n’avez pas évolué à votre meilleur niveau ces dernières semaines?
Oui, je n’ai pas joué comme je le voulais, en pensant trop à éviter une nouvelle blessure. Il ne me reste plus beaucoup d’opportunités avec le maillot du Racing avant de partir au Japon (aux Kobelco Steelers, ndlr). Je veux toutes les saisir. J’ai beaucoup travaillé et récupéré pour retrouver confiance dans mon corps. C’est surtout dans la tête que ça se passe.
Comment avez-vous vécu d’être remplacé rapidement, dès la 45eme minute, face au Stade Français le 17 mars?
Nous avons plusieurs compétitions et beaucoup de bons joueurs dans l’effectif. Quand un joueur sort, un autre de la même qualité rentre sur le terrain. Je ne jouais pas comme j’aurais aimé et c’était important de faire jouer d’autres joueurs plus frais et plus en forme. C’est sûr qu’on préfère toujours continuer à jouer plutôt que d’être remplacé. Mais on doit faire ce qui est le mieux pour l’équipe.
Pourquoi n’avez-vous pas été aligné le week-end dernier à Lyon?
C’était un choix des entraîneurs. J’avais enchaîné plusieurs matchs auparavant et ils voulaient offrir d’autres opportunités à d’autres joueurs. Après un week-end off, je me sens frais.
Est-ce difficile pour un joueur comme vous de regarder les matchs devant la télévision ou sur le banc?
Oui, c’est difficile. Vous voulez toujours jouer, que vous soyez blessés, ménagés, remplaçants, écartés ou pour n’importe quelle autre raison. Ce n’est jamais facile mais vous devez mettre l’équipe avant tout. C’est un sport d’équipe. Cela ne m’inquiète et ça ne change rien à ma préparation. Je continue à travailler dur. Avec les coachs, tout se passe bien. On discute beaucoup, notamment sur les plans de jeu, la motivation ou les performances individuelles. La relation est bonne.
Vous êtes désormais en concurrence avec Pat Lambie, arrivé au mois de septembre dernier. Quel regard portez-vous sur le polyvalent sud-africain?
C’est un grand joueur. J’avais joué plusieurs fois contre lui et l’Afrique du Sud. Il apporte beaucoup à l’équipe. C’est super pour le Racing. Même s’il est encore jeune, il apporte sa grande expérience internationale. Ces dernières semaines, il est en grande forme. On échange beaucoup tous les deux et on a joué ensemble (en tant que numéros dix et douze). Il m’aide et je l’aide.
Savez-vous s’il sera titulaire dimanche après sa bonne performance contre le LOU ou si vous allez débuter?
(Rires) Non, on ne connait pas encore l’équipe (la tendance serait bien d’aligner Lambie à l’ouverture et Carter sur le banc, ndlr).
Quel est votre but d’ici la fin de saison avec le Racing?
Je veux que l’équipe continue à gagner et continuer à la réussite par mes performances, mon travail ou mon expérience. Je suis toujours heureux de partager avec les plus jeunes après mes quinze années au haut niveau. Evidemment, j’aimerais aussi remporter un dernier trophée. J’ai eu la chance de remporter le Top 14 et c’est vrai que ça serait particulier de gagner la Coupe d’Europe. Je prendrais n’importe laquelle! (Rires) Comme je le disais, il ne me reste pas beaucoup d’opportunités ici. Je veux en profiter.
Etait-ce impossible pour vous de prolonger au Racing plutôt que de rejoindre le Japon?
Non, ce n’était pas impossible. On m’avait fait une offre. Cela aurait été plus facile de rester ici car je me sens bien. J’aurais aimé rester mais j’ai décidé de relever un nouveau challenge et de rejoindre le Japon. C’est aussi plus près de la maison. Vous devez aussi faire passer la famille en premier. Le championnat japonais me laissera aussi plus de temps pour rentrer en Nouvelle-Zélande. Il y a beaucoup moins de matchs qu’en France et je pourrai retourner chez moi pour de plus longues périodes. Ma famille pourra retourner vivre là-bas et mes enfants iront à l’école en Nouvelle-Zélande. C’est excitant et j’ai hâte de débuter ce nouveau défi.
Avez-vous imaginé rester au Racing en tant qu’entraîneur?
Non, je voulais continuer à jouer. Je n’ai jamais vraiment pensé à cela.
Vous allez quitter le Racing dans quelques mois. Que pouvez-vous nous dire en français dans le texte?
(Sourire) Je peux parler un petit peu français mais c’est très difficile avec beaucoup de joueurs néo-zélandais comme moi, tongiens, samoans, etc… Je suis très content de ma vie ici. J’adore ma vie à Paris et en France. C’était magnifique. Je suis triste, je dois partir. Mais j’ai beaucoup de bons souvenirs!