Le jeune pilier du Stade-Toulousain, Clément Castets s’est longuement confié dans les colonnes du Midi Olympique pour évoquer sa courte carrière de rugbyman (il n’a que 22 ans).
Celui-ci a accepté d’évoquer, pour le bi-hebdomadaire, les galères qu’il a connu après avoir notamment été atteint d’une tumeur.
C’est à l’âge de 13 ans que Clément Castets apprend qu’il est atteint d’une malformation des vaisseaux sanguins, à savoir, un cavernome cérébral:
« Depuis mes 13 ans, dès que je prenais un gros choc sur la tête, j’avais dans la foulée des problèmes de vision. Ça s’estompait une heure après, donc ne m’inquiétait pas tellement. J’en avais parlé mais on me répondait : « C’est un coup, c’est normal. » Personne ne s’était jamais alarmé jusqu’à cette rencontre en espoirs. Le docteur m’a dit : On ne va pas te laisser comme cela ! Le chirurgien m’a expliqué que ce n’était vraiment pas grave, que seulement 5 % des gens dans mon cas s’en rendent compte. Les complications sont rares. »
Mais à l’issue d’un match contre Oyonnax en Challenge Cup en janvier 2017, la situation s’envenime:
« J’ai de nouveau eu des troubles de la vision. Au début, je savais ce que c’était, j’étais tranquille. Mais, à la différence des précédentes fois, les symptômes n’ont pas disparu les jours suivants. Jusqu’à un point où je ne voyais plus rien de mon œil gauche. Je me suis fait peur, j’ai appelé le médecin du club, qui m’a envoyé passer une IRM. »
L’IRM révèle un saignement de la tumeur avec une petite hémorragie cérébrale.
Rapidement opéré, Clément Castets explique qu’il ne réalisait pas vraiment qu’on allait lui ouvrir le cerveau pour l’opérer. Ce qui l’important, c’était uniquement le rugby:
« Moi, je me suis dit : « Je me fais opérer, c’est un an sans rugby et je reviens. » Je ne réalisais pas, je préférais me projeter sur ma prochaine préparation physique. Quand j’y repense, j’étais perché. Je n’avais coché que des sentiments positifs. J’étais dans le futur, comme si je niais le présent. C’était de la naïveté. La seule personne à qui j’ai menti, c’est à moi. J’ai réussi à me persuader que ce n’était rien. C’était pour me rassurer mais quand je vois ma cicatrice derrière la tête, je prends conscience que c’est fou ! Récemment, j’étais chez le coiffeur et quand il m’a rasé, il a fait des yeux énormes. »
Pourtant, les médecins lui avaient indiqué que l’opération n’était pas sans risque:
« Oui, au moment de l’endormissement. On m’avait prévenu qu’il n’y avait aucun risque mais quand on t’opère du cerveau… Lorsque j’ai rouvert les yeux, j’ai respiré un grand coup : « C’est bon, je suis vivant et je me souviens de tout. Le pire est derrière moi. » À cet instant précis, je me suis dit que j’avais fait 51 % du chemin et que le reste serait facile. »