Après sa défaite contre les Fidji (21-14), le XV de France a reculé à la neuvième place du classement mondial pour la première fois de son histoire. Une honte et le symbole d’un rugby français qui a oublié sa sélection selon Philippe Saint-André, qui dresse un constat sans appel.
Le sursaut face à l’Argentine avait peut-être fait naître un peu trop d’espoirs. Sorte d’arbre qui cache une forêt de marasme et d’échecs. Au lendemain de la défaite du XV de France face au Fidji (21-14), synonyme de recul au neuvième rang du classement mondial, Philippe Saint-André est en colère. Pour l’ancien sélectionneur des Bleus, la situation s’aggrave depuis la professionnalisation du rugby français.
Un taux de victoires passé de 66% à 27%
“Le rugby français, depuis qu’il est professionnel, a délaissé l’équipe nationale. Depuis 1995, on a le plus gros championnat au monde, la plus grosse économie au monde au niveau des clubs mais l’équipe nationale est un désert, estime le membre de la Dream Team RMC Sport dans le RMC Sport Show. Depuis 1995, regardons les sélectionneurs : Skrela avec 66% de victoires, Laporte à 61% de victoires, Liévremont 60%, Saint-André à 47%, Novès à 33% et Brunel à 27% de victoires… On est en chute. Les Irlandais sont deuxième nation mondiale devant les Gallois et les Anglais. Nous, on est pour la première fois dans l’histoire, neuvième nation. On n’est plus invités, on ne mange plus de caviar!”
“On récolte ce qu’on a semé depuis 15 ans”
Philippe Saint-André appelle à une réaction globale, avec une priorité à la performance plutôt qu’aux considérations purement économiques. “On a une Coupe du monde en 2023 mais le rugby de haut niveau, ce n’est pas que de l’économie, c’est de la haute performance, insiste-t-il. On récolte ce qu’on a semé depuis 15 ans: de l’immobilisme, des dirigeants de la Fédération et de la Ligue qui ne se parlent pas, un calendrier surchargé, le championnat le plus long au monde, des joueurs jamais disponibles pour l’équipe de France… J’ai été quatre ans sélectionneur, on n’avait même pas le droit de rentrer dans certains clubs! L’équipe de France est la vitrine de notre sport. On a besoin d’une union de nos dirigeants et aller plus loin. Quand on voit que l’Irlande, qui a dix fois moins de licenciés que nous, est la deuxième nation mondiale…”