Lors d’un entretien accordé au Midi Olympique, l’ancien demi-de-mêlée international Français Dimitri Yachvili s’est confié au sujet du XV de France.
Selon lui, si l’équipe de France n’est pas performante, c’est en partie à cause du Top 14. Extrait:
“Je ne veux pas critiquer pour critiquer. J’ai été joueur et les dernières saisons, à Biarritz, on me demandait de restreindre le jeu au maximum parce qu’il fallait gagner à tout prix, assurer le maintien coûte que coûte. La manière, on s’en foutait. A posteriori, je me rends compte que ce n’est pas le rugby qui gagne. Et ce n’est pas le rugby qui servira notre équipe de France. Les entraîneurs veulent garder leur place, ils tiennent à leur confort et restreignent le jeu pour ne pas perdre. Alors, quand une équipe joue à l’extérieur, ses joueurs montent des chandelles, défendent comme des enragés et espèrent juste repartir avec le bonus défensif.”
Il ne manque pas de recadrer le système des JIFF qui n’est pas adapté selon lui. Extrait:
“Mais le Jiff, c’est quoi ? Joueur issu de la formation française ? (il soupire)… Un Fidjien ou un Géorgien que tu fais venir à 17 ans dans ton centre de formation devient Jiff après trois ans. Pour moi, ce sigle ne veut donc rien dire. Un Jiff, ce devrait être un joueur réellement issu de la formation française, de l’école de rugby française ! Regardons l’autre versant du problème : considère-t-on vraiment qu’un Fidjien arrivé à 17 ans a été formé en France ? Chez nous, les clubs jouent avec le règlement et c’est dommage. Ils voient leur propre intérêt, pas celui de l’équipe de France. Et puis, les jeunes Géorgiens ou Fidjiens, qu’ils soient Jiff ou pas, préféreront toujours porter les couleurs de leur équipe nationale. En France, les étrangers squattent les postes clés. Quand j’ai commencé en Top 14, il y avait beaucoup plus de concurrence à chaque poste.”
Pour conclure, Dimitri Yachvili pointe du doigt les joueurs qui se sont bodybuildé ces dernières années au lieu de travailler leur technique. Extrait:
“On voulait être comme les Iliens, comme les Sud-Af’s. On a pris des « pecs », des biceps, c’était visible. Ça permettait au préparateur physique et au joueur de prouver au président qu’ils travaillaient bien. Mais à côté de ça, on a laissé tomber l’invisible : la technique individuelle et le sens tactique d’une rencontre. (Il se redresse, s’anime) Super ! Tu pousses 140 kg au développé couché ! Mais ça te sert à quoi, au juste ? Sais-tu au moins faire une passe vissée des deux côtés et jouer un duel ?”