Le Stade Français, quasiment éliminé de la course aux phase finales en Top 14, devra absolument s’imposer sur le terrain du Racing 92 pour continuer à rêver (dimanche, 16h50). Sous peine de voir la situation se tendre encore un peu plus en coulisses.
Ce n’est pas franchement un secret. Au Stade Français, la saison a été agitée en coulisses. “C’est très tendu entre les joueurs, la direction sportive et la direction générale”, nous a-t-on répété cette semaine. Avec les évictions de Robert Mohr et Julien Dupuy, respectivement directeur du développement sportif et entraîneur de la technique et des skills, puis le départ forcé du médecin Alexis Savigny en fin de saison, rien n’aura été simple à Paris. La grogne des joueurs est réelle. Récemment, le capitaine Sergio Parisse et d’autres représentants de l’effectif ont fait part de leur mécontentement contre certaines décisions de leurs dirigeants, Fabien Grobon et Hubert Patricot, notamment pour le docteur.
“Ces deux ou trois derniers mois, ce n’était pas évident pour le groupe de focaliser toutes les énergies mentales uniquement sur le terrain, nous avouait Parisse mardi, sans trop vouloir en dire. On sait très bien que ça parlait beaucoup de notre club au niveau extra-sportif et ça n’aide toujours pas…” Et malheureusement, ça s’est vu sur le terrain. Car si les tensions en interne ne sont évidemment pas la seule explication, le Stade Français est passé au travers ces derniers mois.
Après un départ canon, beaucoup ont sans doute vu trop belle cette équipe parisienne. Il faut dire qu’avec les arrivées de Yoann Maestri, Gaël Fickou ou encore l’Argentin Nicolas Sanchez, on attendait mieux du Stade Français. Mais à trois journées de la fin, il faudrait désormais un miracle pour que Paris (9e à 6 points de la 6e place) dispute les phases finales du Top 14.
La défaite contre Clermont (25-41) la semaine passée, la cinquième à Jean-Bouin, a sans doute été celle de trop. “Avec l’effectif que l’on a, ça serait un gros échec de rater les phases finales, reconnait Parisse. C’est décevant pour tout le monde de voir autant de qualités d’investissement et de ne pas voir de résultats sur le terrain.” A quel point Heyneke Meyer en est-il responsable ?
Le Sud-Africain, arrivé l’été dernier, est le grand patron du club parisien. Ses prérogatives ont été confortées par le propriétaire, le milliardaire allemand Hans-Peter Wild. L’ancien sélectionneur sud-africain a imposé ses hommes et ses choix. On le dit pourtant de plus en plus contesté en interne. Par ses joueurs mais aussi par ses adjoints, à l’image de l’Irlandais Paul O’Connell qui n’aura passé qu’une seule saison dans le staff, tout comme son compatriote Mike Prendergast, proche du RCT. “Les joueurs n’en peuvent plus de son style de jeu”, selon un habitué du club.
En cas de d’élimination, probable, et d’une défaite conséquente sur le terrain du Racing 92 dimanche (avant d’aller à Montpellier et de recevoir Pau), Meyer peut-il être menacé ? C’est une possibilité selon certains. Impensable selon d’autres. L’ancien coach des Bulls a toujours la confiance de ses dirigeants, qui avaient même imaginé le prolonger avant même sa seconde année de contrat (il en a une troisième en option.) “C’est un poste à risque et il est peut-être sur un siège éjectable”, selon une source parisienne. “Virer un entraîneur est bien plus simple qu’un joueur, selon une autre source. Ça ne rentre pas dans le salary cap.” Et ça tombe bien… Car au Stade Français, la situation financière interpelle aussi.
En l’état, il est désormais impossible de recruter sans se séparer de joueurs, mécontents ou qui n’entrent plus dans les plans, comme le souhaiterait la direction. Sauf que les indemnités pour les faire partir rentrent désormais dans le calcul du salary cap… Sans cela, beaucoup de joueurs feraient à coup sûr leurs valises cet été, comme la saison dernière et comme le feront Alexandre Flanquart à l’Union-Bordeaux Bègles ou Tony Ensor à Oyonnax.
Confronté par ailleurs à un déficit prévisionnel de 17 millions d’euros selon les chiffres de Midi Olympique (après les 18 millions de la saison dernière), le Stade Français a mal vécu sa crise de croissance, un an après s’être battu pour ne pas descendre. Hans-Peter Wild va devoir ressortir le chéquier. Et trancher, dans un sens ou dans l’autre.