Maintien en poche, Jean-François Fonteneau, le président du SUA, peut se tourner avec plus de sérénité vers l’avenir. Entretien.
Comment avez-vous senti les joueurs samedi après le coup de sifflet final ?
Il y a vraiment eu un soulagement collectif. Toute la semaine, les joueurs se sont mobilisés, le staff les a bien guidés. Sur le match, j’ai eu l’impression que nous avions une équipe avec une vraie force tranquille. En début de saison, il y avait des incertitudes concernant le devenir des joueurs du staff. Tout cela aurait pu déstabiliser le groupe. Mais c’est à nouveau une belle réussite. Je suis fier de mes joueurs, du staff et de son professionnalisme. Et de l’environnement bien sûr, qui nous a toujours suivis. C’est une victoire collective.
Toutes ces annonces en début de saison auraient pu vous perturber.
Quand un groupe est bousculé dans ses fondamentaux, son fonctionnement interne, c’est toujours difficile. J’avais fait le choix, avec Mauricio Reggiardo, de faire cette annonce en début de saison. Beaucoup de personnes m’avaient dit que c’était trop tôt. Mais au final, non. Et nous avons pu travailler avec son successeur depuis 5 mois. Et apporter des réponses aux joueurs plutôt que de l’incertitude. Car on est toujours sur de l’anticipation à N + 1. Je remercie les joueurs, notamment ceux qui ont pris la décision de partir, même si on aurait préféré les conserver. Mais dans le contexte c’était compliqué. Certains étaient aussi en fin de cycle. C’est la vie dans le sport. Il faut l’accepter et s’adapter.
On arrive en fin de cycle, avec plusieurs joueurs d’une même génération «dorée» qui s’en vont. Est-ce à craindre ?
Quand on voit l’importance de certains joueurs qui vont partir, c’est déstabilisant. Maispour d’autres joueurs (Briatte ou Jegerlehner par exemple), c’est à eux d’écrire leur histoire désormais avec le SUA. Sans oublier l’arrivée de joueurs extérieurs qui vont amener de la fraîcheur et de l’envie et le nouvel entraîneur qui va amener de nouvelles méthodes. C’est bien de changer certaines habitudes. Il y a donc des incertitudes mais je suis optimiste. Je pense que c’est un mal pour un bien.
Comment avez-vous fonctionné sur le choix des nouveaux joueurs. On imagine en accord avec Christophe Laussucq, mais avez-vous aussi consulté Mauricio Reggiardo ?
Le staff qui est en place n’est pas du tout intervenu et au contraire. C’était toute la difficulté. Arriver à garder une relation très proche, de confiance, avec eux. Mais cloisonner la saison à venir avec Christophe Laussucq. Les recrutements sont bouclés, pour la majorité d’entre eux, depuis deux ou trois mois. L’an prochain, puisque nous serons théoriquement en Top 14, nous serons concurrents avec le staff actuel. Ça n’aurait pas été gérable.
N’est-ce pas compliqué de travailler avec un entraîneur qui n’est pas présent et qui a une autre équipe à gérer ?
C’est toute la difficulté. Il faut que ces entraîneurs restent mobilisés dans leurs clubs. Je suis très heureux que Christophe se soit qualifié avec Mont-de-Marsan qui fait partie des petits budgets de Pro D2. Nous avons aussi réussi notre mission. Tout cela tend à prouver que cette passation de pouvoir se fait dans de bonnes conditions.
Les joueurs qui arrivent sont des idées de Laussucq ou vous avez aussi soumis quelques noms à votre futur coach ?
Christophe Laussucq a fait des propositions. J’ai la prétention de connaître un peu le rugby, donc certains joueurs ne m’étaient pas inconnus. On a échangé là-dessus, en respectant les enveloppes car on est obligé de surveiller de près en raison de notre situation économique. Qui est équilibrée bien sûr, il faut le rappeler. Le SUA n’a pas de trou. On a assumé des litiges importants liés à l’ancienne gouvernance dont je faisais partie en tant que président du directoire, mais je n’étais pas le décideur principal. Je sais que l’ancien manager et directeur opérationnel du club, Mathieu Blin, a pu prendre ombrage des propos que j’ai tenus suite à des fuites qui avaient laissé supposer que le club était en difficulté. Il n’a pas à s’approprier la réussite ou non du budget. Ce n’était pas lui qui était le décideur in fine des orientations prises par le club.
Bientôt, vous allez justement présenter votre budget devant la DNACG.
Ce budget doit être le plus près possible de la réalité. Il y a toujours des incertitudes par rapport à cela. Mais nous avons bon espoir d’aller chercher quelques partenariats supplémentaires, d’en faire évoluer d’autres. C’est l’objectif principal. Cette troisième année en Top 14 doit nous permettre de faire évoluer nos partenaires économiques, principal fournisseur économique, mais aussi la billetterie et les abonnements.
De quelles évolutions parlez-vous ?
Bigard, notre partenaire principal, qui devait se retirer l’an dernier et est finalement resté, sera encore avec nous pour la saison 2019/2020. Il sera encore le numéro 1. UPSA sera toujours le numéro 2, dans les proportions quasiment identiques à l’année qui vient de s’écouler. Et ensuite, Gifi SB-SR… Là il y a des leviers, on l’espère. Mais j’espère surtout que les filières absentes, agri et agro, les fers de lance de notre département, soient plus présentes au sein du club. Je salue aussi les 450 TPE et PME qui suivent le SUA et lui permettent de constituer un budget. Mais il est vrai que pour passer un cap, il faudrait qu’avec les filières absentes et certains de nos partenaires principaux, nous puissions relever le défi. Il y a des choses à faire. Surtout maintenant que l’on vient de réussir notre projet audacieux de rester en Top 14.
Le nouveau stade est aussi un bel atout.
Inévitablement, c’est plus vendeur. On a la chance, dans le département, d’être le seul club pro. On parle toujours du Lot-et-Garonne comme un département pauvre, on fait de la victimologie. Mais il y a des choses qui marchent. Il y a l’Agropole, il y a des pépites sur le territoire. Le club est un bon vecteur pour les mettre en avant. Un endroit attractif avec une approche sociale et sociétale. Le poumon d’Armandie ne demande qu’à respirer. Mais il faut lui donner cette capacité. On a une belle perspective à mettre en valeur. Et qui sera, je crois, synonyme d’attractivité et de nouveaux partenariats.
D’autant qu’on peut imaginer avec un budget supérieur vous pourriez réaliser le rêve des supporters, garder les jeunes bons joueurs issus du cru et avoir une équipe qui pourrait jouer autre chose que le maintien. C’est l’idée. On voudrait sortir de cette spirale infernale où l’on révèle des jeunes bons joueurs, des petites pépites. Qui, à peine polies, quittent le club. Après, il y a des fins de cycle pour les joueurs. Néanmoins, c’est vrai que conserver une ou deux saisons supplémentaires des Tanga, Béthune, Marchois, Hériteau et Miquel aurait du sens. Sauf qu’aujourd’hui, on ne peut pas rivaliser économiquement avec les propositions des autres clubs. D’autant qu’on ne leur propose pas autre chose que le maintien. C’est donc légitime pour eux d’aller vers ces clubs.
Oui, mais avec un effectif qualitatif, les objectifs viendront…
C’est le serpent qui se mord la queue. On a cet attrait de permettre à des joueurs d’évoluer en Top 14. Qu’ils soient sur des feuilles de matches alors que dans d’autres clubs, ils n’auraient pas eu cette chance. Si on pouvait concilier ces deux choses, ce serait très bien. Il nous faut donc un budget plus conséquent.
Un seul joker coupe du monde
A priori, Giorgi Tetrashvili et Paula NGauamo devraient être les deux seuls Agenais à disputer la coupe de monde au Japon en septembre. Deux absences à combler en première ligne.
Si le SUA est actuellement à la recherche d’un joker pour le pilier géorgien, il pourrait se tourner vers la piste d’un espoir à très fort potentiel pour le Tongien. Des contacts avec un jeune joueur ciblé ont été établis.