Etes-vous soulagé de retrouver les terrains dans le money-time, alors que votre fracture du pied face à Perpignan (récidive à sa reprise après deux mois d’absence) aurait pu vous rendre indisponible jusqu’à la fin de saison ?
Benjamin Fall : Ça fait plaisir. Tout le monde avait annoncé ma fin de saison… Mais moi je savais qu’en termes de délais, on avait vu avec le docteur et les kinés que ma reprise se ferait pour le match du Stade Français. On s’était fixés cette date, car on était un peu dans le vague au niveau de ma blessure. Nous avons pris le temps pour bien la soigner, car elle était très embêtante. Nous sommes aujourd’hui dans les objectifs fixés donc c’est positif.
Mentalement, cette blessure qui vous a longtemps laissé dans l’incertitude, n’a-t-elle pas été plus difficile à supporter que les autres ?
B.F. : Oui, il y a eu un peu de doute, notamment sur les mois de janvier et février, car on était un peu dans l’urgence vu qu’il y avait le tournoi des six nations et que je pense que c’était les derniers tickets à prendre pour le mondial. Malheureusement, je n’ai pas pu m’illustrer pendant ce tournoi. On a quand même tenté le coup (de reprendre face à l’Usap mi-février), même si je savais qu’une blessure au pied faisait très mal. On est tout le temps en train de courir “dessus”. Et la sensation est d’avoir un clou ou un poignard en permanence dans le pied dès que tu le poses. Il fallait donc s’arrêter, le soigner, même si la période ne tombait pas bien. Je l’ai déjà vécu, il faut rebondir, rester solide mentalement et ne pas abdiquer.
Aujourd’hui avec le recul, pensez-vous avoir repris trop tôt face à Perpignan ?
B.F. : Non je n’ai pas de regret car il fallait tenter le tout pour le tout. Mais quand le corps dit stop, il faut l’écouter au bout d’un moment. On sait quand on peut jouer avec une blessure pas trop handicapante. Mais là en l’occurrence, face à Perpignan, je n’étais vraiment pas à 100% et cela s’est vu au bout de cinquante minutes. Je n’arrivais plus à poser le pied. J’ai fait ce que j’ai pu.
Avez-vous fait une croix sur les Bleus pour le mondial ?
B.F. : Ce n’est pas une liste définitive (il n’est pas dans la lise des 65 présélectionnés), donc tant que ce n’est pas définitif, on garde quand même espoir. Après, ma blessure a eu ses avantages et ses inconvénients. L’avantage est que j’ai pu me reposer pendant mon absence et on sait que sur les saisons qui précèdent une coupe du monde, les organismes sont mis à rude épreuve… Cette petite fraîcheur peut être un plus. Et le “moins”, c’est que j’ai peut-être moins de rythme, que je suis moins en vue et que les autres s’illustrent peut-être aussi.
Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
B.F. : Je reviens dans le groupe très content, avec de l’envie et motivé, vu que la saison se profile dans le bon sens. On a notre destin en main sur ce dernier match à Clermont. Nous allons donc essayer de continuer cette aventure.
Combien d’occasions avez-vous encore pour vous illustrer ? Une, deux, trois…
B.F. : (Sourire, NDLR). Si on va au bout (en finale du Top14), quatre. Après, il y aura aussi les choix du coach qui entreront en compte, car l’équipe tourne bien en ce moment et que les mecs font de superbes choses depuis trois mois. Si je peux être impliqué, ça sera avec grand plaisir que j’essaierais d’apporter un petit plus à ce qu’il y a de fait. Mais déjà, il y a un gros match à disputer samedi, que tout le monde regardera. Et ce sera une occasion de s’illustrer, sans forcément jouer la carte individuelle.
Remontons au soir de l’humiliation face à l’Usap (10-28). Le MHR est alors 9ème, à neuf longueurs du sixième. A cet instant, croyiez-vous toujours à la qualification ?
B.F. : Je suis d’un tempérament à ne jamais abandonner et je me disais que toutes les équipes traversent des passes très difficiles au travers des saisons. Là, en l’occurrence, on en a vécu une tendue. Le groupe a réussi à la surmonter et dès fois, il faut tout simplement que ça pète pour se dire les choses et repartir de plus belle. C’est rare quand c’est tout beau tout rose. Si on regarde les équipes sur les cinq ou six dernières années, toutes les grosses écuries ont eu à certains moments des gros passages à vide. Mais le plus important est de bien les traiter.
Pensez-vous que cela vous a aidé à retrouver votre cohésion de groupe ?
B.F. : Je pense. C’est primordial de retrouver cet état d’esprit après ce qu’on s’est dit. Sinon, on aurait dit : “c’est bon on arrête la saison après ce match de Perpignan et on reprendra l’année prochaine.” Sauf, qu’avec le “matos” et les joueurs qu’il y a ici, je pense que le président, le coach et certains joueurs auraient dit non ! Nous sommes tous des compétiteurs, on traverse tous des périodes difficiles et il faut savoir l’accepter. En tirer des enseignements pour rebondir et construire le futur.
Montpellier reste sur huit succès lors des neuf derniers matchs. Après avoir disputé autant de rencontres sous haute tension, il ne faudrait pas relâcher un peu la pression au pire des moments…
B.F. : Il ne faut pas la relâcher du tout ! Si on peut aller au bout… Bon, il y a encore de la route lorsqu’on voit les qualités des meilleures équipes cette saison. En termes de production de jeu, on en est loin. Mais sur des phases finales, on sait que le jeu ne prend pas forcément le dessus. C’est plus la stratégie et la pression imposées sur l’adversaire qui te font gagner. Et aussi par moment, des coups d’éclat d’individualités. On va s’envoyer car on sait qu’on revient de loin et que nous avons peut-être quelque chose à faire et à concrétiser après cette saison, pas “pourrie”, mais en dents de scie. Quand on regarde les champions des trois ou quatre dernières années, il n’y a pas forcément les équipes qui dominaient le Top14. Il faut démarrer le sprint final à un certain moment, le maintenir et être fort.
Si vous étiez coach de Clermont, vous alignerez votre équipe type samedi ?
B.F. : Oui, forcément ! Ils auront une semaine de repos entre notre match et la demi-finale. Je pense aussi que les mecs vont vouloir se rassurer samedi et c’est également leur dernière rencontre à domicile. S’ils vont en finale, il reste quatre matchs à jouer et je pense que l’équipe type peut rester durant ce temps. En général c’est ce que les coachs font… Mais de toute façon, nous sommes prévenus : même si c’est l’équipe “B” de Clermont face à nous, ça reste du lourd !