Lors d’un long entretien accordé au Midi Olympique de ce lundi, l’arrière Djilbril Camara qui fait désormais le bonheur de l’Aviron Bayonnais a accepté de se livrer sur son licenciement du Stade-Français Paris.
Dans un premier temps, l’ancien joueur de Paris explique avoir été licencié une semaine avant la fin des mutations. Extrait:
“Je vous rappelle que j’ai été licencié une semaine avant la fin des mutations. Autant dire que les clubs avaient déjà leur effectif bouclé. Si on avait voulu me flinguer, on ne pouvait pas mieux s’y prendre. Surtout, avec mon avocat, nous avons d’abord essayé de dialoguer. Seulement, j’ai eu affaire à des sourds et muets. Malgré plusieurs relances, nous n’avons eu aucune réponse de la part des dirigeants.”
Il explique comment s’est déroulé son licenciement. Extrait:
“Le lundi suivant le dernier match de la saison contre Pau (le 27 mai), une réunion était organisée au club pour nous donner les programmes de reprise. Tout le monde était là. Je suis passé dans les bureaux saluer les dirigeants, notamment Fabrice Landreau, les gens de l’administratif. Pour certains, je les connais depuis presque toujours. C’est ma famille. Bref, on se souhaite tous de bonnes vacances et je rentre chez moi. Or, quelques heures plus tard, je reçois un appel de Fabrice Landreau pour me demander de revenir au club pour signer un document. Et il me dit que c’est urgent. Je pensais que c’était parce que je n’avais pas signé les documents pour les vacances.”
Lorsqu’il comprend qu’il est convoqué pour un licenciement, il refuse de signer les documents. Extrait:
“Fabrice Landreau m’a reçu avec Jean Romain Sintes en charge des ressources humaines. Ils m’ont alors remis une lettre en me demandant de la signer. Au début, je n’ai même pas pensé à lire le document, je voulais qu’ils me disent ce que c’était. J’étais à mille lieues d’imaginer que c’était une lettre de convocation préalable à une rupture de contrat anticipée. Et quand j’ai lu le document, je n’en suis pas revenu. Je ne savais plus quoi faire. J’ai donc refusé de signer le papier et j’ai appelé mon agent pour prendre conseil.”
Selon lui, les dirigeants du Stade-Français Paris lui ont délivré plusieurs avertissements tout au long de la saison pour des raisons totalement futiles, afin justement de se constituer un dossier dans l’optique d’un licenciement en fin de saison. Extrait:
“La direction du club, voulant se constituer un dossier, avait cru opportun de m’adresser deux avertissements en cours de saison pour des motifs futiles. Le premier à cause d’une prétendue altercation verbale avec Heyneke Meyer sur le terrain. Il m’avait annoncé que je serai titulaire sur un match, or il ne m’avait finalement pas mis dans le groupe. Je n’avais pas accepté son choix et lui avais dit, de façon polie et courtoise. Dans la foulée, le préparateur physique voulait que je fasse une séance de physique or j’ai été contraint de refuser car je devais effectuer des soins au club à la demande du staff médical.”
Djibril Camara explique qu’Heyneke Meyer ne le voulait vraiment plus dans son effectif. Il lui a même proposé de rejoindre Toulon en octobre 2018. Extrait:
“Heyneke Meyer ? Je lui ai toujours dit ce que je pensais, avec mes mots, mais je ne lui ai jamais manqué de respect. À plusieurs reprises, il m’a dit qu’il ne comptait pas sur moi, que je n’étais pas un arrière à ses yeux car mon jeu au pied n’était pas bon et que j’étais quatrième ou cinquième dans la hiérarchie des ailiers. À cette époque, le club a même proposé de me laisser partir à Toulon, c’était au mois d’octobre 2018.”
Le nouveau joueur de Bayonne dévoile ensuite la raison utilisée par les dirigeants Parisiens pour justifier la fameuse faute grave. Extrait:
“Le club me reproche d’être arrivé dans un prétendu état d’ébriété avancé lors d’une « garden-party » organisée par le club pour les sponsors, où l’alcool coulait pourtant comme d’habitude à flots, et ce, quatre jours avant le dernier match de la saison. Et que, au cours de cette soirée, j’aurais été injurieux envers le club auprès d’un des sponsors. Mais c’est complètement faux. Surtout, que dans les faits qui me sont imputés, le club précise que j’étais accompagné durant cette soirée par un de mes partenaires chez qui j’avais passé la fin d’après midi. Bizarrement, ce joueur-là n’a pas été ni convoqué, ni licencié alors que nous avions la même attitude ! Où est donc la cohérence dans l’action du club ? Le club me reproche aussi d’avoir eu une altercation physique avec ce même joueur au soir du dernier match. C’est complètement dingue d’aller inventer un prétexte pareil. Ce joueur, c’est un de mes meilleurs potes. Lui-même a dit aux dirigeants que c’était faux.”
Djibril Camara n’est pas dupe. Il explique pourquoi le Stade-Français a décidé de se séparer de lui ainsi. Extrait:
“Pour être très clair, le club avait besoin de libérer de la masse salariale à cause du salary cap. Si on s’était mis d’accord pour que je parte, comme cela se pratique depuis des années au sein des clubs de rugby, le club m’aurait versé des indemnités en rapport avec mes années de contrat restantes. Or suite à une récente modification des règlements par la Ligue nationale de rugby, cela aurait été intégré dans le salary cap. Et ça, n’arrangeait aucunement le Stade français. C’est pourquoi ils ont prétexté la faute grave. Ainsi, ce n’est qu’à l’issue du procès qu’ils réintégreront le montant dans le salary cap. Je réclame donc le versement de mes trois années de contrat. Pour moi, le préjudice est énorme et pas seulement financièrement. Moralement, ça a été très difficile. Ils ont cherché à m’humilier au moment où j’essayais d’avoir la garde de mon fils. Autant vous dire qu’en étant maintenant loin de Paris, c’est un peu plus compliqué. Je suis vraiment dégoûté et abattu.”
Pour conclure, Djibril Camara explique avoir rapidement été approché par plusieurs clubs du Top 14 avant de s’engager avec Bayonne. Extrait:
“Plusieurs clubs se sont intéressés à moi dans un laps de temps très court estimant pouvoir réaliser une bonne opération. J’ai eu des discussions avec Toulon et La Rochelle par exemple. Mais je me devais de choisir la bonne option pour moi sur le plan sportif en choisissant un challenge à relever mais aussi pour ma famille.”