Après la réduction de la sanction prononcée par la commission d’appel de la Fédération française de rugby concernant le dépassement de salary cap du Montpellier Hérault Rugby, la Ligue nationale de rugby s’était fendue jeudi d’un communiqué, en s’étonnant de la décision. Ce vendredi soir, la FFR contre-attaque de la même façon. Et s’étonne à son tour de cette “grave remise en question”.
La guerre est donc déclarée. Les mois de relative paix entre les deux institutions que sont la Ligue nationale de rugby et la Fédération française de rugby sont peut-être derrière le rugby hexagonal. Jeudi, après que la commission d’appel de la FFR a réduit l’amende infligée au club de Montpellier de 400.000 à 120.000 euros, pour manquement à la communication concernant le salary cap et non plus pour son dépassement, la LNR s’était étonné de la décision et la déplorait par la même occasion.
Ce vendredi soir, la Fédération contre-attaque. Dans un communiqué, elle souhaite tout d’abord rappeler la constitution de la commission d’appel qui vient de statuer: “La FFR souhaite rappeler que les organes disciplinaires ont une compétence souveraine pour prononcer des sanctions à raison de faits contraires aux règles posées par les statuts et règlements de la ligue professionnelle. Elle souhaite rappeler, également, que les membres des organes disciplinaires, sont désignés par les instances de la FFR et de la LNR, notamment, en raison de leur compétence d’ordre juridique et/ou en matière d’éthique et de déontologie sportives et/ou de leur connaissance du rugby. Ces membres sont des juristes eux aussi éminents et dotés d’une compétence qui ne saurait faire débat. Ils se prononcent en totale indépendance et en parfaite connaissance des règles de droit”.
La missive de la Ligue n’a visiblement pas plu du côté de Marcoussis. Car si côté fédéral, on insiste dans le communiqué pour préciser qu’un nombre “paritaire” de membres désignés par la FFR, et de membres désignés sur proposition de la LNR, est convoqué pour statuer sur un dossier professionnel. Il est souligné aussi que la FFR “a validé toutes les récentes évolutions proposées par la LNR tendant à mettre en oeuvre son nouveau Règlement Salary Cap” et qu’elle est “donc parfaitement en phase avec les grands principes de transparence et d’équité”. En outre, la suite est plus menaçante et les mots plus graves.
“La FFR s’étonne, par conséquent, de la grave remise en cause d’une décision souveraine que constitue cette déclaration. Elle s’étonne d’autant plus que la LNR concède ne pas connaître les «attendus» de la décision et indique qu’elle pourra appeler dans un premier temps une conciliation du CNOSF, si tant est qu’elle justifie d’un intérêt lui donnant qualité pour agir à cet effet dans un dossier individuel”.
Pour la Fédération française de rugby, la Ligue, qui est en quelque sorte l’émanation professionnelle de la FFR, ce dont le président Bernard Laporte a souvent souligné au début de son mandat, ne serait pas légitime pour intenter une telle action.
Elle montrer les dents sur la fin du communiqué: “La LNR ne saurait en toute hypothèse remettre en cause la qualité des membres siégeant et la légitimité de leurs décisions indépendantes. En conséquence et ne pouvant accepter que les commissions régaliennes soient mises «sous pression» médiatique, la FFR va saisir le Comité d’éthique et de déontologie du rugby français afin d’appeler la vigilance de toutes les instances du rugby et que nos instances soient pleinement respectées”.
Ce comité peut formuler un avis et proposer, le cas échéant, l’ouverture d’une procédure disciplinaire. Alors que le rugby français prônait l’unité il y a peu au moment de la présentation du nouveau staff du sélectionneur Fabien Galthié (et que les deux entités, LNR et FFR, cherche un accord pour la mise à disposition des internationaux), il replonge donc ici dans ses querelles. Et ce, à moins d’un an des élections pour la présidence de la Fédération française de rugby.