Le troisième ligne centre du LOU Rugby, Mathieu Bastareaud s’est longuement confié dans les colonnes du journal L’équipe de ce dimanche pour rebondir sur l’actualité autour du racisme suite à la mort de George Floyd, aux USA.
L’occasion pour Mathieu Bastareaud d’évoquer son enfance et son rapport avec la police lorsqu’il résidait en cité.
Il n’appréciait pas la trop grande présence de la police et la fréquence des contrôles alors qu’il allait simplement jouer au football avec ses amis. Extrait:
“J’habitais une cité et il suffisait d’en sortir pour se faire contrôler. Nous allions jouer au foot au stade municipal avec des copains et il fallait traverser le quartier pavillonnaire pour y arriver. Tu pouvais être sûr qu’au moins une fois à l’aller ou au retour on se ferait contrôler par la police et que l’on nous demanderait où est-ce qu’on allait. Avec un ballon de foot sous le bras ! Et même une fois sur le terrain, on voyait la voiture tourner…”
Selon lui, certains policiers faisaient du zèle et multipliaient les contrôles dans le but de faire monter la tension. Extrait:
“Cela met en colère parce qu’on n’allait pas caillasser des abribus, mais on traversait la ville pour aller jouer au foot entre copains. Et à cet âge-là, c’est incompréhensible. Et puis, il y a aussi les provocations. Certains (policiers) passaient sans nous regarder, mais d’autres faisaient clairement du zèle : on subissait un premier contrôle et puis, deux cents mètres plus loin, rebelote en t’expliquant ne pas l’avoir bien fait la première fois. Fatalement, ça faisait monter la tension, et c’était le but. Parce qu’on est aussi humains. Or, il suffisait qu’on dise un mot de travers, par exaspération, et là on se faisait embarquer. Malheureusement, parfois, le phénomène s’inverse aussi. La voiture fait sa ronde, un jeune va balancer une pierre et tout va s’embraser. Eh bien ça, c’est le quotidien des cités : un petit jeu malsain qui s’est instauré au fil des années, sauf qu’aujourd’hui cela conduit à des morts ou des accidents graves.”
Pour conclure, Mathieu Bastareaud se dit furieux contre les bavures policières. Extrait:
“C’est injustifiable et ça me rend dingue ! Prenons l’actualité récente, qu’elle soit française ou américaine : il y a des bavures policières prouvées, filmées, avérées, mais on entend des gens sur les plateaux télé venir brandir le casier judiciaire des victimes ! Mais ce n’est pas ça le débat ! Ce n’est pas ça la justice ! Si un gars a fait une connerie, très bien, il a fait de la prison, donc il a payé pour ses erreurs. Mais avoir un casier judiciaire devrait justifier les brutalités qui ont conduit à sa mort ? Mais c’est fou de penser ça ! Et le pire, c’est que des gens finissent par en être convaincus.”