Le président de la Ligue Nationale de Rugby, Paul Goze participera à une réunion avec World Rugby, ce lundi 15 juin à Dublin pour évoquer la refonte des calendriers.
Le patron des clubs du Top 14 et de Pro D2 est favorable à une évolution du calendrier mais en aucun cas à une révolution.
Interrogé par l’AFP, Paul Goze a fait le point sur la situation. Extrait:
“Nous souhaitons proposer un calendrier favorable à tous les rugbys, dans un esprit constructif. Ils font le même constat que nous face à quelque chose destructeur de valeurs pour le rugby professionnel français. C’est pour cette raison que notre démarche est une proposition progressiste, tout en étant relativement proche de ce qu’il se faisait et qui répond aux demandes du Sud sans pénaliser le Nord.”
Paul Goze détaille sa proposition. Extrait:
“Elle fait démarrer le championnat début septembre jusqu’en octobre. A partir de là, on ajoute une date en novembre pour les équipes nationales, pour la Coupe des Nations puisque c’est au mois de novembre qu’auraient lieu les trois derniers matches de la compétition et la finale. Donc quatre week-ends. Ensuite, on reprend le championnat ou la Coupe d’Europe. En février-mars, vient le Tournoi des six nations, sur six semaines au lieu de sept. On reprend après championnat et Coupes d’Europe jusqu’à la fin de la saison, à peu près fin juin. On fait les matches de la Coupe des Nations dans le Sud au mois de juillet. C’est inspiré de la saison actuelle. Ce sont des évolutions, pas une révolution.
Le Mondial des clubs aurait lieu tous les quatre ans, dès avril 2022, s’il y a un consensus. En gros, à la place des phases finales des Coupes d’Europe. Il y aurait cinq dates regroupées pour le Mondial des clubs. Avec huit clubs du Nord, huit du Sud. La formule peut être travaillée mais ce qui est important, c’est la place qui lui est accordée dans ce calendrier.”
Une chose est sûre : Paul Goze souhaite que le Top 14 puisse se jouer de septembre à juin, afin que les partenaires, les diffuseurs et les spectateurs soient satisfaits. Extrait:
“Ce qui est important, c’est la durée de la saison, qui dure de septembre à juin. Pour les partenaires, les spectateurs, les diffuseurs…, il faut que ce soit un feuilleton qui dure sur dix mois, pas quelque chose de réduit à peau de chagrin sur six mois. Il y aurait une perte de valeur et donc une perte financière très importante, qui n’est pas négociable pour nous. Avec notre proposition, on coche toutes les cases demandées par les nations du Sud et World Rugby tout en restant équilibré pour le Nord. Il n’y a pas de raison de faire une saison qui satisfasse les uns mais sacrifie les autres.”
Aussi, Paul Goze indique être totalement contre l’idée de débuter le Top 14 au mois de janvier. Extrait:
“Je voudrais savoir ce que ça amène. Rien. Que des difficultés et que des problèmes. Si on commence en janvier, on joue tout l’été, donc avec des problèmes niveau billetterie, télévision, partenaires et santé des joueurs: nos internationaux ne joueraient pas moins avec ce calendrier chamboulé, leurs déplacements seraient en revanche plus fréquents d’un hémisphère à l’autre. Un décalage des calendriers de Top 14 et de Pro D2 mettrait en péril le lien entre amateurs et professionnels, qui joueraient alors sur deux périodes différentes. On se retrouverait aussi face aux grands événements sportifs mondiaux.”
Dans les colonnes du journal L’équipe, Paul Goze a expliqué être contre la suppression de la Coupe d’Europe. Extrait:
“La Coupe d’Europe existe depuis 25 ans, elle rapporte un certain nombre de produits à nos clubs, mais elle n’est pas parfaite. D’où l’envie de monter ce Mondial des clubs tous les quatre ans, avec une première édition en 2022 si cela fait consensus. Et, si ce format de compétition devient la panacée, on s’adaptera. Je me souviens que quand nous avons créé la Coupe d’Europe, certains disaient qu’on pouvait désormais se passer du Championnat. Vingt ans plus tard, on s’aperçoit que le Top 14 est toujours le produit le plus attractif pour les partenaires, le public et les médias. La Coupe d’Europe est très bien, mais elle ne permet pas de répondre à toutes les attentes des supporters. Vous savez, Perpignan – Castres, ce sera toujours mieux dans l’esprit des gens que Castres-Sydney. Le Championnat représente 120 ans d’histoire et des rivalités ancestrales. Tout cela ne peut pas être balayé au profit de compétitions dont on peut imaginer que, peut-être, un jour… Nous sommes pragmatiques : notre calendrier se base sur des Championnats forts, une Coupe d’Europe solide et une amélioration avec cette Coupe du monde des clubs.”
Lorsque le journaliste lui demande s’il a présenté son projet au président de la Fédération Française de Rugby Bernard Laporte, Paul Goze répond. Extrait:
“Bernard Laporte a, je pense, bien conscience que les clubs ne peuvent pas se contenter d’entériner en souriant un projet qui nous fait perdre une grosse partie de la valeur de notre Championnat. On parle ici de 120 à 150 millions d’euros de pertes en valorisation sponsoring, hospitalités et droits télé. Donc je pense qu’il a compris mon message. Il me semble que ce projet cochait toutes les cases. Le Sud obtient ce qu’il veut et ne perd rien, mais on ne dévalorise pas le Nord pour autant. C’est un compromis qui me paraît raisonnable.”