Il indique qu’il est l’heure pour lui de présenter ses excuses publiques suite à ces messages racistes publiés il y a près de 10 ans désormais. Extrait:
“J’imagine qu’il y a énormément de personnes qui se sont senties offensées, blessées, et j’aimerais leur demander pardon. C’est vraiment une mauvaise utilisation des réseaux sociaux avec mes amis du lycée. C’était certainement une très mauvaise blague sur le moment. J’aimerais simplement demander pardon. Je veux juste qu’ils sachent que je ne pense aucun de ces mots, qu’ils ne représentent en rien mes valeurs. Il y a 9 ans, Twitter était un moyen de s’envoyer des messages entre amis, de se raconter des blagues. Et parmi les nombreux messages que nous nous envoyions, on faisait aussi des blagues de mauvais goût. Donc je ne suis vraiment pas fier et même plutôt honteux de ce que j’ai écrit à l’époque.”
Il avoue avoir eu honte au moment de relire ces messages. Extrait:
“J’ai eu honte. Je ne pouvais pas imaginer les avoir écrits. Quand ils sont revenus à la surface, je suis allé regarder tout ce que j’avais écrit, et même ceux qui n’avaient aucune connotation m’ont fait honte. J’ai vu à quel point j’étais immature. Mais aussi je me suis aperçu à quel point j’avais mûri depuis, comment j’avais changé, ce que j’étais devenu. J’avais laissé tout cela derrière moi et j’ai pu apprécier le chemin que j’avais parcouru depuis cette époque.”
Il regrette d’avoir embarqué sa famille dans cette affaire. Extrait:
“Personne ne savait que ces tweets existaient et pour ma famille ça a été quelque chose de très violent. Ma mère a reçu beaucoup de messages, ma femme aussi sur les réseaux sociaux avec des photos de mon fils. Ils ont reçu beaucoup de messages malveillants qu’ils ne méritaient pas de recevoir. C’est ce qui m’a fait le plus souffrir, les avoir impliqué involontairement dans cette situation si horrible.”
Le joueur des Pumas l’affirme : en 2011, il était un garçon encore très immature et rebelle. Il évoque son enfance difficile. Extrait:
“En 2011, j’étais un garçon immature, assez rebelle. Je n’ai pas été un enfant facile à élever pour ma mère. Certains mettent plus de temps à mûrir ou trébuchent un peu plus sur le chemin. J’ai eu une enfance un peu compliquée avec le décès de mon père. Et je me suis retrouvé avec pas mal de libertés très jeune. Je sais que j’ai commis une erreur, je sais que je vais en commettre encore dans ma vie. Mais je n’accepterai pas de commettre deux fois la même. Aujourd’hui je n’ai plus qu’à demander pardon et à avancer. Ce sport n’a rien à voir avec ce genre de tweets. Je sais que certains vont avoir du mal à accepter mes excuses et je vais devoir vivre avec ça.”
Alors pourquoi prend-il la parole en ce mois de décembre ? Car tout est parti dans tous les sens selon lui. Extrait:
“Tout est parti un peu dans tous les sens. Il est primordial que les gens entendent ma version des faits, et de présenter, plus que tout, des excuses. Je sais que de nombreuses personnes ont pu se sentir offensées, blessées.”
Il rappelle qu’en Argentine, les mots “negro” et “negrita” n’ont pas les mêmes significations qu’en France. Extrait:
“Nous étions un groupe d’amis au lycée à découvrir Twitter, à s’échanger des tweets tous les jours pour se chambrer, faire des blagues, les mêmes qu’on pouvait entendre de la part de personnes très célèbres à la télévision argentine. Moi, étant jeune, je pensais que c’était divertissant de parler de cette façon. On n’a pas conscience de la mauvaise manière dont on s’exprime en raison de notre culture, sachant que très peu d’Argentins ont des origines africaines. D’ailleurs, si vous allez voir un match de football, un sport qui a une influence considérable dans notre pays, vous entendrez les mêmes propos durant 90 minutes. Entre les équipes, dans le contenu des chants… Je ne cherche pas d’excuses, ce que j’ai écrit il y a plusieurs années est mal, je me sens honteux, mais des mots n’ont pas le même sens qu’en France. Comme celui de « negro » par exemple. On l’utilise pour parler de tout le monde, d’amis dont certains ont ce surnom. Ça n’a rien à voir avec du racisme. J’ai eu la chance grâce au rugby de vivre en Angleterre, dans le monde entier, et maintenant en France. En aucune manière, je partage des idées discriminatoires ou racistes. Je me suis rendu compte que si des mots pouvaient être affectueux en Argentine, comme le fait d’appeler sa femme negrita ou un ami el negro, ils peuvent blesser ailleurs.”
Il n’accepte pas que cette affaire touche sa famille et précise que sa femme ainsi que sa mère ont reçu de nombreux messages malveillants. Extrait:
“Ils sont encore très touchés par la situation. Je comprends qu’on me critique beaucoup, je l’accepte. Mais que ça atteigne ma famille qui a reçu des menaces, mes amis, ma mère, mon fils… C’est ce qui me fait mal aujourd’hui. Je présente une nouvelle fois mes excuses, et je veux que tout le monde se rende compte que ce qu’on a pu lire ne correspond pas à mes idées. J’ai joué dans beaucoup d’équipes, avec la sélection, personne ne peut dire que j’ai discriminé telle ou telle personne. Et ça, c’est plus important que des tweets qui datent de plusieurs années.”
Une fois de retour au Stade-Français Paris, Pablo Matera a indiqué avoir pris la parole dans le vestiaire Parisien. Extrait:
“La première chose que j’ai demandée à Gonzalo Quesada, c’est que le lundi, à la première heure, on réunisse toute l’équipe pour me donner l’opportunité de livrer ma version, ma vérité et de présenter des excuses. Tout le monde a bien réagi, pas seulement les joueurs, mais aussi le staff, les kinés… Je remercie beaucoup Gonzalo pour cela. Evidemment, je comprends que ça n’affecte pas les personnes de la même manière quand on lit ces tweets. Alors, j’ai dit à mes coéquipiers que j’étais ouvert à la discussion, prêt à parler autour d’un café pour approfondir le sujet et j’ai eu de beaux échanges. Sincères. Ça m’a donné du baume au cœur. Je suis heureux qu’ils sachent qui je suis.”
Il concède avoir eu des difficultés à commencer son discours tant cette affaire l’a touché. Extrait:
“Même s’il est grand, le vestiaire était bondé. Je sentais une boule de feu dans l’estomac, j’avais du mal à respirer. Ça me brûlait à l’intérieur. Mais il fallait que ça sorte. Je me suis expliqué en anglais devant tout le monde, et sans protocole, avec le plus de sincérité possible. Gonzalo traduisait, notre capitaine Paul Alo-Emile aussi. Ce que j’ai perçu, c’est que chacun était heurté d’une façon différente par ce que j’avais écrit. Certains ont pris la parole pour exprimer leurs sentiments, ce qui a été très positif. Je pensais que ce serait difficile pour eux de m’écouter, de m’entendre, mais ça n’a pas été le cas. J’ai pu aussi discuter en tête-à-tête avec certains de mes coéquipiers.”
Pour conclure, Pablo Matera affirme espérer pouvoir rester le capitaine des Pumas. Extrait:
“Capitaine, je le suis devenu en me construisant, ce n’est pas quelque chose qui m’a été donné à la naissance… Convaincre les autres personnes que je peux rester le capitaine des Pumas sera, je le sais, un long chemin qui commence par présenter des excuses et se poursuivra par des échanges et aussi des actes. Il me faudra être disponible pour tous ceux qui voudront me parler pour évoquer ce sujet. Je suis déterminé à m’ouvrir à la discussion et je sais que ça ne se réglera pas en quelques jours.”