Il explique précisément ce qui l’a poussé à tirer un trait sur les Bleus. Extrait:
“Ma décision a commencé à murir à la fin de la Coupe du monde. Quand je suis parti à la Coupe du monde, mon fils avait 2 ans et ma fille avait 4 mois. Quand je suis rentré, ma fille avait 8 mois. En rentrant, je me suis dit que sur la vie de ma fille, j’en avais loupé la moitié. Elle avait 8 mois et j’en avais loupé 4. Cela m’a mis un petit coup. Et la deuxième question que je me suis posée, c’est de savoir si j’étais prêt à refaire quatre ans comme ça à partir, revenir, le club, être là entre 10 et 15 matches… Est-ce que je suis prêt à m’engager à 100% dans le projet France ?
J’avais un doute. Donc j’ai voulu laisser passer le Tournoi. Mais au Tournoi, je sentais que je n’étais pas à 100% et pas à fond. C’est pendant le Tournoi que j’ai pris la décision d’arrêter. J’ai annoncé aux coaches à Bordeaux que je voulais arrêter car je n’étais pas à 100% dans le projet et je ne voulais mentir à personne. Il y avait l’aspect familial, l’aspect club et l’aspect après-carrière, ma reconversion professionnelle. J’ai repris des études dans l’immobilier, j’ai racheté une société et ça m’a permis de faire énormément de choses que je n’avais pas le temps de faire car je n’étais pas là pendant 5 mois de l’année. C’est un peu le mélange de tout cela qui a fait que.”
Une chose est sûre : ce n’est en aucun cas un désamour de l’équipe de France. Extrait:
“Mais ce n’est pas un désamour de l’équipe de France car je me suis toujours arraché pour ce maillot, j’adore toujours ce maillot, j’ai toujours la même émotion quand je les vois gagner. Tout cela n’a pas changé. Par contre, quand on n’y va pas à 100%, il ne faut pas y aller car il y a des millions de Français derrière l’équipe de France. Si c’est pour mentir à des millions de Français, ce n’est pas la peine. Sur le plan sportif, je n’avais pas de doute. Mais sur le plan de ma motivation personnelle, j’avais des doutes.”
Pour conclure, Jefferson Poirot laisse entendre que le contexte difficile de l’équipe de France à cette période-là a peut-être aussi pesé. Extrait:
“Il y a aussi le contexte. Peut-être que si j’avais fait 4 ans de dingue, j’aurais été porté par le truc et je n’aurais pas été usé. Mais le contexte est celui-là et je ne peux pas le changer. J’étais arrivé à ce point-là. C’est pour cela que c’est difficile pour moi de me projeter. Même du côté de mes proches on m’a dit que ce n’était pas possible. Mais le contexte est ce qu’il est. C’est ce que je ressentais et c’est ce que je pense être bon pour moi et ma famille, mais aussi pour demain. Je n’étais pas du tout sûr de pouvoir continuer le rugby au-delà de 2023 au niveau mental. Là j’ai retrouvé un équilibre qui me permet de remettre le rugby à un endroit où il doit l’être. Je pense que je joue différemment dans mon jeu car j’ai retrouvé la passion.”