En effet, une société Girondine souhaite louer le nom du Stade Chaban-Delmas pour plusieurs saisons. Forcément, le patron de l’UBB y voit là un énorme opération financière puisque plusieurs millions d’euros entreraient alors dans les caisses du club.
Problème : le maire de la ville, Pierre Hurmic n’est pas emballé par ce projet et n’a pas donné l’accord au président de l’UBB. Extrait:
“Quand Laurent Marti m’a posé la question, j’ai fait état de manière très spontanée de mes réserves par rapport à ces opérations de naming. La discussion reste toutefois ouverte. Donc le débat est ouvert, moi j’ai mes idées mais je suis tout à fait prêt à échanger avec Laurent Marti d’autant plus qu’en tant que maire de Bordeaux, j’ai parfaitement conscience de ce que nous apporte l’UBB, ce qu’est l’engagement dans tous les sens du terme de Laurent Marti, et sur le fait qu’il a besoin en ce moment de nouvelles sources de financement. On s’est déjà pas mal engagé dans la rénovation du stade Chaban, on a quatre millions d’euros de prévus dans le cadre de notre programme pluriannuel d’investissement.”
Pierre Hurmic indique que de nombreuses personnes lui demandent d’accepter ce projet. Mais de nombreux Bordelais lui demandent également de le refuser. Extrait:
“Vous n’imaginez pas le nombre d’apostrophes que je reçois de la part de gens qui sont proches de l’UBB qui me disent que « l’UBB est en difficulté économique, il faut que vous leur accordiez ce naming pour boucler leur budget ». Et puis aussi des réactions de beaucoup, beaucoup de Bordelais, qui me disent « monsieur le maire on compte sur vous pour ne pas brader le nom d’un établissement public », en disant que ces bâtiments publics doivent garder leur autonomie par rapport à la commercialisation à outrance qui est en train d’envahir trop notre société.”
De son côté, Laurent Marti insiste et explique qu’il ne pourra pas sans cesse combler les trous financiers du club, surtout en cette période de crise sanitaire. Extrait:
“Il faut savoir ce qu’on veut. Parce que si on n’a pas cette aide, je pense que cela va devenir très compliqué pour l’avenir financier de l’UBB. Et puis c’est trop facile de me demander toujours de boucher le trou, je le fais depuis de longues années je ne me plains pas, on ne m’a pas obligé à venir. On a besoin d’un coup de pouce parce qu’on sort de cette période Covid. Sans cette période Covid je ne suis pas sûr qu’on aurait réfléchi au « naming ». Là on a une opportunité extraordinaire. Et si on veut continuer à aller au stade Chaban pour voir jouez l’UBB, peut-être qu’il faut qu’il change de nom. Ce naming, ce n’est pas pour dépenser plus mais pour faire en sorte qu’on puisse continuer à évoluer à ce niveau sans pour autant creuser le trou. Et puis chiffres à l’appui, je peux prouver que l’UBB est gérée en bon père de famille et qu’on a une masse salariale très contrôlée, très maîtrisée.”
Enfin, la famille Chaban-Delmas s’est confiée sur le sujet via France 3.
C’est le petit fils, Guillaume, qui a pris la parole et qui explique être contre ce naming.
Selon lui, ce n’est pas la bonne solution pour pérenniser le club Bordelais. Extrait:
“On ne peut que comprendre la volonté du président Marti de trouver des solutions financières pour le club. Le naming à mon esprit ne fait pas partie des solutions. C’est une fausse solution à un vrai problème. On l’a vu dans d’autres clubs, dans d’autres disciplines. Je prends souvent l’exemple du stade Yves-du-Manoir de Montpellier qui a changé de nom tous les trois ans sans que cela apporte particulièrement de stabilité financière au club. Et c’est sans revenir sur les exemples précédents du football avec la MMA-Arena, par exemple. Le naming n’est pas une solution structurelle pour l’avenir d’un club. Ce n’est pas comme cela qu’on doit fonder une stratégie économique et financière sur la durée.”
Il enchaîne. Extrait:
“Le stade évidemment me touche au cœur. Quand je vais au stade, je vais à Chaban. Et je crois qu’aujourd’hui tous les supporters de l’UBB vont à Chaban. Demandez aux supporters des Girondins s’ils adorent aller au Stade Matmut-Atlantique. Je ne suis pas certain qu’ils vous répondent positivement. Après je ne veux pas m’enfermer dans un débat de querelle familiale. Il est clair qu’on n’est pas en train de défendre juste un nom pour un nom. On est aussi en train de défendre un symbole, une ville, un stade, une identité. Et quand les équipes de rugby viennent jouer à Chaban, je peux vous dire qu’ils ont plus peur de venir jouer à Chaban que dans quelconque stade qui s’appelle par le nom d’une banque ou d’un fond d’investissement quelconque.”
L’affaire est donc loin d’être gagnée pour Laurent Marti et l’Union Bordeaux-Bègles.