L’ancien ailier du Stade-Toulousain qui a remporté le Bouclier de Brennus à cinq reprises avec le club de la Ville Rose, David Berty s’est longuement confié dans les colonnes du Midi Olympique de vendredi.
Celui qui comptabilise 6 sélections avec l’équipe de France a appris en 2002 qu’il était atteint d’une sclérose en plaques.
Ce-dernier a expliqué comment sont survenus les premiers symptômes, en 1997. Extrait:
“Les premiers symptômes se sont manifestés en 1997, quand je jouais au Stade toulousain, mais on ne l’a décelée qu’en 2002. Le premier symptôme concret a été comme une névrite optique, j’avais des troubles de la vue. En mars 1997, je passe une IRM et on décèle des taches blanches. On a pensé que j’avais un souci au nerf optique.”
Avant que ne lui soit diagnostiquée la maladie, il pensait ne plus être fait pour le rugby en raison de sa fatigue récurrente. Extrait:
“Dès qu’on augmentait la cadence des entraînements, j’étais très fatigué. J’ai longtemps pensé que c’était de ma faute, que je n’étais pas fait pour le monde professionnel. Je me disais que j’étais un gros fainéant. Je n’avançais plus. Des joueurs, à qui je mettais normalement 20 ou 30 mètres, me rattrapaient. Je n’avais plus de vivacité sur les crochets. À chaque footing, j’avais l’impression d’avoir fait un marathon. Je faisais des fractionnés, j’avais la sensation d’avoir les jambes lourdes. Parfois, je trébuchais car je croyais que j’avais la jambe devant et que je pouvais prendre appui, alors que pas du tout ! En reprenant l’entraînement, je me suis retrouvé dernier des tests physiques.
Je croyais que c’était dans ma nutrition, ma préparation ou mes entraînements que se trouvait le mal. Le rugby entrait dans l’ère professionnelle, les séances s’étaient rallongées. La musculation avait débarqué et pour moi, tout était de ma faute.”
Finalement, c’est à l’issue de sa carrière sportive que David Berty décide de consulter un neurologue et de passer des examens médicaux. Le verdict est alors tombé. Extrait:
“Quand j’ai décidé d’arrêter définitivement ma carrière sportive, mon épouse m’a dit de prendre rendez-vous chez un généraliste extérieur au rugby, quelqu’un qui n’était pas du milieu. J’ai pris rendez-vous avec le premier venu dans l’annuaire. Il m’a conseillé de consulter un neurologue. Nouveau rendez-vous. Après m’avoir écouté, ce dernier m’a prescrit une ponction lombaire. Lorsque j’ai revu la neurologue avec mon épouse, le verdict est tombé : sclérose en plaques. Paradoxalement, sur le coup, j’étais content. J’avais enfin une explication à mon déclin physique au rugby. Ce n’était pas de ma faute. Je n’avais pas triché.”
Il précise avoir vécu une longue descente aux enfers durant quatre ans. Extrait:
“Durant quatre ans, une longue descente aux enfers. Je me suis coupé de tout le monde, je me laissais aller. J’avais des idées morbides, j’avais honte de ce qui m’arrivait. Dans ces cas-là, c’est un cercle vicieux. Cela rejaillit sur votre activité professionnelle, puis après ce sont les ennuis financiers. Une spirale négative sans fin.”
Mais une rencontre avec un journaliste du quotidien L’équipe lui a permis de s’en sortir. Depuis, il ne se sent plus handicapé et n’a plus honte de sa maladie. Extrait:
Aujourd’hui, je ne me sens pas handicapé. Je n’ai plus honte de ma maladie. Au contraire, je suis prêt à en parler.”