La semaine dernière, l’ailier international Fidjien de Grenoble, Timoci Nagusa annonçait sur les réseaux sociaux sa volonté de prendre un mois de congé parental comme le lui permet la loi.
Certains se sont montrés choqués par la décision du puissant joueur Grenoblois, lequel n’a toujours pas disputé le moindre match depuis le début de la saison en raison d’une blessure.
Interrogé dans les colonnes du Midi Olympique, le manager de Montpellier, Philippe Saint-André explique qu’il n’aurait pas pu accepter cela de la part d’un de ses joueurs.
Pour lui, il est impossible qu’un joueur professionnel puisse couper toute pratique sportive pendant un mois. Extrait:
“Je suis peut-être un peu vieille école, mais je vois mal un entraîneur accepter cela, et je vois mal un joueur professionnel le demander. Déjà parce que pour le manager, le joueur s’absente et laisse son équipe dans la difficulté. Côté joueur, il est très difficile d’arrêter pendant un mois complet toute activité.”
Selon lui, il faudra que Timoci Nagusa travaille pendant encore sept semaines pour revenir à la compétition après un arrêt d’un mois. Extrait:
“Il lui faudra pratiquement sept à huit semaines de plus pour se réathlétiser et revenir. Donc en gros, le joueur n’est pas absent qu’un mois mais trois mois. Le joueur peut tout à fait prendre quatre ou cinq jours après l’accouchement pour être auprès de sa femme : c’est ce que nous faisons et c’est ce qui est légal. Mais un mois d’arrêt dans le sport professionnel et encore plus dans le rugby qui est un sport très exigeant, cela me paraît très compliqué.”
Pour conclure, Philippe Saint-André rappelle qu’un joueur professionnel est déjà bien payé pour vivre de sa passion. Extrait:
“Et puis n’oublions pas qu’il est bien payé pour vivre de sa passion, et apporter sa contribution à l’équipe. Jim Nagusa est certainement dans son bon droit, mais bon…”
De son côté, le manager de Perpignan, Patrick Arlettaz pense pareil.
Il l’affirme : il y a certains sacrifices à faire quand on est rugbyman. Extrait:
“Sur le plan légal, je dis pourquoi pas : nous sommes des salariés et j’entends ce que prévoit le droit Français. Rien ne nous empêche donc de profiter de ce genre de dispositif. Mais je ne suis pas forcément très fan du principe. A mes yeux, un club de rugby n’est pas une entreprise comme les autres. Et un rugbyman n’est pas non plus un salarié comme un autre. Il y a une notion d’engagement et de groupe qui est différente, avec des liens qui sont plus forts que dans la plupart des boîtes. Et puis l’on sait, lorsque l’on s’engage dans ce métier, qu’il y aura des sacrifices
à faire sur une courte durée qu’il y a peu de vacances, qu’il y a des déplacements, que ce n’est pas toujours facile de concilier les vies professionnelles et personnelles.”
Aussi, Patrick Arlettaz estime que le rugbyman professionnel a suffisamment de temps libre pour s’occuper de sa famille sans devoir prendre de congés pendant un mois entier. Extrait:
“Mais, objectivement, quand on est joueur, il y a tout de même suffisamment de temps pour aider sa famille au quotidien. Un joueur s’entraîne une douzaine d’heures dans la semaine, environ. Ca lui en laisse beaucoup pour être chez lui, avec ses proches. Ce n’est pas comme les travailleurs qui font les 3 x 8 et sont la plupart du temps absents de leur foyer. Et puis, pour finir, on ne remplace pas un rugbyman comme un salarié d’une entreprise lambda.”