En cette période de crise sanitaire, le rugby peut commencer à trembler.
Le week-end dernier, l’EPCR s’est retrouvé dans l’obligation de reporter tous les matches de la deuxième journée Européenne.
Plus les jours passent, plus le nombre de contaminations augmente ce qui fait craindre le repos de matches en pagaille et le retour des rencontres à huis clos.
Interrogé dans les colonnes du Midi Olympique, le commentateur rugby de France Télévisions, Matthieu Lartot a fait un point sur la situation et a dévoilé ses craintes.
Dans un premier temps, il explique avoir du s’adapter avec Dimitri Yachvili, le week-end dernier, en fonction des décisions prises par l’EPCR. Extrait:
“Nous nous sommes adaptés et nous avons changé notre fusil d’épaule plusieurs fois avant le week-end. Initialement, pour des raisons sanitaires, nous devions commenter avec Dimitri Yachvili le match entre Sale et Clermont depuis Pau, où nous devions retransmettre la rencontre entre la Section et les Saracens en Challenge européen. Pourquoi ? Parce que nous essayons en raison du contexte sanitaire de regrouper nos moyens de production sur un seul site. Et nous devions, en suivant, faire le trajet jusqu’à Toulouse pour commenter le match du Stade contre les Wasps. Seulement. la rencontre entre Pau et les Saracens ayant été annulée, nous avons décidé de délocaliser nos commentaires depuis Toulouse. Et finalement, nous avons commenté le match entre le Munster et Castres depuis une cabine à Paris. Cet enchaînement de décisions et d’adaptations résume un peu la situation qu’on vit depuis deux ou trois ans. au même titre que les clubs, les joueurs, les arbitres. C’est triste mais c’est comme ça.”
Concernant la Champions Cup, il craint pour la suite de la compétition. Extrait:
“Depuis l’apparition de ce virus, les craintes sont toujours présentes. Nous n’avons jamais aucune certitude sur le bon déroulement de la compétition. Aujourd’hui. si des rencontres devaient encore être reportées, nous ne voyons pas comment la compétition pourra aller à son terme. à moins de changer la formule. Pour l’heure, il est envisagé de supprimer le huitième de finale en match aller-retour afin de récupérer une date. Mais quoi faire si une des deux prochaines journées de la phase qualificative de janvier doit être aussi reporter ?”
Pareil pour le Tournoi des Six-Nations : il n’est pas serein. Extrait:
“Mon inquiétude est qu’on se retrouve encore une fois avec des matchs du Tournoi des 6 Nations menacés. Dès ce lundi. l’Irlande a décidé de passer à des stades en jauges réduites. J’imagine qu’en Angleterre, ça va être la même chose. C’est peut-être la prochaine étape en France notamment en Top 14 pour essayer de freiner l’épidémie. Je ne suis pas épidémiologiste, mais tout porte à croire que la situation ne sera pas forcément meilleure au mois de janvier. Malheureusement, il y a donc des raisons d’être inquiet même si la tenue du Tournoi ne me paraît pas menacée. Cette compétition est plus simple à organiser. La Champions Cup c’est 24 équipes qui voyagent, le Tournoi seulement six. Avec des squads qui restent ensemble. Nous avons déjà l’expérience d’un Tournoi des 6 Nations joué sous cloche. Les fédérations sont rodées à l’exercice.”
Dans la foulée, Matthieu Lartot avoue ne pas forcément comprendre tous les choix effectués par l’EPCR. Extrait:
“Toutes les compétitions sportives sont impactées par cette pandémie. La Coupe d’Europe n’y échappe pas. Les organisateurs de cette épreuve avaient à mon sens, fait les bons choix quant au format avec une phase de poule très courte et très vite des matchs de phase finale. C’était excitant. Malheureusement, dès la deuxième journée, tout tombe à l’eau. Et j’ai lu les déclarations de Pierre Yves Revol. On peut effectivement se poser des questions sur les décisions qui ont été prises. Il y a eu des annulations avec matchs perdus, des reports et le match du CO qui s’est joué. Pour nous diffuseur, il est difficile d’expliquer les enjeux de cette compétition. Pour le grand public. c’est illisible. N’aurait-il pas fallu reporter l’intégralité de la journée afin de faciliter la lecture du grand public ? Donc pour répondre à la question, je crois qu’effectivement l’image de la compétition est abîmée. Nous le regrettons.”
Une chose est sûre : il ne souhaite pas que la compétition Européenne soit annulée car ce serait baisser les bras. Extrait:
“L’annuler, ce serait baisser les bras. C’est important que toutes les parties fassent des efforts. Joueurs, entraîneurs, présidents, organisateurs et diffuseurs doivent faire preuve de compréhension. Tout le monde devra faire des concessions pour que la compétition aille à son terme. Maintenant, je me mets à la place des responsables de I’EPCR. Pour eux, c’est une usine à gaz. Ils doivent composer avec trois ligues différentes, avec des règles administratives qui diffèrent selon les pays et des gouvernements différents qui n’ont pas les mêmes protocoles sanitaires.”
Lorsque le journaliste lui demande si France Télévision pourrait demander une indemnité à l’EPCR en raison des matches qui ne se sont pas joués, Matthieu Lartot réagit sans langue de bois. Extrait:
“Cette décision ne relève pas de mes prérogatives mais les diffuseurs ne sont pas des vaches à lait. Quand les matchs ne se jouent pas. quand les compétitions sont arrêtées, il y a des discussions entre les différentes parties. Souvent, des arrangements sont trouvés. Nous sommes dans une période où tout le monde doit faire des efforts, où l’adaptation est le maître-mot. Globalement, depuis le début de cette pandémie tout s’est fait en bonne intelligence. Surtout, nous espérons vraiment que les Coupes d’Europe pourront aller à leur terme.”