Ce week-end, l’arbitre international Gallois Andrew Brace s’est confié via le média Rugby Pass pour évoquer les insultes et les menaces de mort dont il a été victime, il y a un an désormais, par des supporters du XV de France mécontents.
Lors de la finale de la Coupe d’automne des Nations de 2020 entre l’Angleterre et la France, l’arbitre Gallois a été pris à parti par de nombreux supporters Français estimant que celui-ci avait provoqué la défaite du XV de France en raison de son arbitrage très tendancieux.
Andrew Brace explique avoir été harcelé via les réseaux sociaux. Il évoque des menaces de mort. Extrait:
“J’ai reçu des insultes et des menaces de mort à une échelle industrielle. En plus des menaces de mort, des gens m’ont dit de ne plus jamais revenir en France. J’ai reçu plus de mille messages sur Instagram et quelqu’un a créé un profil parodique de moi sur Twitter juste pour m’insulter. Les gens peuvent publier n’importe quoi et il n’y a aucune répercussion.
Le premier tweet auquel ils ont réagi concernait la nécrologie de mon père. Mon père a fait un voyage où il a retracé les traces de son propre père depuis la Seconde Guerre mondiale. C’était le tweet que j’avais épinglé en haut de ma page et ils ont sauté dessus en disant que j’étais un arbitre de merde et que j’avais gâché le match. Certains m’ont demandé combien j’avais été payé pour que l’Angleterre franchisse la ligne. L’un des messages que ma sœur a reçus précisait qu’aucun membre de ma famille ne devrait plus jamais venir en France quand un autre disait : “J’espère que ta famille mourra du Covid, espèce de m*rde.””
La semaine suivante, Andrew Brace devait arbitrer un match de Champions Cup entre le Stade-Toulousain et Exeter. Mais étant donné les tensions qui régnaient, Joël Jutge, le patron des arbitres de l’EPCR décidait de préserver Andrew Brace d’un voyage en France. Extrait:
“C’est un arbitre en lequel nous croyons beaucoup, qui est jeune et évidemment encore perfectible, mais promis à un bel avenir.”
Andrew Brace explique que les médias ont rapidement détourné les propos de Joël Jutge, en affirmant qu’il avait finalement été renvoyé en raison de sa mauvaise prestation effectuée lors de la finale de la Coupe d’automne des Nations. Extrait:
“La réalité, c’est que Joël m’a appelé et m’a dit : “Ça ne sert à rien de te mettre en France après ce qui s’est passé la semaine dernière, alors on va te déplacer à Bristol contre Clermont”. Les médias ont alors pris le train en marche, en publiant de faux titres du genre : “L’arbitre est renvoyé après la finale de la Coupe des Nations d’automne”. Ce n’était évidemment pas le cas, mais je suppose que la capacité d’attention des gens diminue tellement qu’ils ne cliquent pas sur le titre pour lire l’histoire complète.”
Pour son premier match sur le sol Français après cette affaire, Andrew Brace se voit contraint d’adresser un carton rouge à un joueur de Montpellier, lors d’un match Européen contre les Wasps.
L’arbitre Gallois a alors commencé à paniquer au point d’être pris de malaises en pleine rencontre. Extrait:
“J’ai pensé : “Bien sûr. Six minutes de jeu et je dois donner un carton rouge à un joueur français”. On aurait dit un scénario écrit à l’avance.[…] J’étais à peu près sûr que c’était un rouge et j’étais soutenu dans cette décision, mais 10-15 minutes plus tard – je ne l’oublierai jamais – j’ai commencé à avoir des vertiges et j’ai cru que j’allais m’évanouir sur le terrain. J’ai eu une très, très mauvaise migraine à cause de tout le stress que je subissais et j’ai pensé que j’allais devoir sortir. Cela m’a vraiment affecté pendant un bon mois ou deux.”
Si Andrew Brace accepte les critiques, en revanche, il refuse d’être menacé de mort et d’être trainé dans la boue de la sorte. Il peste contre les réseaux sociaux qui décident de ne rien faire contre ce genre de comportements. Extrait:
“Je veux bien être critiqué si on n’est pas performant – et la réalité est que nous n’étions pas assez bons ce jour-là en tant qu’équipe – mais quand ça dépasse les bornes et devient de l’abus, c’est un problème. Cela m’a ouvert les yeux sur le côté hideux des médias sociaux – les gens peuvent publier n’importe quoi et il n’y a aucune répercussion. Les gens ne réfléchissent pas, n’est-ce pas ? C’est comme la finale de l’Euro lorsque Marcus Rashford et les autres ont raté leur penalty. Les insultes qu’ils ont subies étaient horribles. Tant que Twitter et Facebook ne mettront pas en place des règles plus strictes, rien ne changera. Ces personnes devraient au moins être obligées de s’enregistrer avec une pièce d’identité afin de pouvoir rendre des comptes.”