Depuis quelques mois les joueurs clermontois utilisent, dans le cadre d’une étude mondiale menée par World Rugby des protège-dents connectés qui quantifient en fréquence et en intensité les chocs reçus aussi bien lors des entrainements que lors des matches. Une micro-technologie innovante visant à mieux comprendre et anticiper les interactions globales entre chocs et traumatologie.
Avec le Leinster, Otago et Trévise, l’ASM Clermont Auvergne a été choisie par World Rugby pour poursuivre au niveau professionnelle une étude lancée en Nouvelle-Zélande sur plus de 700 joueurs amateurs. Ainsi, des protège-dents connectés ont été fournis à l’ensemble de l’effectif afin de mesurer l’incidence, la force et la répétition des impacts subis par chaque joueur tout au long de la semaine. Comme ça marche ? La société américaine Prevent Biometrics a mis à disposition du club clermontois une caméra optique permettant de scanner les mâchoires des joueurs auvergnats avant de créer « sur mesure » les protège-dents connectés intégrant une puce capable de transférer les données recueillies par l’accéléromètre également incorporé au système.
De la microtechnologie au service de la science dont le but est de « quantifier avec précision le nombre et l’intensité des contacts mesurés sur une semaine d’entrainements » comme le précise Rémi Gaulmin, le médecin des « jaune et bleu ». « Nous nous appuyons sur un protocole établi par World Rugby avec une utilisation systématique des protège-dents que nous synchronisons avec un suivi vidéo des séquences d’entrainement. Une fois la séance terminée, les protèges dents sont collectés et remis dans une valise fournie où ils sont individuellement désinfectés grâce à une lampe UV. Les données sont ensuite transmises, sans contact, durant la charge des protège-dents. »
Dans cette phase, les données ne sont pas directement traitées ou exploitées par le club. Tout se fait à distance par la cellule de World Rugby en charge de cette innovation technologique.
« Le protocole d’étude a été défini par World Rugby », précise le médecin clermontois « mais c’est une grande fierté pour l’ASM d’avoir été intégré à cette étude dont le but est de faire de la prévention sur les impacts, d’avoir plus de recul sur la traumatologie globale de notre sport. » Un message bien compris par les joueurs clermontois à l’image de Rabah Slimani qui utilise les protège-dents depuis quelques mois. « Je crois que c’est important d’être acteur de notre sport et d’avoir la possibilité de le faire évoluer vers plus de sécurité et une plus grande prise de conscience. Franchement, aujourd’hui, je suis incapable de dire à quelle intensité et à quelle fréquence nous sommes soumis à des chocs. Nous avons forcément un sentiment. Nous savons tous que les chocs sont plus intenses lors des matches mais c’est un ressenti, difficile de le quantifier… »
Tout l’intérêt de cette étude sera de mettre des chiffres sur ces sensations, sortir du subjectif pour s’appuyer sur du factuel, des chiffres et peut être, au final, des conclusions visant à mieux protéger les acteurs de notre sport. « On a tendance à vouloir simplifier cette étude à la protection des commotions, ajoute Rémi Gaulmin, mais la commotion cérébrale n’est pas toujours corrélée à l’intensité de l’impact. Il sera, en revanche, intéressant d’intégrer cette notion d’intensité et de répétition de chocs aux autres données que nous possédons comme le suivi GPS ou la mesure de la fréquence cardiaque pour une meilleure compréhension et par conséquent une prise en charge globale des joueurs professionnels plus pertinente ».
L’étude est encore loin de révéler ses vérités mais celle-ci suscitent déjà un vif intérêt dans les rangs clermontois. « Bien sûr que nous sommes impatients de savoir où cette étude va mener », acquiesce Rabah. « C’est super intéressant d’avoir un retour sur une technologie qui était encore inimaginable il y a quelques années. Si on peut faire avancer un peu les choses, alors ce ne sera que bénéfique pour tous les joueurs actuels et les générations qui suivront. »