Depuis plusieurs saisons désormais, nombreux sont les consultants à pointer du doigt le niveau de l’équipe d’Italie qui n’a plus gagné un match dans le Tournoi des Six-Nations depuis 2015.
Certains souhaiteraient que les Italiens soient remplacés par une autre nation du rugby comme le Japon, la Géorgie ou encore l’Afrique du Sud.
Interrogé à ce sujet dans les colonnes du Midi Olympique, le Président du Conseil du Tournoi des Six-Nations, John Jeffrey a accepté de faire le point sur la situation.
Il défend l’Italie qui connait depuis plusieurs saisons un passage très compliqué. Extrait:
“Ils ont fini derniers sur les deux ou trois dernières années, c’est vrai. Mais je me souviens d’un temps où l’Ecosse ne faisait pas mieux. Nous ne pouvons qu’encourager les Italiens à progresser, et je ne sais pas comment. Mais ils sont des partenaires comme d’autres. Et sportivement, vous remarquerez que les Italiens sont souvent compétitifs pendant une heure, avant de céder dans les 20 dernières minutes, ce qui donne ces larges scores. Leurs U20 sont de plus en plus compétitifs, ainsi que leurs franchises. Donc il n’y a pas de raison qu’ils ne progressent pas.”
L’Italie peut-elle être remplacée par l’Afrique du Sud, la Géorgie ou le Japon ? Pour John Jeffrey, ce n’est pas d’actualité car le business-model actuellement en place fonctionne très bien. Extrait:
“Pas pour le moment. Notre business-model fonctionne bien, très bien même. Il faudrait vraiment une preuve irréfutable pour changer cela. Après, je ne dis pas que cela ne viendra pas avec le temps mais pour l’instant, nous échangeons avec World Rugby pour avoir une saison internationale structurée de façon cohérente. Nous nous concentrons là-dessus à l’heure actuelle. Ceci étant dit, nous réfléchissons en permanence à toutes les façons d’améliorer le Tournoi. Nous voulons faire de celui-ci la meilleure compétition sportive annuelle du monde. Nous savons que si nous restons sur nos acquis, nous régresserons.
C’est pour cela que nous songeons à toutes les possibilités. Si le fait d’intégrer une nouvelle équipe rend le Tournoi, nous le ferons, mais il ne faut pas oublier tout ce que cela implique : un week-end en plus, voire deux, dans un calendrier déjà chargé, notamment pour les championnats domestiques… Nous voulons rester à l’écoute des clubs, aussi. Car les joueurs passent la majeure partie du temps avec eux et qu’on ne peut pas se concentrer que sur les fenêtres internationales de juillet ou de novembre. Nous devons assurer un équilibre entre les intérêts des joueurs, des clubs et du rugby international.”
Dans la foulée, il ne cache pas qu’intégrer des équipes non Européennes dans le Tournoi des Six-Nations pourrait être problématique. Il s’explique. Extrait:
“Le 6 Nations a une chose que les autres championnats tels que le Rugby Championship n’a pas : la tradition. Il existe depuis des années et des années. Mais l’autre grand avantage de ce Tournoi, c’est que les supporters peuvent facilement voyager entre les matchs, puisqu’il n’y a grosso modo que deux heures de vol entre les villes. On peut donc prendre un vol le jeudi, assister au match le vendredi, profiter de l’ambiance du Tournoi pendant quelques nuits et rentrer le dimanche pour être à son travail le lundi matin. On ne pourrait pas faire cela si des pays plus lointains venaient à intégrer la compétition, parce que cela implique des vols longs, avec des décalages horaires… C’est aussi cette proximité entre les nations qui rend ce Tournoi unique : nous sommes tous voisins. Cela nous rend à la fois rivaux et amis. C’est génial. Personne ne veut que le Tournoi devienne une compétition globale, mondiale.”
Pour conclure, John Jeffrey explique refuser que le Tournoi des Six-Nation devienne une mini Coupe du monde. Extrait:
“Si l’Argentine et l’Afrique du Sud venaient à nous rejoindre, cela ferait une sorte de mini Coupe du monde chaque année ! Le 6 Nations, ce n’est pas cela. Pour l’instant, il se porte très bien comme il est, même si bien sûr nous étudions toutes les options possibles pour le faire évoluer.”