Invité dans Poulain Raffute sur Rugbyrama, le manager de l’Union Bordeaux-Bègles, Christophe Urios s’est confié au sujet de son parcours avec le club Girondin.
Ce-dernier est notamment revenu sur la demi-finale de Top 14 perdue contre le Stade-Toulousain la saison dernière.
Selon lui, ce jour-là, la meilleure équipe n’a pas gagné la rencontre. Extrait:
“Pour moi, la demi-finale de Top 14 perdue contre le Stade-Toulousain, ce n’est pas un échec. Pas du tout d’ailleurs ! Cela a même été un très grand match et je considère toujours, que ce jour-là, la meilleure équipe n’a pas gagné. Je l’ai dit le soir même, je l’ai redit dans mon livre et je le redis aujourd’hui. Mais les Dieux du rugby n’étaient pas avec nous. Cela ne s’est pas joué à grand chose. Pour être champion, il faut tout avec toi. On s’était un peu servi de cela pour parler de l’échec car pour moi, l’échec c’est un apprentissage. Je n’ai pas peur de l’échec dans tout ce que je fais. Je sais que lorsque je démarre quelque chose, je ne vais pas me planter. Et si je me plante, je suis capable d’analyser et de comprendre les raisons de cet échec pour chercher les évolutions qui vont me permettre de réussir.
L’échec pour moi c’est l’apprentissage de la vie. Il y a tellement de gens qui ne font pas les choses car ils se demandent comment ça va se passer… C’est à travers des échecs que tu progresses. Si je n’ai pas cet état d’esprit après le match contre La Rochelle, je ne suis pas sûr que l’on fasse une demi-finale. Je trouve qu’en France, l’échec est tabou car on attaque les personnes dès qu’ils se plantent. Mais ça fait partie de notre apprentissage. Après, il faut solder cet échec et regarder la vérité en face, comment s’améliorer et repartir au combat.”
Selon Christophe Urios, l’échec pour la saison actuelle serait de voir l’UBB ne pas se qualifier pour les phases finales du Top 14. Extrait:
“L’échec de cette saison serait de ne pas se qualifier. Je rappelle que Bordeaux ne s’est qualifié que l’année dernière. Le président Marti fait un boulot incroyable pour ce club, on avance. On n’a pas le plus gros budget ni les plus gros joueurs. On fait une saison incroyable mais c’est encore très fragile. Restons calme et travaillons. On a l’ambition d’être qualifié le plus haut possible, on a envie d’aller en finale et d’être champions mais il y a des points de passage.”
Il explique ensuite sa manière de manager les joueurs au quotidien. Extrait:
“Le jeu et la préparation physique évoluent en permanence. Tout ce qui est l’aspect mental et développement personnel, ce sont des choses que l’on n’aborde pas forcément. De plus en plus, je parle de performance humaine car pour embarquer les gens, quel que soit le milieu d’ailleurs, il faut comprendre les joueurs et parler de l’intime. Je pose toujours des questions à mes joueurs, des questions très simples, et ça engage les joueurs. A partir de là, mon boulot à moi est de faire en sorte de développer le “Je” et le “Nous”, le groupe. C’est cela mon job. Ce n’est jamais acquis. Au départ, je me disais que si le groupe fonctionne bien, on n’aura pas de problème, mais ce n’est pas que cela. Car quand tu arrives dans les phases finales, tu rencontres des équipes qui a de bons groupes et qui travaillent bien car tout le monde travaille bien. Mais il faut que tes joueurs soient capables d’être les meilleurs possibles et que ton groupe fonctionne bien.”
Pour conclure, Christophe Urios explique ne surtout pas vouloir que ses joueurs perdent du temps. Il leur demande de s’ouvrir au monde extérieur et d’avoir, si possible, un double projet pour préparer l’avenir. Extrait:
“Ce qui m’anime, c’est que j’ai le sentiment que j’ai perdu du temps. A vouloir trop écouter, à être dans le cadre etc… J’ai perdu du temps. Ma vie est faite comme ça, je suis passé par des endroits un peu difficile et j’ai été dans la construction. Ce que je ne veux pas c’est que mes joueurs perdent du temps. Je dis tout le temps à mes joueurs qu’ils ont réussi puisqu’ils jouent en Top 14. Ils ont réussi dans leur domaine, ce sont des champions, ils ont des choses à raconter, rencontrez des entreprises, ne restez pas dans vos vidéos, préparez votre avenir. Quand j’avais 40 ans, j’aurais aimé que l’on me dise comment entraîner. Je leur dit de ne pas perdre de temps car tout s’ouvre pour eux. Ce sont des garçons de très haut niveau. Ils ne doivent pas attendre que ça s’arrête, il faut qu’ils en profitent. Il y a le rugby, il y a l’engagement. La priorité c’est le rugby mais tu as aussi le droit de préparer l’avenir. Tous les mois, j’ai une personnalité de Bordeaux ou d’ailleurs qui vient rencontrer les joueurs le lundi. Ce sont des gens du monde de l’entreprise, du théâtre, de la cuisine, des gens qui ont réussi. Ils partagent avec nous une heure le lundi de 11h30 à 12h15 et ils partagent leur expérience. La personne mange ensuite avec les joueurs. Pour moi, c’est une façon de s’ouvrir. Il y a des gens, même s’ils ne soulèvent pas des altères, ils ont réussi dans leur vie. Ce sont des mecs acharnés, des mecs qui ont envie de réussir plus que tout, des mecs qui travaillent dur et qui se remettent en cause, il y a une prise de risque. C’est la vie ça ! J’adore voir mes joueurs être sur des doubles projets car ça fait progresser l’homme et quand l’homme progresse, ça fait un meilleur joueur de rugby.”