Le deuxième ligne Olivier Caisso a mis un terme à sa carrière professionnel en 2018, alors qu’il évoluait sous les couleurs de Montauban.
Lors d’un post publié sur le réseau social Facebook, ce-dernier a concédé connaître une dépression depuis l’arrêt de sa carrière.
Celui qui a commencé sa carrière au Rugby Club Toulonnais lors de la saison 2005 / 2006 affirme avoir souvent envie de pleurer le matin, en se levant, et ne pas avoir fait le deuil de sa fin de carrière.
Il est actuellement pris en charge par un psychiatre spécialisé dans l’arrêt de carrière de sportif.
Voici le message qu’il souhaite faire passer :
“Depuis une semaine dans le rugby on parle d’un sujet beaucoup trop tabou jusqu’à aujourd’hui et à travers ce post j’aimerais justement partager mon expérience personnelle à ce sujet. La dépression d’un rugbyman, que ce soit pendant ou après sa carrière est trop importante pour être prise à la légère. Ce n’est pas pour rien que beaucoup de joueurs évoquent le terme de deuil quand ils parlent de l’arrêt de carrière. Et forcément, quelque chose qui meurt laisse des traces qui pour certains demeurent indélébiles.
Mon dernier match en pro en mai 2018 a été une demie finale de prod2 avec Montauban. Et depuis bientôt 4 ans je ne vous cache pas que mon état psychologique est loin d’être un fleuve tranquille. J’ai pourtant tout fait pour ma reconversion, ma femme m’a toujours soutenu et dieu sait si elle a du faire beaucoup de sacrifices. J’ai eu beaucoup de mal à accepter que je ne m’en sortirai pas tout seul, que ces frustrations ne pourraient cesser qu’avec l’aide de quelqu’un. J’ai connu des périodes très difficiles, encore aujourd’hui il m’arrive de rêver la nuit où je me retrouve sur le terrain, dans le vestiaire où dans le bus avec l’équipe… Et au réveil cette envie de pleurer..
Je passe de temps en temps par des périodes de doute, de fortes frustrations où il m’arrive de tout mélanger et de ne plus avoir les idées claires. Ce qui fait que certaines de mes réactions peuvent être complètement disproportionnées. C’est dur pour l’entourage au quotidien qui trop souvent en fait les frais. Alors je me livre, et je reconnais qu’aujourd’hui je suis une thérapie avec un psychiatre spécialisé dans l’arrêt de carrière de sportif. Régulièrement je travaille avec ce docteur pour gérer mes émotions, apprendre à canaliser les frustrations et le chemin est encore long.
J’en parle aujourd’hui car enfin je sens que je suis sur le bon chemin et que ces 4 années à subir cet état mental je ne souhaite à personne de les vivre. Et pourtant on aurait raison de me dire « la caisse tu as eu un cancer tu t’en es sorti il y a plus grave que l’arrêt du rugby ». Et ben ce n’est pas si simple. J’aimerais simplement que chaque sportif qui a moment donné se sent fragile puisse avoir ce recul pour se dire qu’il a besoin d’aide. Je ne sais pas si je serais un jour guéri mais je me sens de mieux en mieux et jamais je n’aurais été capable seul d’affronter ces difficultés. Alors aujourd’hui je remercie ma femme de m’avoir accompagné dans cette démarche, sans elle peut être que moi aussi je serais allé droit dans le mur.
Tout au long d’une carrière on nous formate, on nous rabâche qu’il faut être le plus fort, qu’il faut écraser l’adversaire. On vit des saisons à parfois 5 joueurs pour un seul titulaire le we, cette pression qui nous oppresse pendant des années nous fait perdre cette lucidité de mesurer la chance qu’on a. Et le jour où tout s’arrête, même si nous sommes préparés, tout s’écroule et il faut être fort pour reconstruire. Alors aujourd’hui c’est une très bonne chose que ce sujet arrive sur le devant de la scène. Pour que chaque sportif puisse vivre son arrêt de carrière sereinement.”