L’ancien international Argentin Federico Martin Aramburu a été assassiné le samedi 19 mars au petit matin, alors qu’il sortait d’un établissement de nuit.
Un témoin de la terrible scène s’est confié dans les colonnes du journal L’équipe pour raconter ce qu’il a entendu et ce qu’il a vu.
Cet homme – qui a préféré ne pas divulguer son prénom – avoue avoir été traumatisé par la violence de la scène.
Il s’agit d’un habitant du quartier. C’est vers 5h55 du matin qu’il se dit réveillé par des hurlements et des insultes. Il se met alors à la fenêtre et constate que de nombreux riverains sont déjà réveillés.
Et malheureusement, ce qu’il voit va le hanter. Extrait:
“L’apogée de la bagarre est compliquée à décrire mais j’entends un homme – que j’identifie aujourd’hui comme étant Le Priol – hurler, mais vraiment hurler des insultes et toujours en direction d’une seule et même personne, dont je ne sais pas, à ce moment-là, de qui il s’agit. Malgré l’heure, il y a beaucoup de gens aux fenêtres, ce qui témoigne de la violence de la scène. C’est tellement violent, déterminé, et l’homme au sol ne réagit tellement pas, qu’une fraction de seconde je me dis qu’il a dû merder et qu’il ”accepte” de prendre une raclée.
Aramburu tombe très peu de temps au sol. L’intervention des mecs du bar d’en bas est immédiate. Pendant quelques secondes, tout le monde tape tout le monde. J’ai déjà vu des bagarres, mais là ce qui est surréaliste, c’est la détermination d’un des gars. En fait, on ne distingue que le personnel du resto parce qu’ils portent leur uniforme. Ils ont été super efficaces et sont parvenus à séparer tout le monde.”
Selon lui, Loïk Le Priol était prêt à tuer Martin Aramburu avec ses poings. Extrait:
“Je suis persuadé que s’il avait pu y retourner, il y serait retourné, Je pense que s’il avait pu le tuer avec ses poings, il l’aurait tué avec ses poings. Il hurlait « Ta mère la p*te ! » Ce qui m’a paru dingue, c’est le contraste entre les attitudes. Je voyais Aramburu à terre et je me souviens me dire qu’il se prend des putains de droite. Il se relève. Il vient de se faire défoncer et il ne cherche même pas à rendre les coups.”
Le témoin estime que Loïk Le Priol s’en est pris à Martin Aramburu car Shaun Hegarty est bien plus costaud. Extrait:
“C’est très subjectif mais maintenant que je connais le profil des protagonistes, je pense qu’ils s’en sont pris à Aramburu parce que Hegarty leur faisait trop peur. C’est une armoire ! Shaun avait un coquard. Federico, lui, avait un visage vachement tuméfié comme je l’ai malheureusement constaté, un peu plus tard.”
Il confirme dans la foulée que les deux rugbymen comptaient rentrer à leur hôtel quand la scène a viré au drame. Extrait:
“Le moment le plus marquant pour moi de tout cela, connaissant l’issue, c’est quand Hegarty et Aramburu partent à pied, tranquilles, ils rentrent à l’hôtel pour dormir et vivre leur journée du lendemain avec un super match de rugby. À ce moment-là, je ne sais pas que ce sont d’anciens rugbymen. Aramburu ne voulait pas se battre. Bien sûr que non…”
C’est quelques minutes plus tard que Le Priol abat Federico Martin Aramburu. Extrait:
“Je ferme la fenêtre quand la baston est finie, il semblerait que tout le monde rentre chez soi. Les serveurs sont en train de ranger le bar. Impossible de vous dire où vont Le Priol, Bouvier et la nana mais la Jeep est là. Je me remets au lit. Je regarde mon téléphone. Je ferme les yeux, je n’ai même pas le temps de faire comme ça (il mime le geste de s’enrouler dans sa couette) qu’il y a les six coups de feu.
J’en entends six, très proches. Ça se décompose en trois secondes dans ma tête : ce sont des coups de feu, ce sont des feux d’artifice, non c’est vraisemblablement ce qu’il avait dans la poche ! Là je me dis : tu vas te lever et tu vas aller raconter ce que tu as vu et réparer l’erreur que tu as faite de ne pas avoir crié à la fenêtre. À partir de ce moment-là, je me déconnecte de la réalité, je ne me dis pas une seule seconde que c’est dangereux de sortir 3 minutes après les coups de feu, je ne réfléchis pas, tout est très mécanique. Parce qu’à aucun moment je ne peux m’imaginer que tout ce qui arrive est gratuit. Je me lève, je hurle. J’appelle les flics. Je leur décris ce que j’ai vu.”
Il indique que le SAMU est arrivé sur la scène du crime en moins de trois minutes. Extrait:
“Quand j’arrive, il y a déjà le Samu qui essaie de ranimer quelqu’un. Ils étaient là en moins de trois minutes. Aramburu, je l’ai bien vu. Je vois aussi Hegarty assis, affalé contre un mur, entouré de plusieurs personnes, le regard complètement dans le vide, inerte, et je me dis que les deux ont été touchés.”
Pour conclure, ce témoin indique avoir été touché par les propos d’un autre témoin. Extrait:
“Quand on était dans la voiture pour aller au tribunal, un autre témoin m’a dit quelque chose qui restera gravé dans ma tête : « Tu sais, nous les veilleurs de nuit, tous les soirs, on en a des gars qui viennent nous demander de l’eau, de l’alcool, des cigarettes parfois ils sont violents, un peu agressifs. Là, ils étaient sympathiques, ils ont juste demandé des glaçons en expliquant qu’ils s’étaient bagarrés pas très loin. Je me suis dit : tiens ils ne demandent que de la glace, ils se sont se fait défoncer mais ils sont hyper gentils. » On nous a même dit qu’ils avaient laissé un pourboire. Et puis ils ont traversé le passage piéton et c’était fini.”
Depuis, ce témoin concède traverser des moments très délicats. Extrait:
« Y a des moments où ça ne va pas du tout. Tu te refais le scénario vingt-cinq mille fois dans ta tête. Et si, et si… »