La règle du carton rouge doit-elle être modifiée ?
World Rugby a décidé de mener une expérimentation, à savoir celle de permettre à une équipe ayant reçu un carton rouge de pouvoir remplacer le joueur exclu par un autre joueur de l’effectif au bout de 20 minutes d’infériorité numérique.
Le joueur exclu, lui, ne pourra pas revenir en jeu et devra passer devant la Commission de discipline pour connaitre sa sanction, comme c’est déjà le cas actuellement.
Ce test est en cours au sein du Super Rugby. Mais pour l’heure, les résultats ne seraient pas concluants.
World Rugby explique pourquoi il n’est pas question de modifier le règlement, du moins pour le moment. Extrait:
« Les statistiques de score avant/après ne montrent pas que les équipes sanctionnées tôt d’un carton rouge perdent toutes leurs chances. Donc, dans les chiffres, l’argument d’un déséquilibre pour l’équité et le spectacle n’est pas probant. C’est une des raisons qui expliquent pourquoi les résultats de l’expérimentation du carton rouge de vingt minutes n’ont pas été jugés assez concluants en mars dernier, à l’occasion du symposium annuel sur la santé dans le rugby.
Donc, en l’état, on ne se dirigera pas vers une expérimentation mondiale. On se doit d’écouter les propositions, de mener des essais, mais s’il y a le moindre doute quant à la sécurité des joueurs, nous n’irons pas plus loin. »
Pourquoi soudainement la volonté d’un tel changement ? Car certains estiment qu’un carton rouge écopé par un joueur coupable d’une grave faute va finalement pénaliser l’intégralité d’une équipe et non pas simplement l’auteur de la faute.
Ces cartons rouges ont donc tendance à déstabiliser toute une équipe et à fausser les résultats de certains matches.
Ces dernières semaines, les cartons rouges se sont enchaînés en Coupe d’Europe. Entre les exclusions du Toulousain Mallia à l’aller contre l’Ulster (11e minute), du Bordelais Vaipulu au retour à La Rochelle (27e), du Parisien Naivalu au retour contre le Racing (34e) ou du centre de Sale, Reed, dans la seconde manche face à Bristol (33e), quatre équipes ont connu la reine des sanctions avant la mi-temps.
Le directeur national de l’arbitrage de la Fédération Française de Rugby, Franck Maciello a donné son point de vue sur le sujet. Extrait:
« Tout est question de priorités. Il faut savoir que ce projet est poussé par le Sud, où on joue plus haut que chez nous. Nous, dans le Nord, on est tièdes. On attend de voir ce que donne cette expérimentation. Il ne faut pas être conservateur avec les règles et peut-être qu’il y a une piste de réflexion à trouver pour atténuer l’effet d’un carton rouge précoce sur un match. Mais est-ce que ce n’est pas glisser vers une banalisation du jeu violent ou déloyal ? Culturellement, le rouge est une réponse forte à une faute grave. »
Pour sa part, le manager du Racing 92, Laurent Travers n’est pas franchement pour un changement de la règle. Il explique pourquoi dans les colonnes du journal L’équipe. Extrait:
« Bien sûr que c’est difficile d’être à quatorze sur la durée mais je suis perplexe au sujet de cette réforme. Je sais que, souvent, un carton rouge résulte d’un mauvais réflexe, d’une décision prise en une fraction de seconde. Mais la protection des joueurs doit rester la priorité. Et je ne suis pas sûr qu’en pénalisant de vingt minutes un geste déloyal ou dangereux le message soit le bon. Un joueur peut être tenté de prendre un risque en se disant qu’au pire, ça coûtera vingt minutes à son équipe. »
Affaire à suivre…