Deux monuments du rugby Français ont tiré leur révérence : l’ouvreur François Trinh-Duc et le troisième ligne Louis Picamoles.
Les deux amis ont terminé leur saison ensemble à Bordeaux-Bègles et avec les Barbarians, le week-end dernier aux Etats-Unis.
Interrogé dans les colonnes du Midi Olympique, les deux hommes sont revenus sur cette dernière rencontre disputées ensemble avec les Barbarians. Extrait:
Louis Picamoles :
“C’est sympa parce que, les Baa-Baas, c’est un esprit particulier. C’est assez libre et c’est le rugby à l’instinct, ce qui nous a fait aimer ce sport à la base. Le faire ensemble sur une tournée à l’étranger pour clôturer notre carrière et le partager avec un groupe agréable, c’est une belle façon de tourner cette page.
Ca ressemble bien à nos années en centre de formation, où c’était surtout l’environnement et les rapports humains qui étaient importants. On voulait s’amuser, s’éclater puis se rassembler sur le rugby. L’esprit Baa-Baas, c’est aussi ça. C’est un joli retour en arrière, qui rappelle de beaux souvenirs.”
François Trinh-Duc :
“Pour nous, c’est la sortie idéale et la transition parfaite. Pouvoir finir ensemble, dans un pays sympa et dans un état d’esprit festif, c’est génial. Et puis, on a quand même refait un match international avec la chance de partager une Marseillaise. Je ne l’avais pas imaginé avant mais, là au moins, on sait que c’est notre dernière. Cela nous permet de finir proprement avant de rentrer chacun à Montpellier.
C’est plutôt une fierté d’avoir commencé ensemble et d’avoir vécu des choses fabuleuses en tant que jeunes joueurs de rugby, de pouvoir le retranscrire ensuite à plus haut niveau. Même à 35 ans, nous étions encore là à jouer une demi-finale de Top 14. Oui, c’est fort. Ce lien, que vous avez en tête, existe entre nous dans la vie de tous les jours. Du coup, c’est compréhensible.”
Dans la foulée, Louis Picamoles est revenu sur sa blessure contractée en fin de saison. Il pensait que sa carrière était terminée. Il a finalement pu rejouer. Extrait:
“Sur le coup, je pensais que la saison était terminée. Pour moi, c’était fini… Le diagnostic est tombé rapidement et, quand on m’a dit qu’il y avait un espoir, je me suis accroché à ça. Tout le monde m’a soutenu et a fait en sorte que je revienne. Je suis revenu beaucoup plus vite que ce que j’avais imaginé. J’ai donc fini sur le terrain, en phase finale. Il y a quelque temps, c’était inconcevable dans mon esprit.”
Par ailleurs, il affirme ne pas s’être concerté avec François Trinh-Duc pour décider de prendre sa retraite sportive. Extrait:
“Nous ne nous sommes pas concertés. Je savais que c’était ma dernière année, François savait que c’était la sienne aussi. C’était clair dans nos têtes quand nous nous sommes retrouvés à Bordeaux. Savoir qu’on arrêtait ensemble avait un côté rassurant et même apaisant pour moi, dans le sens où je ne vivais pas ça seul. C’est un moment particulier, jamais évident, donc c’était un confort de pouvoir choisir. Cela nous a permis de bien profiter de cette saison, de prendre les choses positivement, avec beaucoup d’envie. Même si les fins sont toujours brutales sur un match de phase finale car on ne peut pas anticiper quand cela s’arrête exactement. La défaite en demie a été dure à encaisser et cette semaine avec les Baa-Baas a fait aussi du bien pour ça. Mais je n’ai pas de regret. Sur la saison, on a fait tout ce qu’on pouvait faire.”
De son côté, François Trinh-Duc indique avoir pris cette dernière saison avec l’UBB comme une mission. Extrait:
“Ce n’était que sur une saison à Bordeaux et j’ai vu ça comme une mission. Je voulais me régaler mais aussi transmettre, notamment à Matthieu. Le fait qu’on soit ensemble avec Louis nous a aidés à le faire. Un devant et un derrière, cela rendait les choses naturelles. Je ne disais pas aux avants comment mettre des coups de casque (rires). Mais j’intervenais derrière, sur la préparation des matchs. J’étais vraiment en mode mission. Dans les périodes difficiles, je gardais le cap et j’essayais d’être positif, de prendre du plaisir. C’étaient mes dernières cartouches et je ne voulais pas les galvauder. Je me souviens, quand on a commencé à Sabathé avec Montpellier, que Gregor Townsend, Alessandro Stoica ou Murphy Taele m’avaient énormément accompagné. Je me devais de faire la même chose.”
Pour conclure, les deux hommes ont évoqué leur avenir.
Louis Picamoles va prendre la direction de l’agriculture. Extrait:
“Le lien entre nous ne se résumait pas qu’au rugby, donc on aura toujours beaucoup de contacts. On va tous deux s’installer à Montpellier et évoluer dans deux univers complètement différents. Moi, c’est dans l’agriculture. Une nouvelle vie démarre, avec des projets et l’excitation d’entamer cette aventure. L’idée, c’est en profiter au maximum, comme on l’a fait de notre carrière de rugbyman, en nous souhaitant a minima la même réussite. On va aussi retrouver des moments simples, avec nos familles. Notre vie de sportif était exceptionnelle mais on avait envie de renouer avec quelques petits plaisirs simples.”
Tandis que François Trinh-Duc va être à plein dans au sein du groupe d’ingénierie Fortil. Extrait:
“Ma femme est aussi de Montpellier, là où je suis né. Donc on y va retrouver la famille et les amis. Ma femme avait mis entre parenthèses sa vie professionnelle pour me suivre et va travailler de nouveau. Elle est architecte et dans l’aménagement d’intérieur. Pour ma part, je suis directeur de Fortil, un groupe d’ingénierie sur place. À partir de septembre, je serai à 100 % dans ce nouveau rôle.”