L’ancien manager du Rugby Club Toulonnais, Diego Dominguez s’est longuement confié dans les colonnes du Midi Olympique pour évoquer le rôle de buteur.
Talentueux buteur à son époque, Diego Dominguez explique dans un premier temps d’où lui vient cette passion pour les tirs au but. Extrait:
« Depuis tout jeune, j’ai toujours eu des prédispositions naturelles pour taper. Dans un ballon rond, ovale, une petite balle de tennis… je tapais dans tout ! Cela a été facile. J’avais une bonne coordination générale du corps. J’adorais ça. Au retour de l’école, je passais des heures à envoyer un ballon de foot dans un mur pour le faire revenir à chaque fois au même endroit. Pied gauche, pied droit… En commençant le rugby, j’ai appris à taper dans un ballon ovale. La coordination générale reste la même. »
Il explique comment il s’entraîner quand il était jeune. Extrait:
« Quand j’étais petit, je rentrais de l’école, je me faisais un Nesquik, un yaourt, et je partais tout seul au stade. J’avais cinq ballons et je tapais une heure trente tous les jours, tout seul, pendant six ans. Je n’étais personne, donc personne ne ramassait les ballons. Tu m’étonnes… c’est tellement chiant de le faire ! Tu mets deux fois plus de temps pour taper ! Du coup je ne tapais que cinquante coups de pied. Je suis passé à soixante-dix puis cent en moins de 18 ans, quand on a commencé à m’encadrer. »
Selon lui, si tu n’as pas les prédispositions pour être buteur, il vaut mieux tout arrêter. Extrait:
« Cela ne sert à rien de continuer. Tu perds ton temps, tu ne seras jamais un bon buteur. Il faut être porté depuis le début par ce geste, le faire facilement, sans forcer. Il faut être fort dans la tête, se dire sans cesse que le ballon va aller exactement où tu veux, travailler la technique, explorer les différentes positions de pied : ouvert, fermé, écarté, serré… Une fois qu’on a tout vu, travailler, répéter encore et encore. Il faut se mettre une puce électronique dans la tête, comme un programme. C’est l’entraînement mais ce n’est pas assez. Certains sont excellents à l’entraînement mais se ch… dessus en match. Sans pression, terrain sec, silence total, ils sont forts. Mais avec des cris, des insultes ou du vent, ils dégueulent tout. La psychologie entre en jeu, il faut réduire au maximum son influence. »
Dans la foulée, il explique les qualités nécessaires pour devenir un bon buteur. Extrait:
« Il faut une grosse personnalité, du caractère, du charisme. Quand on est gamin, c’est difficile, mais certains ont des prédispositions. Avec le travail, on doit arriver à un point où plus rien ne peut nous toucher. On peut avoir des mauvaises journées. Mais des circonstances peuvent expliquer les échecs : tu as pris un coup sur la jambe, tu as fait douze plaquages, tu as couru partout et tu es carbonisé.
Mais il faut bien connaître son corps et ses limites. Parfois, il vaut mieux s’abstenir de prendre les points. Des fois, je refusais de taper. Les conditions n’étaient pas réunies pour me garantir un maximum de réussite. Il ne faut jamais taper pour taper. Si tu te forces et rates, tu te retrouves au fond du seau mentalement. Pour ton équipe, c’est pire. »
Pour conclure, Diego Dominguez explique qu’un buteur ne doit jamais avoir peur de l’échec. Extrait:
« Il ne faut pas avoir peur. Si tu as peur, tu ne peux pas être buteur, c’est impossible. Si tu as peur de lancer, tu ne peux pas être talonneur. Si tu as peur de rater ta passe, tu ne peux pas jouer ouvreur. C’est pareil. Tu travailles, tu renforces ta confiance à l’entraînement, puis en match, et tu construis petit à petit. Au bout d’un moment, quand tu fais gagner un titre à ton équipe, ton mental devient en acier. »