C’est ce mercredi que s’est ouvert le procès de Bernard Laporte, Mohed Altrad, Serge Simon, Claude Atcher et Benoît Rover, qui comparaissent pour soupçons de corruption et trafic d’influence, s’est ouvert à Paris.
Au cours de cette première journée de procès, des tensions ont éclaté.
Tous vêtus de costumes bleus et chemises blanches, Laporte et les autres prévenus étaient assis sur la même rangée. Bernard Laporte aux côtés de Claude Atcher, ancien patron de France 2023. Lors de cette audience, c’est Bernard Laporte qui va ouvrir le bal.
Le président de la FFR est le premier à décliner son identité. Suivi de Claude Atcher, Mohed Altrad, Serge Simon et Benoit Rover. Après cette séquence, le tribunal a examiné la demande de renvoi introduite par le conseil de Benoit Rover. A un an du Mondial 2023 sur le territoire national, les médias étaient nombreux pour cette première journée d’audience.
L’avocate de Claude Atcher sera la première à attaquer l’enquête du Parquet national financier (PNF).
“Je demande d’annuler la citation de Claude Atcher, explique Céline Lasek. On arrive après une longue enquête préliminaire du Parquet. La seule contrainte du Parquet, c’est de donner aux gens la possibilité de se défendre dans des conditions saines. L’enquête préliminaire qui a duré plus de quatre ans n’est pas complète. Quand on passe quatre ans à enquêter, le tableau doit se dessiner assez clairement. Ce n’est pas le cas ici. Cette citation est imprécise.”
Le représentant de Benoît Rover a ensuite pris la parole pour des reproches similaires à l’avocate de Claude Atcher. Puis, le PNF est sorti du silence. “La méthode de travail du PNF est particulière, explique François-Xavier Dulin. C’est la marque de fabrique du PNF de travailler en enquête préliminaire. Ça fait plus d’un an que le dossier est ouvert au contradictoire, c’est dans ce cadre-là que les parties s’échangent des observations. C’est pendant ce temps, que le Parquet va relire la procédure. A la lecture de la procédure, on décide des qualifications qui ne sont pas nécessairement celles des enquêteurs. Ces citations peuvent évoluer, et le seul acte qui saisit le tribunal, c’est la citation. Dans ce dossier, il semble qu’il n’était pas nécessaire d’ouvrir une information judiciaire.”
Avant d’embrayer sur la société de Claude Atcher: Score XV . “Sur les abus de biens sociaux, cette société n’a pas de compte. Cette société est un fantôme. Score XV n’a plus de déclaration depuis 2015. On doit, quand on gère une société, pouvoir justifier ce que l’on a fait. Pour la société Score XV, nous n’avons rien. La société Score XV dans sa globalité est un abus de bien social. Score XV, c’est Claude Atcher, c’est la même poche. Toute la vie de monsieur Claude Atcher est Score XV. On peut toujours s’améliorer, au vu du contradictoire et des échanges avec les avocats, les parties sont particulièrement informées de ce qui est reproché aux différentes personnes. Dans ce dossier, la FFR (partie civile, ndlr) semble ne pas vouloir demander quoi que ce soit à son représentant. Le Parquet estime son préjudice mais c’est la partie civile qui le fixe. C’est le tribunal qui décide du préjudice.”
L’échange se poursuit, de manière plus musclée, entre l’avocat de Mohed Altrad, Antoine Vey, et le procureur de la république. Le représentant du président du MHR pointe du doigt les nombreuses fuites dans la presse de plusieurs éléments du dossier. Avant de critiquer les investigations. “Il n’y a quasiment aucun acte d’investigation. Est-il normal que des données brut communiquées à la défense ne figurent pas dans le dossier pénal ? Ça pose question de savoir comment et pourquoi ces données brutes n’ont pas été versées au dossier”, explique Antoine Vey. “L’accès au dossier vous est ouvert depuis le 7 septembre 2021, lors de votre première demande”, rétorque le procureur de la république avant une longue explication en revenant sur le contexte de la visite des conseils de Mohed Altrad pour consulter les scellés au siège du PNF. “Je trouve qu’il y a de la condescendance dans vos propos”, termine l’avocat de l’homme d’affaires.
La présidente, qui semble découvrir plusieurs éléments du dossier, décide de suspendre temporairement l’audience pour la deuxième fois de la journée. Sur le banc, derrière son avocat, depuis le début d’après-midi, le président de la FFR écoute l’audience sans broncher. Après cette suspension, Antoine Vey continue de pointer plusieurs “incohérences” sur des éléments du dossier, notamment sur la partie téléphonie. “Je ne comprends pas où sont les fadettes“, demande Antoine Vey au procureur de la République. Les fadettes envoyées par le PNF ne seraient pas, selon l’avocat de Mohed Altrad, dans le format. “Où sont les fadettes ?”, questionne le conseil. “Les documents n’ont pas été cachés à la défense, explique Céline Guillet, l’autre membre du PNF. Ce sont des données qui ne sont pas immédiatement capables d’être versées dans la procédure.”
Finalement, la présidente, à la lumière de ces faits, décide de suspendre l’audience à ce jeudi, 13h30. La magistrate a demandé au PNF de fournir les fadettes demandées par la défense. Si le PNF ne pouvait pas fournir ces fadettes, une bonne partie du dossier (surtout la partie de la commission de discipline) pourrait s’écrouler, selon des proches du dossier. Pour l’instant, on ne souhaite pas parler d’un procès renvoyé dans son intégralité. Mais l’hypothèse pourrait très rapidement prendre de l’ampleur. Le procès doit durer jusqu’au 22 septembre à Paris.