Au mois de septembre 2021, la carrière du demi-de-mêlée Ludovic Radosavljevic prenait une très tournure.
Auteur de propos racistes lors d’un match disputé avec Provence Rugby contre Nevers, le joueur Aixois avait écopé d’une suspension exemplaire : suspendu pendant 26 matches. Forcément, son club décidait rapidement de se séparer de lui et la chute aux enfers a débuté pour l’ancien Clermontois.
Interrogé via Midi Olympique, Ludovic Radosavljevic avoue avoir très mal vécu cette période.
Il concède avoir fait une connerie qui lui a coûté très cher. Extrait:
“Difficile. C’était très dur. J’ai fait une connerie qui m’a coûté très, très cher. Un peu trop à mon goût mais je pense que je ne suis pas quelqu’un qui s’apitoie sur son sort et qui se cache. J’ai fait une connerie et je l’ai assumée. Je me doutais bien qu’après mon licenciement d’Aix, le rugby professionnel serait terminé pour moi. Cela a été un moment compliqué parce qu’au-delà de la suspension, j’ai perdu mon métier. Mon plan de vie n’était pas prévu comme ça, cela impact beaucoup de choses et ma vie de famille aussi. Maintenant, c’est derrière moi.”
Il explique ne pas comprendre pourquoi il a tenu de tels propos lors de cette rencontre face à Nevers. Extrait:
“C’est peut-être bateau ce que je vais dire. Ça va certainement sonner faux mais ce qui s’est passé ce jour-là, sur le terrain, c’est aux antipodes de ce que je suis réellement. J’ai les fils qui se sont touchés sur une action. Le chambrage n’excuse en rien les mots que j’ai eus. Même moi, après coup, je m’en suis voulu. Tous les gens qui sont dans le milieu du rugby savent très bien comment cela se passe sur un terrain. À chaque match, il y a des accrochages. J’ai fait des interviews, j’ai été censuré partout, sauf dans le Midi Olympique. Oui, j’ai fait une connerie mais j’ai toujours été bien au sein de mes équipes. Je n’ai jamais été un grand joueur mais j’ai toujours été celui qui fédère dans le vestiaire, celui qui accueille le nouveau…”
Fort heureusement, durant sa suspension, il a pu travailler dans le bar qu’il venait d’acheter. Extrait:
“J’avais déjà commencé ma reconversion. J’ai acheté un bar à bières sur Avignon, quatre mois avant de me faire licencier donc cela m’a permis de consacrer tout mon temps à ce nouveau projet. Mon petit frère est ferronnier donc j’ai acheté une machine, qui est un plasma numérique et qui permet de compléter l’activité de mon frère.”
En parallèle, il décidait de découvrir le rugby à XIII. Il a adoré. Extrait:
“Franchement c’était génial ! C’est une opportunité qui a été un peu courte puisque j’ai été suspendu à treize aussi. Je n’ai eu la chance de faire qu’un seul match mais je me suis entraîné toute la saison avec eux. J’avais beaucoup d’a priori sur le rugby à XIII. En réalité, j’ai beaucoup aimé. Le SO Avignon XIII est un club sain et qui a tout fait pour que je puisse remettre le pied à l’étrier. Il n’est d’ailleurs pas impossible que j’y retourne. J’en garde un très bon souvenir.”
Il l’affirme : son histoire avec le rugby n’est pas encore terminée. Extrait:
“Je ne sais pas si c’est une guerre d’ego mais pour moi, mon histoire avec le rugby n’est pas terminée. Je suis un gamin du rugby, j’ai commencé à jouer à l’âge de trois ans donc finir comme ça, pour moi, ce n’était pas pensable. Je ne suis revanchard contre personne mais je ne voulais pas laisser cette image-là de moi. Et je veux montrer à tout le monde que c’est bien beau d’avoir du courage sur internet mais moi, je suis là et j’assume tout depuis le début. S’il y a des gens qui ont des choses à me dire, ils pourront venir me les dire sur le terrain.”
Le demi-de-mêlée évolue désormais en Fédérale 3 avec Avignon-le-Pontet. Le week-end dernier contre Sète, plusieurs supporters l’ont insulté et traité de facho. Il réagit. Extrait:
“C’est laid, ce qui s’est passé sur le terrain. Je me suis fait insulter de facho et de raciste de nombreuses fois. Si les gens pensent que je vais m’échapper, ça ne sera jamais le cas. J’ai joué ce match, nous avons gagné et voilà. Je me suis fait attraper tout le match. Il y a eu une bagarre à la fin : j’ai été convoqué alors que je n’ai strictement rien fait. Je ne voulais pas m’énerver, je savais que je ne devais rien donner à personne. Mais ils m’attaquent sur ce qui a pu se passer avant. Qu’on se le dise : je suis prêt à toutes les éventualités et je ne reculerai devant personne.”