Le président du Racing 92, Jacky Lorenzetti va très prochainement céder son poste à Laurent Travers.
Interrogé lors d’un podcast effectué par L’équipe, Jacky Lorenzetti a expliqué sa décision de prendre du recul.
Selon lui, il fallait réellement faire bouger les lignes au sein du club Francilien pour évoluer et gagner des titres. Extrait:
“Ca fait 15 ans que je suis à la tête du Racing 92 avec deux saisons en Pro D2 et le reste en Top 14. Nous sommes le seul club qui s’est toujours qualifié pour les phases finales et qui a toujours joué la Champions Cup. Toulouse ne l’a pas fait, Toulon ne l’a pas fait, Clermont ne l’a pas fait. Nous, on l’a fait. Cela veut dire qu’au niveau des performances, globalement, on n’a pas à rougir. Mais, lorsqu’on est le Racing et qu’on s’appelle Laurent Travers et Jacky Lorenzetti, on a envie de gagner. On a gagné une magnifique finale à Barcelone devant 100 000 spectateurs. Un match improbable avec un carton rouge pour Machenaud. On a joué trois finales de Coupe d’Europe mais on les a toutes perdues.
L’année dernière on a fait une bonne performance mais on sentait non pas une usure mais un besoin de mieux répartir mon temps de travail pour mes différentes activités. Laurent Travers, après 20 ans de coaching, voulait regarder le rugby différemment. On a compris qu’il fallait faire bouger les lignes. J’ai la chance d’avoir mon ami Laurent Travers car c’est devenu un ami. C’était un banquier et j’ai toute confiance en lui. Il a ensuite été entraîneur et bientôt il sera président. C’est extraordinaire. J’ai la chance de l’avoir sous la main, je lui ai proposé de prendre ma place et il a accepté de la prendre. Je vais laisser mon fauteuil et j’en suis très content. Pour relancer la machine, il faut quelque chose de nouveau. On a plein de challenge à relever.”
Il précise que Laurent Travers n’a pas décidé de devenir président du club pour l’argent car il gagnera certainement moins qu’en tant que manager. Extrait:
“Laurent n’a pas accepté d’être président pour l’argent car un coach gagne mieux qu’un président. Donc il a accepté ce poste de président réellement pour le challenge sportif. Puis c’est bien lui qui a choisi de recruter Stuart Lancaster. Je n’ai jamais joué, je comprends les règles mais c’est lui qui a choisi. Et on avait vraiment le choix car on a vu plusieurs candidats. Les entraineurs ont envie de venir ici. La promotion de Laurent, c’est la victoire du sport sur l’argent. C’est un sportif qui prend la tête du club et c’est important.”
Dans la foulée, il annonce que le Racing 92 va retourner jouer à Colombes à plusieurs reprises dans les mois à venir. Extrait:
“On a fait l’Arena. Et on va jouer un peu plus souvent à Colombes dans les années qui viennent car le succès de l’Arena au niveau des artistes est incroyable. Laurent Travers m’avait autorisé à jouer des matches délocalisés. L’année dernière on a joué à Lens et c’est une ville formidable.”
Questionné sur l’arrivée de Stuart Lancaster, Jacky Lorenzetti s’explique. Extrait:
“Pour moi, Laurent est le meilleur entraineur Français donc la relation humaine me paraissait plus simple à établir avec un étranger. On a fait le tour des entraineurs et Laurent avait un très bon contact avec Stuart Lancaster. Il n’y a pas beaucoup d’entraineurs Anglais qui ont réussi en France. Mais c’est bien, on est prêt à relever le challenge.”
Il précise d’ailleurs que le recrutement s’effectue actuellement avec Stuart Lancaster. Extrait:
“On est peut-être en train de signer un très grand joueur, mais ce n’est pas un 10. Au niveau du recrutement, on ne peut pas faire sans avoir l’avis de Stuart Lancaster. C’est normal.”
Concernant le poste d’ouvreur, il affirme travailler sur un dossier qu’il ne souhaite pas divulguer. Extrait:
“Sur le 10, on a déjà un grand numéro 10, il s’appelle Finn Russell. Même s’il est un peu fantasque, il n’a pas dit son dernier mot ! On ne s’interdit pas de discuter avec les uns et les autres. Ce sont des dossiers que nous suivons avec un peu de secret (rire).”
Dans la foulée, il affirme que le Racing 92 est au taquet du Salary Cap. Extrait:
“On flirt avec le salary cap. Il y a une ligne jaune et on ne met surtout pas le pied dedans. Hier, toute la journée nous avons eu le salary cap manager au club. On a eu la police des polices qui est venue pour une journée pour tout vérifier et ils sont très pointus. On parlait d’un dépassement de 2 000 euros. C’est compliqué sur certaines interprétations. Quand on voit Toulouse recruter autant, on se demande comment ils font. Pareil quand on voit La Rochelle recruter autant cet été, on se demande comment ils font ! Quand on voit le Racing 92 recruter autant, on se dit que le club est dans l’immobilier et dans le vin, ils payent les joueurs en vin et en immobilier. Tous les fantasmes sont permis ! Mais force est de constater que le rugby Français se porte bien aujourd’hui grâce au Salary Cap et aux JIFF. Mais l’inconvénient c’est que les salaires des joueurs baissent. Ca peut être douloureux aussi.”
Pour conclure, Jacky Lorenzetti explique pourquoi le Racing 92 ne peut plus se permettre de recruter une mega star. Extrait:
“C’est compliqué d’avoir une mega star maintenant. Le nom d’un joueur circule en ce moment, on nous dit plus d’un million d’euros l’année, on n’ouvre même pas le dossier ! Ce n’est pas possible ! Si on met 10% du salary cap sur un joueur… il faut mettre 29 autres joueurs dans 90% du salary cap. Sans compter les jeunes. Si on a une grosse politique de jeunes, ça diminue d’autant la masse salarial des pros. Cet été, on a laissé partir Tanga et Colombe car on ne pouvait pas suivre les offres effectuées par La Rochelle. Sinon, on cassait une certaine justice par rapport aux autres joueurs qui étaient de la même génération et qui avaient le même niveau de compétences.”