Le directeur de la performance du XV de France, Thibault Giroud s’est confié dans les colonnes du journal Sud-Ouest pour évoquer certaines de ses craintes à l’approche de la Coupe du monde de 2023.
Il explique dans un premier temps que les blessures demeurent un sujet d’inquiétude pour le staff de l’équipe de France, à l’approche du Mondial. Extrait:
“L’échéance Coupe du monde 2023, c’est l’objectif prioritaire depuis le début du mandat et même depuis qu’on est arrivé juste avant l’édition 2019. On sait que la blessure est un facteur inhérent au rugby professionnel. Quand les joueurs sont en club, ils enchaînent les matchs. On leur demande beaucoup aussi quand ils sont avec nous. Il y aura toujours des blessures. On essaie de minimiser les risques et notamment tout ce qui relève des blessures musculaires grâce aux données qui nous permettent de connaître les charges de travail. Quand les joueurs arrivent en équipe de France, on sait précisément ce qu’ils ont fait avant de nous rejoindre. Ce qui est sûr, c’est que les internationaux français jouent plus que les autres. C’est la raison pour laquelle depuis deux ans, on n’a pas pris les joueurs premium en Australie et au Japon, pour qu’ils puissent se régénérer et avoir une pré-saison pertinente avec leur club.”
Certains joueurs ont déjà énormément joué en ce début de saison comme Moefana (UBB) qui compte plus de 600 minutes de jeu, ou encore Grégory Alldritt (La Rochelle) avec 560 minutes de jeu. Thibault Giroud confirme que certaines données sont alarmantes. Extrait:
“Oui bien sûr c’est alarmant. Si l’on compare avec l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud. Mais encore une fois, ce n’est pas en notre pouvoir. Les clubs ont l’intelligence et la bienveillance d’essayer d’aider au maximum le XV de France en protégeant les internationaux, je pense notamment à Toulouse, mais il y a la réalité des clubs. Ils ont besoin de gagner des matchs. Et ce Top 14 est tellement homogène, tellement serré qu’il est aussi normal que les managers alignent leurs meilleurs joueurs. De notre côté, on fait le maximum pour éviter que les internationaux soient dans le dur mais on a aussi nos impératifs. La semaine dernière, on a été obligé de remettre les joueurs sur les standards du niveau international. On en avait 23 avec lesquels on n’avait pas travaillé depuis France-Angleterre. Cela demande des entraînements très spécifiques, à des intensités très spécifiques et des grosses charges de travail sur les dix premiers jours.”
Dans la foulée, il explique comment le XV de France a décidé de préserver Antoine Dupont pour le protéger des blessures. Extrait:
“Pour Antoine par exemple, on avait fait le choix de ne pas le prendre pour la tournée au Japon pour lui permettre de se faire nettoyer le genou. C’est un signe fort. On sait qu’Antoine va beaucoup jouer cette saison. Il faudra être intelligent. C’est compliqué pour nous de ne pas mettre Antoine Dupont sur le terrain. On gère ses semaines. Ce ne sont pas forcément les matches qui posent problème. Ce sont aussi les semaines d’entraînement. Il faut être pertinent dans la charge de travail. Mais Antoine est déjà très mature athlétiquement. Il possède de grosses qualités naturelles. Avec lui, on est plus dans le maintien que dans le développement.”
Concernant la sélection de Romain Ntamack malgré son manque de rythme, le technicien indique que le Toulousain n’a pas besoin de jouer en Top 14 pour être au niveau international. Extrait:
“Romain n’a pas forcément besoin de jouer un match de Top 14 pour être prêt pour le niveau international. Déjà, il s’est très bien entraîné avec le Stade Toulousain pour revenir de sa blessure : il est arrivé prêt. On avait besoin de le remettre en selle sur certains domaines physiologiques précis, mais il est très pro. Quand on lui demande de « toucher » certaines choses, il fait le maximum pour. En 10 ou 15 jours, tu peux remettre un Romain Ntamack dans le rythme. Tout en sachant qu’il a pu continuer à s’entraîner pour garder ses qualités de base malgré sa cheville. Ça aurait été une autre blessure, peut-être que ça aurait pu prendre plus de temps.”
Pareil pour Cyril Baille qui revient tout juste d’une blessure. Extrait:
“« Cissou », c’est aussi un profil très particulier : il est capable d’alterner capacités de déplacement et de combat, ce qu’on demande justement aux piliers gauches. Il revient d’une grosse blessure, mais il s’est très bien préparé avec son club. Il vient de jouer à Bayonne, on l’observera cette semaine et les entraîneurs prendront une décision en fonction de tous les facteurs de performance. Je ne peux pas vous dire s’il jouera ou non.”