Arrivé d’Afrique du Sud cet été, l’ailier Madosh Tambwe évoque ses retrouvailles face au club des Cell C Sharks ce vendredi soir à Chaban-Delmas, à l’occasion de la deuxième journée de la Champions Cup.
Bonjour Madosh, peux-tu nous raconter comment tu as commencé le rugby ?
J’ai commencé le rugby lorsque j’ai arrêté de faire de l’athlétisme quand j’avais à peu près 14 ans… Après avoir perdu ma mère j’ai voulu arrêter le sport en général, puis vers mes 16 ans mon frère m’a dit qu’il fallait que je reprenne le sport. Et j’ai commencé le rugby pour pouvoir évacuer toute ma colère et mon agressivité.
Pensais-tu que ton sport allait devenir ton job plus tard ?
Non, j’aimais pratiquer le rugby pour le plaisir puis cela a commencé à devenir sérieux lorsque j’ai eu 19 ans, j’ai commencé à jouer professionnellement. Juste avant de commencer à être pro je me suis dit “OK maintenant c’est du sérieux”. Et aujourd’hui, 7 ans plus tard, je me réjouis que ça soit devenu mon travail.
Comment es-tu devenu professionnel ?
En Afrique du Sud, le rugby est très important dans les écoles, si tu joues au niveau régional pour la Currie Cup tu peux prétendre aux équipes juniors comme celle des Lions. Et on joue aussi ce qu’on appelle le tournoi Craven Week au niveau universitaire.
Le Craven Week ? Tu peux nous en dire plus ?
À l’issue de ce tournoi, toutes les meilleures équipes universitaires forment une seule équipe avec tous les meilleurs joueurs du Craven Week afin de participer au championnat régional et représenter ces universités. Si tu es assez bon pendant cette expérience, tu peux te faire recruter par une des grosses franchises de l’Union pour jouer dans leur équipe. Personnellement j’ai participé à la Currie Cup en 2019 avec les Lions puis j’ai commencé à jouer en Super Rugby avec une franchise directement après.
Est-ce que tu trouves qu’il y a une différence entre le rugby français et le rugby en Afrique du Sud ?
Pour moi ce n’est pas si différent que cela. La plus grosse différence que l’on a avec le rugby européen c’est qu’ici tu dois appréhender le froid. Ce qui nous arrive très peu chez nous. Je savais que j’allais devoir y faire face en arrivant ici mais pas au point de ne plus sentir mes mains (rires). Sinon sur le plan physique, je trouve que c’est assez similaire, il y a aussi beaucoup de jeu physique et beaucoup de vitesse. Après tout dépend de l’équipe contre qui on se retrouve en face. Mais la plus grosse différence pour moi c’est surtout qu’il y a beaucoup de monde au stade !
Pourquoi cette envie de vouloir venir jouer dans le championnat français ?
Je jouais en Afrique du Sud depuis 7 ans et j’avais besoin de quelque chose de nouveau pour ma carrière. J’avais déjà joué pour les 3 plus grosses franchises en Afrique du Sud, les Lions, les Cell C Sharks et les Bulls. Donc je me suis dit qu’il était temps pour moi d’expérimenter de nouvelles choses. Quand l’opportunité s’est présentée, je me suis dit “Allons-y !”. J’ai vu que les dirigeants de l’UBB s’intéressaient à mon profil, j’ai commencé à faire des recherches et forcément c’était alléchant de voir que l’UBB a le plus grand public d’Europe. Il ne fait pas aussi froid que dans d’autres pays d’Europe ou d’autres villes françaises donc voilà. C’est une belle expérience pour moi de venir jouer ici. En plus j’adore la ville, il y fait bon vivre !
As-tu l’impression que notre club est un club que l’on pourrait appeler “familial” ?
Les gars ont été super accueillants avec moi lorsque je suis arrivé. Aujourd’hui quand je pense que ça fait 6 mois que je suis là j’ai l’impression que ça fait encore plus de temps, parce que mon intégration s’est vraiment super bien faite. Oui, il y a vraiment une aura familiale autour de ce club. Pendant les jours de repos, tout le monde invite tout le monde pour partager des moments en dehors du rugby. Être toujours les uns autour des autres, c’est ce qui donne cette impression de famille.
Comment appréhendes-tu cette rencontre avec les Cell C Sharks ? Toi qui a joué pour eux durant ta carrière.
J’avais hâte que cela arrive. Il y a quelques joueurs avec qui j’ai joué lorsque j’étais aux Cell C Sharks de 2019-2021. Puis je suis allé jouer pour les Bulls avant d’arriver ici. Donc forcément jouer face aux Sharks sera un bon moment pour moi. Je sais à quoi m’attendre, donc ça va me faire plaisir de revoir des personnes que je connais et que j’ai côtoyé en Afrique du Sud. C’est vrai que je n’ai pas trop eu l’occasion de revoir du monde depuis que je suis arrivé en France donc ça va être vraiment sympa. Je sais que pendant le match on va être focus, mais j’espère qu’après le match on aura l’occasion de tous se retrouver un peu.
Quelles sont les forces des Sharks selon toi ?
Les Sharks ont une très belle équipe. C’est vrai qu’on n’oublie pas qu’ils ont environ 11 joueurs actuels chez les Springboks donc il faudra prendre garde. Ils ont de très belles qualités sur les ailes et ils arrivent en France avec une victoire face aux Harlequins le week-end dernier. Ils seront forcément en confiance. Nous devons tirer notre force du fait que nous jouons à domicile à Chaban. On sait que ça va être un match rude !
Face à de nombreux joueurs qui peuvent faire la différence à tout moment…
Oui, il faudra vraiment faire très attention aux joueurs des Springboks car ils reviennent de la tournée d’Automne, ils sont dans une bonne dynamique et ils auront acquis des automatismes entre eux. Je pense que les coachs vont leur donner le leadership car beaucoup d’entre eux ont déjà joué en Europe (comme Eben Etzebeth, qui était encore à Toulon l’an dernier), c’est un effort collectif qu’il faudra mettre en place face à eux. Même si les 11 Springboks ne joueront pas forcément le match ce vendredi, ils ont aussi des joueurs qui montent dans leur équipe et qui sauront nous mettre en difficulté.
Qu’est-ce que tu peux nous dire par rapport à Chaban ? Est-ce que cela ressemble à ce dont tu t’imaginais ?
La chose que j’aime à Chaban c’est que l’ambiance n’y est pas hostile, on ressent vraiment une force supplémentaire. Je pense que les Sud-Africains seront surpris en voyant que les supporters français ont autant d’effervescence autour de leurs joueurs et se déplacent aussi massivement au stade pour encourager leur équipe. Et je pense qu’ils seront aussi galvanisés à l’idée de voir un stade aussi rempli. Je ne me souviens plus de la dernière fois où un stade fût complet en Afrique du Sud parce que les stades sont si grands qu’ils peinent à se remplir complètement et l’ambiance n’est vraiment pas la même. En France je trouve que la proximité avec les supporters nous donne vraiment une envie supplémentaire de nous arracher sur le terrain. J’ai hâte qu’ils voient et se rendent compte de tout ça. Parce qu’en tant que joueur de rugby c’est aussi pour cela que l’on fait ce métier !
Avec ce que j’avais lu sur Chaban avant d’arriver, je ne pensais pas que j’allais être aussi impressionné une fois ici. Mais lorsque je l’ai vécu la toute première fois je me suis dit “wow..” Ça m’a vraiment fait quelque chose. J’ai dû prendre un peu de temps pour m’habituer. En tout cas c’est quelque chose de fantastique et d’incroyable, maintenant je peux appeler cela ma maison. J’espère rendre les gens fiers de moi.