L’ancien pilier international Géorgien Anton Peikrishvili est entré en contact avec le Midi Olympique pour évoquer le sujet de la dépression.
L’ex-joueur du SU Agen et du Castres Olympique est rentré au pays en 2019, à l’issue de sa carrière.
Il affirme déprimer depuis plus de sept mois désormais.
Anton Peikrishvili explique les difficultés rencontrées par les joueurs de rugby après leur carrière professionnelle.
Il tire une véritable sonnette d’alarme. Extrait:
« Il y a sept mois que la dépression me ronge. Dès je ferme les yeux, il y a une voix qui martèle dans ma tête : “Regarde toi : tu n’es qu’une merde. Tu es fini. Depuis que tu as quitté le Top 14, tout le monde t’a oublié. Tu ne mérites pas de vivre”. Cette voix, ce type, je n’arrive pas à les faire taire. Je n’y arrive plus…
Je sais que beaucoup de joueurs souffrent du même mal que moi. Mais ils n’osent pas le dire. Il faut pourtant qu’un jour ou l’autre, la parole se libère. Quand j’ai lu l’interview de Paul Alo-Emile, j’ai eu envie de lui faire un câlin et de lui dire : « Nous sommes dans la même galère, mon petit frère ». »
Les clubs pros, ils sont tous à la pointe pour leurs entraînements : ils ont des analystes vidéos, ils nous collent des GPS sur la nuque mais ne nous aident pas, quand notre tête va mal. Moi, personne ne m’a préparé à l’après-carrière. Personne ne m’a dit que ce serait peut-être difficile : un jour, tu es sur le toit du monde au Stade de France et le lendemain, tu n’es plus rien. La plus grosse problématique du rugby, ce n’est pas les billets de Sébastien Chabal pour la Coupe du monde : c’est l’état mental des joueurs pros.
Le monde du rugby pro est parfois dur, vous savez. On nous traîte comme des robots. Il y a de la violence, dans les vestiaires. Quand un coach te dit que tu n’es qu’un naze parce que tu as loupé un plaquage, tu charges. Combien de nuits blanches ai-je passé après avoir pris une branlée par un entraîneur qui me trouvait mauvais pour n’avoir pas réussi à courir trois kilomètres ? Je vous le jure : j’ai vu des joueurs en larmes après un debrief de match. Mais si tu en parles, tu passes pour un faible. »