Le journal l’Équipe révèle de nouveaux éléments préoccupants sur l’organisation de la Coupe du monde de rugby 2023 en France, notamment sur le volet budgétaire.
Dans un peu moins de huit mois, s’ouvrira le prochain Mondial de rugby masculin (8 septembre-28 octobre). La deuxième édition organisée sur le sol français en seize ans et peut-être, enfin, l’heure de gloire pour le XV de France. Mais d’ici là, il est diablement difficile de trouver des motifs d’enthousiasme. L’organisation de cet événement croule sous les révélations gênantes et les rapports alarmants pour les organisateurs.
Pour rappel, début octobre, une enquête préliminaire a été ouverte par le Parquet national financier pour des infractions présumées de favoritisme, trafic d’influence et corruption. Le PNF avait pris cette décision après avoir consulté les conclusions des travaux menées conjointement par l’inspection générale des finances (IGF) et l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR). Cette mission avait été demandée par le ministère après la parution d’une première enquête du journal L’Équipe.
« Seule (compte) la livraison du tournoi dans des conditions optimales »
Ce mercredi, le quotidien sportif a divulgué de nouveaux éléments issus de ces investigations. La gouvernance de Claude Atcher, ancien président du comité d’organisation (GIP) et révoqué en octobre en raison de « pratiques managériales alarmantes », y est clairement ciblée. En résumé, les agents de l’État font état d’une gestion budgétaire défaillante et de soupçons de favoritisme et de détournement de fonds publics.
Premier élément mis en exergue, la baisse substantielle des promesses de bénéfices à l’issue du tournoi. Celles-ci ont littéralement fondu. De 200 millions d’euros annoncés en 2017, on passe aujourd’hui à environ cinq fois moins (40 millions) selon les calculs du quotidien.
« Compte tenu du contexte actuel du GIP, la mission estime que l’ambition portée sur les résultats financiers de la Coupe du monde ne constitue pas une priorité. Seule (compte) la livraison du tournoi dans des conditions optimales et la bonne réalisation des opérations engagées dans le cadre de la Coupe du monde, quitte à mobiliser une partie des bénéfices réalisés pour en garantir la réalisation », indique l’IGF. « Le seul objectif à préserver au regard des engagements incontrôlés de l’ancien directeur général (Claude Atcher) est celui d’un résultat raisonnable, de l’ordre de celui garanti par les hypothèses basses du compte de résultat prévisionnel du GIP. » 28 millions d’euros auraient ainsi été oubliés. Un audit financier indépendant a été réclamé par le Parquet national financier (PNF).
Un livre sur le travail de Claude Atcher qui interroge
L’Équipe recense par ailleurs plusieurs faits susceptibles d’intéresser la justice au niveau pénal : la rédaction d’un livre mettant à l’honneur le travail de Claude Atcher – l’entourage de ce dernier parle d’« héritage ». L’écriture de cet ouvrage a été facturée 12 000 euros à une jeune autrice. Des soupçons de favoritisme dans l’octroi de marché public font également l’objet d’investigations. Ceux-ci concernent des trajets en VTC mis sur la note du Groupement d’intérêt public France 2023. Le chef d’accusation de « corruption » serait en revanche abandonné par le PNF.