L’entraineur des trois-quarts du XV de France, Laurent Labit va quitter son poste dès la fin de la Coupe du monde afin d’intégrer le staff du Stade-Français Paris en tant que manager sportif.
Interrogé via L’équipe, ce-dernier a expliqué sa décision de quitter les Bleus pour le club de la Capitale.
Il explique pourquoi la vie d’un club lui manque. Extrait:
“Comme je l’ai dit à Bernard Laporte, Fabien Galthié, le docteur Hans-Peter Wild et Thomas Lombard, je suis engagé à bloc avec l’équipe de France jusqu’à la fin de la Coupe du monde. C’est aujourd’hui ma priorité. Pourquoi revenir en club ? Pendant seize ans, j’ai été habitué à prendre des décisions, planifier et diriger. Aujourd’hui, avec notre fonctionnement, Fabien s’appuie beaucoup sur moi et sur nous. Il prend le temps de nous consulter pour tout et lui prend bien sûr la décision finale. Je retrouve un peu de ce que je faisais. Le boss, le patron, c’est Fabien.
Au bout d’un moment, ça manque un peu. La sélection, comme le dit Fabien, c’est le sublime. Ce sont les meilleurs joueurs du pays contre les meilleurs du pays adverse, dans ces conditions superbes, devant des millions de téléspectateurs et des stades pleins. Tu as onze matches dans l’année, tu prépares onze finales. Mais tu n’as pas le quotidien du club, l’aspect construction, le développement des joueurs, le côté éducateur.
Je suis content de voir arriver Antoine Dupont mais je ne lui apprends rien. Je ne vais pas développer Antoine pendant trois semaines de tournée ou pendant le Tournoi. Ce n’est pas mon rôle. Quand tu as l’âme d’un entraîneur, ça te manque forcément. Il n’y a rien de plus beau que de prendre un joueur et de l’amener à un endroit où, même lui, ne pensait pas pouvoir aller.
De par mon expérience de seize ans de club et mes quatre ans et demi avec Fabien, je vais revenir en club différemment. Au Racing, avec Laurent (Travers), on était deux et on faisait tout. C’est pour cela que j’ai sondé Karim (Ghezal) et que je voulais qu’il vienne, afin de prendre en charge aussi l’équipe. Il sera entraîneur en chef, il aura la méthodologie d’entraînement, la construction des séances.
Je serai en appoint de ça, avec un entraîneur de l’attaque, un entraîneur de la défense, un entraîneur du jeu au pied, des skills. Karim chapeautera ça et moi je serai au-dessus. Je vais m’organiser différemment. Je vais me servir de l’expérience de la sélection et du fonctionnement de Fabien. Je lui ai dit d’ailleurs très sincèrement. Il m’aura appris plein de choses.
Dans le rugby, c’est un expert. Je le savais déjà parce que j’ai eu la chance et le privilège de jouer avec lui en club et en sélection. En club, j’ai joué trois ans avec lui, moi en dix et lui en neuf. Après cinq minutes de match, il savait déjà ce qu’il allait se passer et ce qu’il fallait faire. Je ne suis pas surpris. Si je reviens en club, c’est aussi sa faute. C’est lui qui m’a redonné l’envie de coacher et manager différemment. Je repars avec des billes que je n’avais pas lorsque je suis arrivé.”
Dans la foulée, il explique pourquoi il a choisi le Stade-Français Paris. Extrait:
“J’ai eu plusieurs sollicitations. Mais le Stade Français est un club qui a une histoire. Un club particulier, celui de la capitale. Une fois que j’ai rencontré les gens, ça m’a attiré. Le Stade Français, c’est quatorze Brennus, peut-être quinze cette saison. C’est en tout cas que je souhaite de tout coeur pour le club et surtout pour Gonzalo Quesada. Il y a des choses à faire dans ce club qui n’a pas gagné de titre récemment (le Challenge européen en 2017 et le Top 14 en 2015) mais il est en train de repartir. On va essayer de surfer sur la dynamique actuelle.”
Il explique ensuite pourquoi il ne fera pas son retour au Racing 92. Extrait:
“Je l’avais vu il y a quelques mois. On avait discuté autour d’un café. Je lui avais dit ma tentation de revenir en club. Je pouvais continuer en sélection ou revenir en club. Lui m’avait cité quelques clubs potentiels dont le Stade Français. On en était resté là. Pour moi, Jacky restera toujours Jacky. C’est le président avec qui on a gagné (en 2016). Avec moi, il a toujours été plus que réglo avec moi. Super même. Il m’a offert des conditions et les meilleurs joueurs au monde pour travailler, avec une finale à Barcelone (contre Toulon, victoire 29-21 à 14 contre 15 pendant une heure) dont on se rappellera toute notre vie. Comme moi, il fait des choix professionnels.”