L’ancien ouvreur du Rugby Club Toulonnais, Jonny Wilkinson a accordé un entretien exclusif au journal L’équipe.
Ce-dernier n’a pas manqué de dire le plus grand bien de l’équipe de France à l’approche du Crunch programmé samedi après-midi à Twickenham. Extrait:
“Je vois une équipe libérée, avec des joueurs qui s’expriment et se font plaisir dans ce qu’ils font. Il y a une bonne connexion entre eux, du respect humain, pas juste celui du joueur de rugby. Avec un soutien comme ça, c’est possible d’aller chercher plus haut et de prendre des risques, de jouer avec plus de spontanéité, de vitesse et de joie. Le problème, c’est qu’avec le succès, de temps en temps, on devient plus “contrôleur” et pas “explorateur” ! Je pense que la défaite contre l’Irlande (32-19, 11 février), c’était une bonne chose pour leur rappeler que la libération c’est beaucoup plus puissant !”
Il ne manque pas d’encenser le sélectionneur Français Fabien Galthié. Extrait:
“En 2002, quand on a perdu à Paris (20-15), cette équipe de France avait fait une performance incroyable. Et Fabien était au centre de tout ce qu’elle faisait. Il n’allait pas changer un match avec son physique, mais avec son état d’esprit et sa compréhension du sport, du mouvement, de ce qu’allait faire la défense, de ce qu’il fallait faire à chaque endroit du terrain, de comment se connecter à ses partenaires, là, c’était un génie, c’est sûr ! Et c’est peut-être une bonne recette pour faire un entraîneur, cet état d’esprit. Aujourd’hui, c’est un peu pareil avec le 9 et le 10 de cette équipe de France !”
Il analyse dans la foulée le jeu pratiqué par les Bleus. Extrait:
“Cette équipe de France ne perd pas ce qu’elle est. Oui, ils tapent le ballon, mais est-ce qu’ils jouent un autre style de rugby ? Non ! C’est caché dans leur façon de jouer. Ce n’est pas comme si tout le monde disait que c’était ennuyeux maintenant de regarder l’équipe de France, parce qu’ils ne feraient que taper le ballon… Ce n’est pas du tout ça ! On a toujours l’idée qu’ils sont capables d’attaquer de partout, de jouer et de maintenir une vitesse intense.”
Pour conclure, Jonny Wilkinson parle de la problématique du 10 en Angleterre, un choix qui devra être fait entre George Ford, Owen Farrell et Marcus Smith. Extrait:
“C’est toujours une bonne chose d’avoir le choix entre de grands joueurs ! Ça ne sera pas un choix par défaut, ça relèvera de la volonté du sélectionneur. Ils sont tous les trois différents dans leur façon de jouer, donc ce qui est important, c’est de bien déterminer le plan de jeu, savoir comment connecter l’ouvreur aux autres joueurs. Et il faut réussir à maintenir du soutien entre ces trois joueurs : même si un ne joue pas, ils doivent rester tous les trois inclus dans l’équipe, participer à toutes les réunions. Il ne faut pas perdre un seul de ces trois joueurs à cause d’un manque de communication. Il faut garder ce qu’il y a de bon chez chacun, même si c’est juste pendant les entraînements ! Ça sera une super chose pour l’équipe d’Angleterre, ça va la pousser.
Marcus Smith a une bonne vision, unique et spéciale en attaque. Il voit une image différente. Là où beaucoup se diraient : “Mais c’est difficile, ça !”, lui, il voit une opportunité ! Et il en voit partout parce qu’il a cette capacité à profiter des petits espaces. Autour de lui, il faut une équipe préparée à prendre ces opportunités. Si ses partenaires sont plus rigides dans ce qu’ils font, on va perdre son point fort, cette capacité, un peu comme les Français, de changer le rythme d’un match. Il est aussi en train d’apprendre comment maîtriser un match, les situations délicates, le temps fort de l’adversaire, une action sous les poteaux, etc. Et il apprend ça avec beaucoup d’envie, il veut s’installer dans la stratégie.”