Le jeune ailier Ethan Dumortier s’est confié via Le Parisien pour évoquer son premier Tournoi des Six-Nations disputé avec le XV de France.
Ce-dernier explique comment il a intégré le groupe France suite à la blessure de Gabin Villière. Extrait:
« J’avais déjà eu la chance d’être appelé en novembre pour la tournée d’automne, mais mon rôle était différent, c’était juste pour découvrir. Quand je me suis retrouvé avec la chasuble de titulaire à Capbreton, je me suis dit qu’il ne fallait surtout pas s’emballer. J’ai essayé de rester calme. Je savais que ce n’était pas définitif. D’ailleurs, Gabin Villière (l’ailier de Toulon habituel titulaire) est revenu de blessure et nous a rejoints au stage. J’ai pensé que ce que j’avais fait n’était pas perdu. J’ai échangé avec lui, je n’étais pas dans une optique de concurrence. Et puis, il s’est blessé et là, j’ai su que c’était mon tour pour de bon. »
Il raconte la première fois qu’il a reçu le maillot de l’équipe de France. Extrait:
« C’est Fabien Galthié et Raphaël Ibanez qui me l’ont remis. Fabien m’a dit que j’entrais dans une grande famille. Je suis le n° 1184 de l’équipe de France, ça veut dire que beaucoup de joueurs sont passés avant moi. À l’approche du match contre l’Italie à Rome, j’étais plutôt serein mais après l’échauffement, quand on enfile le maillot et que l’on patiente, ça remue. Ce n’est pas le plus stressant car on n’attend rien de nous à ce moment-là mais c’est un saut dans l’inconnu. Au moment des hymnes, j’ai pensé à tout le monde, mes proches, mes coéquipiers. »
Il raconte ensuite son premier essai inscrit avec les Bleus, contre l’Italie. Extrait:
« J’avais déjà beaucoup d’énergie mais ça m’a galvanisé encore plus. Cet essai m’a détendu. Bon, ce n’était pas le plus difficile. Rattraper le ballon en l’air et le déposer derrière la ligne, ce n’est pas comme traverser le terrain au milieu de la défense adverse. Sur le coup, Romain Ntamack qui m’avait fait la passe au pied, est venu me voir et m’a dit de ne pas oublier de le remercier, que c’était un cadeau. Après je l’ai remercié je ne sais combien de fois (rire). »
Puis son premier débriefing et les premières critiques émises à son sujet par le staff. Extrait:
« Tous les lundis, on fait le point avec les entraîneurs. Nous avons constamment un retour sur ce que nous faisons. C’était plutôt bien contre l’Italie mais par exemple contre l’Écosse, j’ai fait un crochet intérieur à un moment qui nous coûte un essai, et une énorme faute défensive. Il faut être capable d’entendre les critiques. Fabien Galthié, Laurent Labit (trois-quarts), William Servat (avants) et même Jérôme Garcès (arbitrage) m’ont parlé sur des points précis qui concernaient leur domaine d’action. »
Concernant le match perdu contre l’Irlande, il avoue avoir été impressionné par l’intensité de la rencontre. Extrait:
« Ce match, c’était du jamais-vu. Au bout de quelques minutes, je me suis demandé où j’étais tombé. Cela allait à une vitesse, avec une telle intensité… Là, c’était vraiment du solide. Je me suis dit que je m’en souviendrais toute ma vie. La défaite (32-19), on l’a analysée maintes et maintes fois. Notre erreur, c’est que l’on n’a pas su imposer notre rythme pour faire déjouer les Irlandais. Nous avons été submergés. »
Lorsqu’il a bénéficié de quelques jours de repos, Ethan Dumortier a voulu décrocher pour se régénérer. Extrait:
« Après l’Irlande, nous avons eu quelques jours de repos. Je suis rentré chez moi à Lyon où j’ai retrouvé ma compagne Zoé. Cela faisait trois semaines que j’étais parti, en immersion, à ne penser qu’au rugby. Alors j’ai eu besoin de débrancher. J’étais fatigué aussi alors je n’ai pas fait grand-chose. J’ai dormi tard le matin et avec Zoé nous sommes allés nous poser certains soirs dans différents endroits de Lyon, pour se dépayser sans trop se déplacer. Nous nous sommes promenés tranquillement. »
Il se confie ensuite sur son premier match au Stade de France. Extrait:
« Zoé et ma famille étaient là. C’était très spécial pour moi car je n’avais jamais mis les pieds au Stade de France avant, même pas pour aller voir un match. C’était impressionnant, comme si j’avais été jeté dans une arène. La Marseillaise à domicile, c’est quelque chose. Un moment fort. C’est encore parti très vite contre l’Écosse. Ce que j’en retiens surtout, c’est cette sensation que l’on maîtrisait nos temps forts et nos temps faibles. Pour un joueur, comme moi, qui n’est pas un cadre, c’est plus facile car on ne s’occupe que de sa propre performance. Ce sont les leaders qui tiennent le match et décident de la stratégie. J’ai marqué très vite (8e) et j’ai failli mettre un doublé. Je me demande encore pourquoi j’ai fait ce crochet intérieur. »
Il raconte ensuite la magnifique victoire des Bleus à Twickenham. Extrait:
« Tout est neuf pour moi, mais là, j’ai bien eu conscience de vivre quelque chose d’exceptionnel. À un moment, on avait l’impression que tout se déroulait comme dans un rêve. Les essais et les points défilaient pour nous. Il a fallu se dire de ne surtout pas se relâcher. Sur le coup, en sortant du terrain, je ne me suis pas vraiment rendu compte de la portée de cette victoire (10-53) mais les jours suivants, avec les articles dans la presse, j’ai pris conscience que j’avais vécu quelque chose d’unique que je ne revivrais peut-être plus jamais. Cela m’a rendu fier. »
Pour conclure, le joueur Lyonnais indique penser énormément à la Coupe du monde. Extrait:
« Nous nous sommes quittés ce dimanche. Cela m’a fait drôle. On a passé deux mois ensemble. C’est comme vivre dans un tourbillon et en être éjecté d’un coup. Je ne sais pas si je porterai de nouveau ce maillot un jour, si je serai titulaire. Si je suis pris la prochaine fois, c’est pour la Coupe du monde. C’est incroyable. J’y pense tout le temps. Mais avant, il y a le retour en club. Dès ce lundi, je vais retourner à l’entraînement. Nous avons un match important le week-end prochain contre Toulon. Je ne sais pas ce que décideront les coachs mais je serai là. Je prendrai des vacances plus tard. »