Le surpuissant deuxième ligne du Stade-Toulousain, Emmanuel Meafou s’est confié via RMC Sport avant d’affronter les Sharks de Durban, ce samedi après-midi en quart de finale de la Champions Cup.
Il explique dans un premier temps avoir commencé par le rugby à XIII avant d’intégrer le rugby à XV. Extrait:
“J’ai commencé par le rugby à XIII avec mon père et mes frères. En Australie, avec la NRL, c’est le sport numéro un au pays. Mais je n’étais pas très bon. J’étais grand et si je pouvais avancer de dix mètres, je pouvais aussi reculer de dix! A 16 ans, j’ai voulu rejoindre le rugby à quinze, puisque tous mes amis y jouaient. Donc j’ai joué à l’école, puis en club. A cet âge-là, tu rêves de Super Rugby, des Wallabies. Mais ce n’était pas une option pour moi, personne ne m’a proposé de contrat.”
Il craignait de devoir arrêter le rugby. Extrait:
“Dans ma tête, à la sortie de l’école, si je ne signais pas en Super Rugby, c’était la fin pour moi. Pas de contrat, même pas en “Académie”, l’équivalent des Espoirs ici…
Je suis resté chez moi et je n’ai fait que manger et prendre des kilos… bon, ensuite, un ami de mon père a insisté pour que je me bouge. A cette époque-là, j’ai travaillé sur des échafaudages en tant que vitrier. Mais je restais en bas à passer le matériel. Je ne montais pas, c’était trop haut pour moi (rires)!”
Il est finalement revenu au rugby. Extrait:
“Oui, dans un petit club à côté de Brisbane, près de chez moi. J’ai joué plus d’un an en tant que 2e ligne. Et là, j’ai été appelé par les U20 des Melbourne Rebels. J’ai fait six mois avec eux, avant de rentrer, puis six mois à nouveau, mais à Sydney. Et ensuite, j’ai eu un contact avec le Stade Toulousain.”
C’est alors qu’il est contacté par Toulouse alors qu’il songeait à partir aux Etats-Unis pour jouer au football Américain. Extrait:
“Au départ, j’avais décidé d’aller aux Etats-Unis pour du football américain. J’avais fait des tests physiques en Australie, à Brisbane. Et j’avais été choisi pour aller faire d’autres tests pendant trois mois à “IMG Academy” en Floride. Mais il y a eu le contact avec Toulouse. J’ai hésité car je suivais beaucoup le football américain, à la télé ou sur les réseaux sociaux. Sauf qu’il n’y a eu que des tests physiques. Je n’ai finalement jamais pratiqué ce sport.”
Il l’avoue : il n’était pas serein au moment de rejoindre Toulouse. Extrait:
“Ça faisait peur. Mais je n’avais aucune autre option. Je n’avais pas de proposition en Australie. Dans le cas contraire, j’aurais pu rester chez moi. Après, avec mes origines samoanes, je connaissais Jo Tekori et Jerome Kaino, qui jouaient à l’époque pour Toulouse. C’était plus facile. Mais la France, c’était très loin, c’est vrai. Ça a été difficile. Mais cinq ans plus tard, ça va mieux.”
Il indique avoir traversé des moments très compliqués. Extrait:
“Pendant la Covid notamment. Le jour de mes 21 ans, j’ai vécu mon anniversaire seul chez moi, dans mon studio. J’étais là depuis deux ans mais c’était encore dur. Mais on a beaucoup travaillé. Et maintenant, je suis très content d’être dans ce grand club du Stade Toulousain et dans ce pays magnifique.”
Questionné sur son gabarit, Emmanuel Meafou dévoile son poids. Extrait:
“Ça dépend. Si j’arrive à 140 kilos, c’est très bien, mais 145, c’est un bon poids aussi. J’ai beaucoup évolué cette saison à ce poids-là.”
Lors de son arrivée en France, il pesait 162 kilos. Extrait:
“Quand je suis arrivé en France à l’âge de 19 ans, je pesais 162 kilos! Je me rappelle, je suis monté sur la balance dans le gymnase d’Ernest-Wallon et là, quand j’ai vu ça… c’était compliqué de jouer en Top 14. Et même en Espoirs. Je me suis dit: “là, on va travailler” (il éclate de rire)! Il n’y avait rien à dire, juste à travailler.”
Selon lui, son physique est une chance pour jouer au rugby. Extrait:
“C’est un physique unique, j’ai la chance d’être comme ça, même si ce n’est pas moi qui ai choisi. C’est pour ça qu’on a travaillé avec tout le staff pour que je perde du poids, pour mettre le meilleur Emmanuel sur le terrain. Et en dehors aussi, car à 162 kilos, ce n’est pas possible.
Il y a eu des moments difficiles. Mais je le sais, je veux jouer au rugby à haut niveau. Donc on a travaillé et maintenant, on est bon. Je me pèse tous les matins, on continue, pour trouver mon bon poids.”
Il concède cependant que la France n’est pas le meilleur endroit pour suivre un régime. Extrait:
“Ah c’est sûr! Côté alimentation, j’adore tout (grand sourire)! En France, il y a du pain, du beurre, plein de choses… c’est quelque chose que je travaille avec tout le monde, au club et même à la maison avec ma femme, pour trouver un bon équilibre. Mais c’est dur! Avant d’arriver ici, je n’avais jamais goûté au foie gras. C’est vraiment très bon, mais c’est un problème (rires)! Ce n’est pas bon mais c’est bon (il rigole et se tape sur la main comme pour signifier un interdit)!”
Il explique également pourquoi il aime le jeu pratiqué en Top 14. Selon lui, c’est une véritable guerre chaque week-end. Extrait:
“Moi j’aime le contact. Et en Top 14, il y a beaucoup de bons joueurs. Sur le terrain, c’est la guerre. A chaque fois, tu veux gagner. Sur un plaquage, quand tu portes le ballon, sur chaque impact. Mais en dehors du terrain, il y a beaucoup de respect. Skelton, souvent après des matchs, m’envoie un message pour me dire: “tu as fait un bon match, continue comme ça”. Piula Faasalele qui joue maintenant à Perpignan, a fait beaucoup pour moi quand j’étais à Toulouse. Et d’autres comme Jo Tekori, Jerome Kaino ou Charlie Faumuina m’aident. Si je suis le joueur que suis, je ne le dois pas qu’à moi. Il y a du monde qui travaille avec moi.”