Le groupe Michelin est devenu actionnaire à 100% du club Clermontois après avoir comblé une perte estimée à 6,5 millions d’euros.
En tout, Michelin a injecté 11 millions d’euros dans les caisses de l’ASM pour la saison à venir.
Lors d’un entretien accordé au journal régional La Montagne, le président de Clermont, Jean-Claude Pats a expliqué ce déficit de 6,5 millions d’euros. Extrait:
“Le club a perdu cette saison près de 6,5 millions d’euros. C’est un déficit substantiel lié à des raisons structurelles et conjoncturelles propres au club et qui dépassent le club. En Top 14, la majorité des clubs ne gagnent pas d’argent et peu font des bénéfices. Même si la France n’est pas trop mal lotie, l’économie du rugby est fragile, ici comme en Europe. Je constate aussi que le poids des droits télés, 20 % de notre budget, ne suffit pas à asseoir le club économiquement, contrairement à d’autres sports. Et lorsque les résultats ne sont pas à la hauteur, ça se voit rapidement sur la billetterie et les partenariats, qui représentent deux tiers de nos revenus.
Il y a d’autres raisons spécifiques au club, avec des départs négociés qui ont généré des charges exceptionnelles et le fait de ne plus être un grand fournisseur de l’équipe de France, ce qui diminue les aides compensatoires de la fédération. Et des raisons liées au contexte : les effets du Covid dans la durée, avec la fin des exonérations accordées par l’État ou les PGE (prêts garantis par l’État) qu’il faut rembourser, et bien entendu l’inflation, qui joue sur nos dépenses.”
Il ne le cache pas : sans Michelin, l’ASM était en très grand danger. Extrait:
“Il était dans l’incapacité de faire face. A minima, le club allait être relégué, au pire, il pouvait disparaître. La réalité d’aujourd’hui nous amène à dire que c’était un chemin sans issue.”
Le discours est assez inquiétant. Extrait:
“Les fonds propres du club étaient à zéro, la trésorerie aussi, ou presque. La seule solution était d’augmenter le capital. Ce que l’ASM Omnisports ne pouvait pas faire, car c’est une association et elle n’a pas les fonds. Le groupe Michelin injecte 11 millions d’euros et devient propriétaire du club à 100 %. Il le fait par devoir, mais sur la base de nouvelles ambitions. Pour l’entreprise, compte tenu de ce que le club et elle-même représentent pour le territoire, la relégation ou la disparition n’était pas envisageable. Un partenaire, Michelin ou autre, aurait pu simplement combler le déficit, mais cela n’aurait résolu en rien le problème de fond. Il fallait imaginer autre chose, réinventer un modèle sain, qui ne dépend pas de subventions publiques (elles pèsent 0,2 % du budget).”
Il explique ensuite pourquoi Michelin a décidé d’injecter 11 millions d’euros. Extrait:
“C’est un montant défini par nos experts sur la base de la situation et sur des projections en termes de résultats sur les trois prochaines saisons. Cela doit permettre au club de s’asseoir sur des fonds propres suffisants pour lui donner les moyens de mettre en œuvre son nouveau modèle économique. À nous de travailler pour que Michelin ne soit pas obligé de combler d’autres pertes. Pour moi, c’est inenvisageable. Michelin reste aussi partenaire (à hauteur de 2,8 millions d’euros, NDLR). Le groupe assume ses responsabilités. Mais plus que jamais, nous allons avoir besoin dans les mois qui viennent du soutien de nos supporters et partenaires. Le groupe Michelin ne les remplacera pas, nous aurons besoin de tout le monde.”