Le technicien Gonzalo Quesada s’est longuement confié dans les colonnes du journal L’équipe sur son départ du Stade-Français Paris.
Ce-dernier avoue avoir pris une grosse claque en apprenant que la direction du club le mettait à la porte un an avant le terme de son contrat. Extrait:
“J’ai pris une grosse claque. Sur le moment, j’ai pensé à partir. Ma deuxième saison (2021-2022, 11e place en Top 14) n’avait pas été simple. Je garde pour moi ce qui doit rester dans l’intimité du club. Mais disons que le fonctionnement ne m’allait pas. Avant le dernier match de la saison face à Brive (5 juin 2022), comme l’a expliqué le Dr Wild, j’ai proposé d’arrêter. Le lendemain, j’ai eu une longue réunion avec le Dr Wild. Il m’a demandé de rester et il a été décidé que je devienne “directeur sportif”. C’était une idée de Thomas (Lombard, directeur général) à la base. J’étais d’accord. Cette réorganisation était évoquée depuis plus d’un an. Nous repartions sur un cycle de deux ans. C’est vrai aussi que j’ai demandé, par loyauté et respect, que les contrats de Julien (Arias, en charge des trois-quarts) et Laurent (Sempéré, en charge des avants) soient alignés avec le mien. Je n’ai pas pris de vacances. On a bossé très dur tout l’été pour se préparer à une grosse saison.”
Il évoque une sensation horrible. Extrait:
“Entre juillet et octobre, pendant que le docteur et Thomas rencontraient Laurent Labit à plusieurs reprises, je travaillais en toute confiance avec Thomas et Christophe (Moni, en charge de la cellule recrutement) sur la préparation de la saison suivante, le recrutement, etc. Voilà pourquoi la sensation a été horrible quand cette histoire est sortie dans la presse. Le docteur a parlé d’une opportunité pour le club. Évidemment il fait comme il le veut, il faut le respecter. Mais c’était dur à comprendre. Le Dr Wild doit gérer et prendre des décisions sans être au club 90 % de la saison, en se basant sur ce qu’on lui dit. Ce n’est pas simple. Je me demandais comment j’allais pouvoir continuer dans ces conditions.”
Il explique dans la foulée pourquoi il a décidé de rester au club jusqu’à la fin de la saison malgré ce gros retournement de situation. Extrait:
“J’ai réuni les leaders pour leur dire que je pouvais mettre tout ça de côté, que j’aimais ce club, mais que ce serait quand même difficile de continuer. Je n’ai pas un ego énorme, mais j’ai un minimum de respect pour moi. Les leaders ne concevaient pas mon départ. Idem pour le staff. Ils m’ont tous convaincu de rester. J’ai décidé d’avancer mais évidemment je n’oublie pas.
J’ai serré les dents chaque jour. Les joueurs ont été énormes, ils n’ont pas lâché, ils ont tenu leurs engagements. Il y a eu des gestes de soutien touchants. Ce n’était évident pour personne. D’un coup, de nombreux joueurs et membres du staff se retrouvaient dans le flou concernant leur avenir. Les coaches ont été très bons aussi cette saison, Paul Gustard (entraîneur de la défense), Kobus Potgieter (manager de la performance) et James Kent (entraîneur spécialiste de la technique individuelle) ont apporté beaucoup à tous les niveaux. Mais “Lolo” (Sempéré) et Julien (Arias), qui, comme moi, savaient que le club ne comptait pas sur eux pour l’avenir, ont été d’un niveau d’engagement et d’une qualité de travail énormes. C’était bien plus dur pour eux. Tous les coaches sont pour beaucoup dans la réussite de cette saison.”
Il affirme quitter le Stade-Français Paris en paix. Extrait:
“En paix et satisfait. Malgré le contexte, le Stade Français en 2023 est meilleur que celui en 2020. Le club a progressé. Sur la culture de travail, le professionnalisme, l’organisation, l’effectif, les infrastructures, le boulot a été fait. Après ces trois saisons, le club est plus orienté vers la performance. Il manque juste un terrain d’entraînement pour l’équipe professionnelle. On n’a pas pu s’entraîner à Jean-Bouin plusieurs semaines où le FC Versailles ou l’équipe féminine du PSG y jouaient. Idem les semaines de séminaires ou les matches entre youtubers, ni pendant les fashion week. Pour le terrain du stade Dominici, les moins de 18 ans s’y entraînent et y jouent, les Espoirs et les Féminines aussi. Ça sera mieux au Camp de Loges. Concernant le staff, je constate que Paul (Gustard) a été un bon choix alors qu’au club on évoquait des doutes sur l’incorporation d’un entraîneur anglo-saxon. Laurent (Labit) et Karim (Ghezal), deux excellents entraîneurs et amis, pourront continuer à construire sur des bonnes bases.”
Il précise s’être toujours bien entendu avec Thomas Lombard, le Directeur Général du club de la Capitale. Extrait:
“Je m’entends bien avec Thomas. C’est lui qui m’a convaincu de revenir et il fait beaucoup pour le club. Après, je connais mon métier, la dynamique des groupes, la gestion d’équipes, j’ai mes convictions sur la façon de manager, d’entraîner et de jouer, avec quelques années d’expérience et quelques formations professionnelles. La deuxième saison, le fonctionnement n’était pas fluide, c’est vrai. J’ai fait beaucoup d’erreurs aussi. Il y a eu quelques désaccords sur le choix des entraîneurs, la gestion des joueurs, des familles, mais rien de très grave à mes yeux. Cette troisième saison, avec des rôles bien définis, était meilleure. Elle est plutôt réussie. Ce groupe aurait sans doute mérité d’aller en demi-finales (défaite à domicile en barrage face au Racing 92).”
Pour conclure, Gonzalo Quesada affirme ne pas vouloir fermer la porte à un éventuel retour à Paris dans les années à venir. Extrait:
“Je ne fermerai jamais la porte. Malgré tout ce qui s’est passé, je garde du respect pour Thomas et le docteur. Les amoureux du Stade Français doivent beaucoup de gratitude et de respect au Dr Wild. Je pars en bons termes. Ce qui m’a fait mal à l’époque, ce sont les fausses informations qui ont fuité dans la presse pour justifier le changement. Raison pour laquelle j’ai accepté de faire cette interview, pour clarifier les choses. En 2020, le Stade Français venait d’enchaîner cinq saisons sans phase finale. Le club occupait même la dernière place avant l’arrêt de la saison en raison du Covid-19. Avec ce groupe et ce staff, on s’est qualifié deux fois en trois saisons.”