Le technicien Julien Laïrle a quitté l’Union Bordeaux-Bègles cet été afin de rejoindre Christophe Urios du côté de Clermont.
Lors du licenciement de Christophe Urios en pleine saison, Julien Laïrle a été propulsé à la tête de l’UBB.
Interrogé via Midi Olympique, il confirme avoir eu besoin de repos suite à cette saison très particulière. Extrait:
“C’est vrai que depuis que je suis en Top 14, ces repos sont importants mentalement. Ça nous permet de prendre un petit peu de recul sur notre saison. C’est quelque chose que je fais seul. Nous passons tellement de temps ensemble tout au long de la saison qu’avec Fred Charrier, qu’on se dit que quatre semaines, ça ne serait pas de trop pour ne plus se voir (rires). Nous avons discuté un petit peu ensemble mais maintenant, nous changeons complètement de projet, nous repartons avec Christophe et un nouveau statut.”
Il est ensuite revenu sur la saison effectuée par l’UBB avec une défaite en demi-finale. Extrait:
“Malgré cette frustrante défaite en demi-finale, nous avons su garder le cap que nous nous étions fixé lors de ces quatre années. J’ai besoin de parler du staff qui était quand même celui de Christophe Urios, il ne faudra pas qu’on l’oublie. Je pense que la première des choses à souligner est l’état d’esprit du groupe sur le terrain. Ça, tu ne l’apprends pas en sept mois, c’est une culture qui a été développée par le staff et Christophe. C’est ce qui nous a permis de tenir dans cette tourmente et cet environnement qui était plutôt négatif autour de nous.”
Selon lui, ce ne sont pas les résultats sportifs qui ont provoqué le licenciement de Christophe Urios. Extrait:
“Je pense que l’éviction de Christophe n’est pas liée aux résultats sportifs. Parce que si les résultats sportifs avaient été un problème et que la compétence du staff et de Christophe avait été un problème, je pense que pour sauver l’UBB, on aurait changé le staff ou du moins mis un autre manager à sa tête. C’est ce qu’ont fait tous les autres clubs qui ont changé de manager. Donc je pense que tout le monde était conscient que le boulot mis en place durant ces trois ans et demi était cohérent et que ce qu’on faisait sur le terrain était validé par les joueurs. Les joueurs auraient pu demander à ce que le staff sorte parce que la compétence n’était pas là, et ce n’a pas été le cas. Ceux qui ont amené l’UBB en demi-finale pour la troisième saison consécutive, c’est le staff de Christophe Urios et personne d’autre.”
Il n’est pas forcément d’accord avec le licenciement de Christophe Urios. Extrait:
“Quand tu fais un peu le point, c’était évident de sortir Christophe du groupe à ce moment-là car le classement du club permettait de justifier son départ. Mais l’éviction de Christophe est survenue après la défaite à Pau, alors que nous sommes allés jouer ce match avec quatre espoirs sur la feuille et un effectif complètement chamboulé. Nous étions onzièmes donc oui, les résultats n’étaient pas au beau fixe mais après tu recevais Perpignan, Brive, Bayonne et Montpellier… Nous n’avions qu’une seule défaite à domicile, même si à l’extérieur nous étions un peu plus en difficulté. Ces trois matchs qui ont suivi nous ont permis de nous propulser sur le haut du tableau et forcément quand tu es dans le top 8, il est plus difficile de sortir un manager.”
Pour Julien Laïrle, c’est après la demi-finale perdue contre Montpellier, la saison précédente, que tout le staff a été remis en question. Extrait:
“Plus que Perpignan, je pense que c’est une rupture avec le président après la demi-finale contre Montpellier qui a fait que c’était “inévitable”. Pour nous-mêmes, le staff, notre prolongation de contrat a été remise en cause après la demi-finale contre Montpellier.”
Récemment, le président Laurent Marti expliquait vouloir que l’UBB retrouve un jeu offensif avec le nouveau staff désigné pour les saisons à venir. Julien Laïrle ne manque pas de réagir. Extrait:
“C’est une déclaration qui montre qu’à ses yeux, le staff rugby n’avait pas les compétences pour mener à bien le projet de l’UBB et mettre en place des idées de jeu et de rugby qu’a Laurent Marti.”
Il ne cache pas que cette saison lui a fait prendre dix ans en sept mois. Extrait:
“Ça a été un rôle très particulier parce que les joueurs se sont forcément retrouvés au-devant de la scène. Nous avons vécu une saison plus en cohabitation qu’avec un véritable rôle hiérarchique. Maintenant, une autogestion des joueurs, je pense que ça peut marcher sur deux ou trois mois mais je pense que sur sept mois, ça va au-delà de l’autogestion, malgré ce que j’ai pu le lire dans certains journaux ou entendre de la part de certaines personnes du club.
J’ai pris dix ans en sept mois. Parce que tu vis dans un environnement toxique, tu ne te construis qu’autour du fait que « les gens » veulent te voir échouer, te casser la gueule. D’un autre côté, c’est ce qui a été notre slogan pour finir au mieux la saison. Il fallait que ce ne soit pas une saison de transition et que personne ne revive ce qu’il s’est passé il y a cinq ans, quand l’UBB finissait dixième après avoir pris 80 points à La Rochelle. Il fallait être des rebelles. En six ans de management à Angoulême, je n’avais jamais travaillé comme ça. Mais ce fut une expérience hyper intéressante et enrichissante. Avoir travaillé avec des joueurs comme Jandre Marais, Kane Douglas, Maxime Lucu ou Matthieu Jalibert, m’a fait énormément apprendre. C’est une expérience qui va me nourrir dans une autre façon de travailler.
Certaines personnes l’ont peut-être oublié mais j’ai été éduqué dans un fonctionnement où les dirigeants dirigent, le président préside, le manager manage et les joueurs jouent. Dans ma façon de penser le rugby, c’est très important. J’ai encore besoin d’apprendre sur la gestion des hommes et je trouve que Christophe est un meneur d’hommes hors pair. C’est aussi pour cela que j’ai fait le choix de Clermont.”