L’ancien deuxième ligne international Sud-Africain, Bakkies Botha s’est longuement confié dans les colonnes du Midi Olympique.
Il l’affirme : le rugby ne lui manque pas. Extrait:
“Ma carrière fut une bénédiction. J’ai remporté toutes les compétitions auxquelles j’ai participé : le Top 14, la Champions Cup, la Currie Cup et la Coupe du monde. Cela n’aurait pas pu être plus beau. […] John Eales me demandait récemment si je ne voulais pas entraîner. J’ai répondu que non : le rugby était une partie de ma vie, pas toute ma vie.”
Dans la foulée, il avoue ne pas trop être en accord avec le rugby moderne. Il ne s’y retrouve plus. Extrait:
“Je comprends la problématique de World Rugby et des arbitres du circuit international. Ils se doivent de protéger les joueurs. Mais notre jeu devient frustrant, haché, inconsistant… D’un match à l’autre, l’interprétation des arbitres varie. En tribunes ou devant leur télé, les gens n’y comprennent plus rien… Et puis…
J’ai l’impression qu’il y avait sur le terrain plus de personnalités à mon époque. Aujourd’hui, les joueurs se ressemblent tous, finalement. […] Moi, on m’appelait l’exécuteur et j’aimais ça. Je trouvais que ça donnait du piment au grand show. Parce que c’est aussi ça le sport pro, n’est-ce pas ? […] L’évolution des règles a fait disparaître “les exécuteurs” dans mon genre : tu ne peux plus faire du grabuge comme je le faisais dans les rucks. Le rugby d’aujourd’hui ne me conviendrait pas, je crois.”
Il explique qu’en 2011 déjà, le rugby international ne lui convenait plus, raison pour laquelle il a décidé de rejoindre le Rugby Club Toulonnais. Extrait:
“J’ai rejoint la France en 2011 parce que le rugby international ne me correspondait plus : il était devenu trop stratégique, trop réfléchi… Il ne laissait plus les joueurs exprimer leur flair, leur vraie nature… J’ai alors découvert en Top 14 le championnat qui me convenait : brutal mais dans les règles. J’adorais ça. J’aimais aller à Agen, à Brive, à Grenoble et combattre sur des terrains gras. […]
La plus grosse blessure de ma carrière, je l’ai d’ailleurs vécue en Top 14. À Brive, on m’avait cassé le bras (un avant du CAB fut alors suspecté de l’avoir fait de façon délibérée, N.D.L.R.). […] Le Top 14, c’était plus lent que le Super Rugby mais c’était aussi beaucoup plus physique. […] Si tu n’es pas prêt, le Top 14 te mâche, te casse, t’éjecte. Un jour à Agen, j’ai plaqué un mec. Il n’a pas apprécié et en se relevant, il m’a mis sa godasse en pleine tête. J’ai quitté le terrain avec quinze points de suture.”
Il rappelle que tout au long de sa carrière, de nombreux joueurs ont tenté de le faire dégoupiller. Extrait:
“Des dizaines de fois… À mes débuts en Currie Cup, mes adversaires me provoquaient déjà sans arrêt. Un jour, AJ Venter (ancien deuxième ligne des Sharks, N.D.L.R.) a cherché à me faire sortir de mon match. Alors, avant chaque mêlée, Craig Joubert (arbitre sud-africain, N.D.L.R.) me disait : “Reste avec moi, Bakkies. Il ne t’arrivera rien”. C’était plutôt drôle.”
Une chose est sûre pour lui : le rugby ne rime pas avec violence. Extrait:
“Je n’aime pas associer violence et rugby. Pour moi, violence rime avec couteaux et revolvers, pas avec plaquage et déblayage. […] Certains me prenaient pour un dingue à l’époque où je jouais mais il y a des choses que je ne me suis jamais permis de faire sur un terrain. Les gens pensent que je mords ma femme et que je donne des coups de pied à mes enfants. Mais je suis quelqu’un de très doux, dans la vie.”
Dans la foulée, il indique ne plus vraiment faire de sport. Extrait:
“À ce sujet, je fais souvent cette blague : il est très difficile d’aller courir ou transpirer tous les jours en salle de musculation quand tu n’es plus payé pour le faire ! (rires) Récemment, je me suis mis un peu au “cross fit” mais pas autant que je le souhaiterais. Et puis, la première salle de sport est à 80 kilomètres de l’endroit où je vis…”
Pour conclure, il explique pourquoi tout le monde l’appelle Bakkies Botha et non pas John Phillip, son vrai nom. Extrait:
“Bakkies est mon surnom, depuis mes sept ans. Quand j’étais petit, mes genoux se touchaient. À la ferme, je ne pouvais pas attraper les cochons. Ils filaient entre mes jambes et on se moquait de moi ! En Afrikaan, Bak signifie citerne. Mais on m’appelle Bakkies pour mes genoux rapprochés, pas pour ma peau dure. On m’appelle Bakkies pour les mauvaises raisons ! (rires)”