L’ailier Gabin Villière va enfin effectuer son retour à la compétition, ce samedi soir avec le XV de France pour défier l’Ecosse, à Saint-Etienne.
Auteur d’une saison quasiment blanche, l’ailier Varois n’a qu’une hâte : rejouer au rugby après avoir enchaîné les pépins physiques.
Sa compagne, Jade, s’est confiés dans les colonnes du Midi Olympique. Extrait:
« Tout allait vraiment super bien, puis il y a la première blessure face à Lyon, à Marseille en finale de Challenge Cup. Il a mis longtemps à revenir mais sur toutes ses blessures, la plus rude a été la deuxième. »
Puis sa cheville a de nouveau craqué à Jean-Bouin, contre le Stade-Français Paris. Extrait:
« Celle-là… Ça a été celle de trop. Il a essayé de me faire croire que ça allait, mais il avait perdu un truc en lui. Ça a été dur psychologiquement. Je l’ai poussé à se faire aider avec quelqu’un d’extérieur. Mais, ce n’est pas dans son tempérament, ni dans sa personnalité. On a beaucoup parlé durant cette période, et il m’a toujours dit que ma présence et nos discussions lui suffisaient.
Cette Coupe du monde l’a fait tenir, heureusement qu’elle était là. Sinon je ne sais pas vraiment comment il aurait pu tout surmonter. »
Jade, sa compagne, explique que cette mauvaise période l’a fait énormément mûrir. Extrait:
« On a eu mal parce qu’on a senti qu’il était habitué à vivre ça, que c’était devenu presque la normalité pour lui d’être blessé. C’est ça qui était le plus triste. Mais il a tellement mûri sur cette dernière blessure notamment sur sa manière de voir le rugby. C’était devenu stressant, car il ne prenait pas conscience des choses. Il a toujours voulu revenir plus vite que la normale sur les premières blessures, car il ne sait pas faire autrement qu’être à 100 %. C’était devenu dur à vivre pour tout le monde. D’un coup, il a décidé de prendre soin de son corps aussi bien pour lui, mais avant tout pour ses proches. Il est entré dans ce processus en se servant des derniers, et en évitant les choses qu’il ne fallait pas faire. »
Elle l’affirme : son compagnon s’est posé des questions sur la suite de sa carrière après cette rechute, contre le Stade-Français. Extrait:
« Je pense qu’il s’est posé la question de savoir s’il arriverait à rejouer à 100 %, et aujourd’hui, je le sens bien plus prêt que sur la fin de saison avec Toulon. C’est un autre Gabin que je retrouve sur le terrain, mais surtout en dehors. Le changement est impressionnant. Ça fait longtemps que je ne l’avais pas vu si heureux. Il est plus souriant, comme s’il était apaisé. Gabin est quelqu’un de calme et serein, hormis quand il est sur le terrain. Il redevient celui qu’il était. Il a chassé ses angoisses et son stress du passé. »
Désormais, il est totalement surexcité. Extrait:
« Il est surexcité. Il a l’air de prendre ça avant tout comme du bonheur. Il a trop hâte d’y être. Ce match face à l’Écosse, c’est un peu comme un enfant avant d’aller à Disney. Il est heureux, même si je pense qu’il n’est pas pleinement serein. Mais entre nous deux, c’est moi la plus stressée ! Je ne sais même pas si je vais pouvoir regarder le match. J’ai encore peur qui lui arrive quelque chose… »
Gabin Villière lui-même comprenait que la situation était très difficile pour sa compagne. Extrait:
« Ce n’est jamais facile pour nos compagnes, car on ne peut rien faire après les opérations. Je n’étais pas mobile, et il y a eu des périodes compliquées dans la vie de tous les jours lorsque j’étais plâtré. J’avais le sentiment de ne pas servir à grand-chose. Mais, elle était là, je pouvais compter sur elle et sa force. Je sais que je n’étais pas facile. Elle a été d’un énorme soutien pour traverser cette longue épreuve. »
De son côté, le talonneur Toulonnais et ami de Gabin Villière, Teddy Baubigny donne son ressenti sur le sujet. Extrait:
« Il y avait une inquiétude générale immédiate car on sait tous ce qu’il a traversé pour être là. Quand il m’expliquait sa sensation, j’ai le sentiment avec le recul qu’il dédramatisait la douleur. Il était un peu paniqué, mais il ne voulait pas nous inquiéter. C’était un sentiment étrange. On le rassurait, mais on était conscient de la réalité. Ça a été un coup dur pour le groupe.
Je conserve cette image de lui dans le vestiaire, il était déterminé comme rarement. Il prend la parole lors d’un discours pour motiver tout le monde. On se regarde en sachant d’où il revient et ça impose un respect immédiat. Il a la parole rare, mais elle est juste. Ça a fait un effet domino sur le groupe. Deux jours après, on s’est refait la finale ensemble à la maison. Au bout d’un quart d’heure, je lui dis : « Tu te rends compte du nombre de rucks où tu fous ta tête. Ce n’est pas ton boulot. » Il était mort de rire. »