L’ex-manager du LOU Rugby, Xavier Garbajosa s’est confié via Le Parisien pour évoquer le forfait de Romain Ntamack pour la Coupe du monde, blessé à un genou.
Il évoque une catastrophe pour le joueur. Extrait:
C’est d’abord une catastrophe pour lui. Je pense d’abord au joueur, au garçon, même si c’est terrible pour l’équipe de France aussi. Pour moi, il était indispensable dans le système de l’équipe de France, surtout au vu du nombre de matchs où il a été associé à Antoine Dupont ces quatre dernières années et de l’expérience collective qui s’en dégage. Romain Ntamack était le titulaire indiscutable à l’ouverture.
Mais selon lui, l’équipe de France saura s’adapter à ce forfait. Extrait:
C’est aussi ce qui fait sa force à cette équipe de France, être capable de s’adapter quel que soit le contexte, quelle que soit la problématique. On a bien vu que Fabien voulait installer une certaine stabilité, avec de nombreux joueurs qui ont connu plusieurs sélections successives. Ça fait quatre ans que le staff est en place, ils ont passé le stade de l’expérimentation, ils sont dans la confirmation, donc, c’est plutôt logique. Maintenant, il va falloir remédier à l’absence de Romain, qui arrive au plus mauvais moment. Mais la France a des ressources, elle nous le montre depuis pas mal de temps. Ça doit être un tremblement pour l’ensemble du staff et des joueurs, mais l’aventure continue et il faudra trouver des solutions.
C’est toujours délicat, parce qu’il y a toujours des accointances entre les uns et les autres, le malheur des uns fait le bonheur des autres qui vont prendre sa place, c’est compliqué. Il va falloir vite basculer dans la réalité, la Coupe du monde commence dans trois semaines, ils n’ont pas le temps de tergiverser. Il faut être dans l’action et trouver des solutions pour que l’équipe soit performante.
Selon lui, trois joueurs sont en pôle pour remplacer Romain Ntamack. Extrait:
Je ne vis pas au sein du groupe, donc c’est difficile de répondre. Il y a plusieurs candidats évidemment. Il y a Matthieu Jalibert, qui est la doublure de Romain et qui a toujours répondu présent quand on avait besoin de lui. Thomas Ramos peut aussi être une solution. Et il y a aussi Antoine Hastoy, qui sort d’une très grosse saison avec La Rochelle, sa première, mais qui manque un peu d’expérience au niveau international. Le choix à faire dépendra de l’équilibre de l’équipe, de l’adversaire, des options de jeu.
La qualité indéniable de la charnière Dupont-Ntamack, c’est leur complicité. Qu’elle soit en club, qu’elle soit en équipe de France, c’est la paire la plus alignée, ils se trouvent les yeux fermés, c’est très important. Est-ce que Thomas Ramos peut être le meilleur remplaçant ? Je ne sais pas. C’est un ouvreur de formation, il est pétri de talent, il a beaucoup de qualités, mais si on le met à l’ouverture, il devra être remplacé à l’arrière. Ça peut aussi avoir pas mal de perturbation sur la ligne trois-quarts. Alors qu’en ayant déjà perdu un de ses stratèges, il faudrait conserver le plus de stabilité possible dans le reste de l’équipe.
C’est vrai que la nouvelle paire doit travailler ensemble pour peaufiner la stratégie, leurs choix, des petites choses qui ne se créeront qu’avec l’expérience des matchs. Ça ne se fait pas à l’entraînement. Il faut gagner un maximum de temps et profiter de ces matchs pour que le remplaçant de Romain prenne confiance, avec des choses simples, et qu’il puisse être prêt pour le début de la compétition.
Mais pour lui, la blessure de Romain Ntamack arrive au pire des moments. Extrait:
Non, je pense que c’est le pire des moments. D’abord pour Romain, parce que c’est dramatique. Pour l’avoir vécu, on a l’impression de ne pas avoir été loin, c’est frustrant. Quand ça arrive tôt, tu as le temps de digérer. Ici c’est très soudain, un peu violent. Et pour l’équipe et le staff, après quatre ans de travail avec une ossature définie, c’est compliqué. D’autant plus que c’est un poste clé. La charnière, c’est très important. Et là, à trois semaines du début, ça s’effondre. Alors je ne dis pas qu’il faut tout remettre en question. Matthieu Jalibert et Thomas Ramos sont dans le système depuis longtemps, ils le connaissent par cœur, ils sont largement capables de s’adapter facilement.
Xavier Garbajosa parle également du forfait de Cyril Baille. Extrait:
Effectivement, j’ai une petite pensée pour lui. Avoir plusieurs absences comme ça, c’est toujours un moment compliqué pour le groupe, qui est en pleine phase de préparation et qui perd deux titulaires. On verra si l’absence de Cyril est préjudiciable pendant la compétition mais, actuellement, ça semble être un handicap par rapport à l’épine dorsale de cette équipe qui a connu de nombreux bons résultats.
Pourrait-il réintégrer le groupe avant la fin de la compétition ? Garbajosa n’en est pas certain. Extrait:
C’est très difficile à dire, ce n’est pas moi qui dois prendre cette décision. Maintenant, il y a pléthore de solutions au poste de pilier gauche aussi : Reda Wardi, Jean-Baptiste Gros, Dany Priso, Sébastien Taofifénua. Ils ont tous de la qualité et ils sont capables d’apporter quelque chose. Cyril est un joueur de très haut niveau, sûrement le meilleur au monde à son poste, donc se passer de lui est délicat. Mais on a aucune garantie qu’il ne sera pas victime de rechute après. C’est une vraie problématique pour le staff.
Dans la foulée, il affirme que les joueurs pourraient désormais craindre la blessure après les blessures de Ntamack et Baille. Extrait:
Inconsciemment, c’est sûr que les joueurs vont se poser la question. Je l’ai vécu en 2003 (il avait déclaré forfait suite à une blessure au genou), et ce n’est jamais simple. Ils ont sûrement dû avoir cette pensée au moment de l’annonce du forfait de Romain, mais ce sont des compétiteurs, ils s’entraînent pour performer, ça ne va pas changer. Je pense que le staff médical va être encore plus au chevet des garçons pour les faire récupérer du mieux possible, peut-être alléger un peu les temps d’entraînement. Mais les entraînements ne remplacent pas les matchs, donc il faudra disputer ces deux matchs de préparation à fond pour continuer à créer de la confiance.