La nouvelle du forfait de Romain Ntamack pour la Coupe du monde est un terrible coup dur pour le quinze de France. Mais à moins de quatre semaines du match d’ouverture face à la Nouvelle-Zélande, le staff doit déjà se pencher sur son remplaçant pour mener le jeu des Bleus. Plusieurs options existent.
Il faut se remettre émotionnellement de cette déflagration: perdre un cadre de l’équipe comme Romain Ntamack (24 ans, 37 sélections), plaque tournante du jeu des Bleus, pendant d’Antoine Dupont au sein d’une charnière talentueuse qui se connaît par cœur, c’est un coup sur la tête du groupe France. Le sélectionneur Fabien Galthié a prévenu depuis le début de la préparation. Il y aura des coups durs. Mais personne ne voulait imaginer un forfait d’un joueur du calibre de Ntamack. Maintenant, le quinze de France a encore deux matchs de préparation à jouer (Fidji, Australie), et il faut mettre en place le “plan B”.
Le changement poste pour poste: Matthieu Jalibert
Sur le papier, le demi d’ouverture de l’Union Bordeaux Bègles est le remplaçant tout désigné de Romain Ntamack. Il est le “dix” le plus utilisé par Fabien Galthié derrière le Toulousain (23 de ses 24 sélections durant le mandat du sélectionneur), celui qui a le plus de vécu collectif, qui bute (même s’il se partage la tâche avec Maxime Lucu en club) et qu’on a même mis un temps en balance avec Ntamack, lorsque ce dernier apparaissait moins en forme en retour de blessure l’automne passé. Mais dans la tête des entraîneurs, il n’y avait qu’un titulaire et Jalibert a toujours été utilisé (et meilleur?) en “impact player”, lorsque ses jambes faisaient merveille sur des défenses usées en fin de match. Est-ce que cette image peut changer et ainsi, permettre au Bordelais de prendre les clefs du jeu des Bleus? Répondre à cette question est essentielle, concernant ses capacités de gestion d’un match, car une autre menace pèse sur Jalibert…
L’expérience qui modifie la ligne de trois-quarts: Thomas Ramos
C’est une habitude au Stade Toulousain dans les grands rendez-vous quand Romain Ntamack est absent: c’est Thomas Ramos qui endosse le maillot du demi d’ouverture. L’arrière, déjà habitué à permuter dans le jeu quand il a le 15 dans le dos et à se retrouver premier attaquant, a ainsi débuté des finales de Top 14 victorieuses “en 10”. En 2019 face à Clermont, même si Ntamack était encore aux prémices de sa carrière et qu’il était le plus souvent utilisé au centre cette saison-là (il était remplaçant au Stade de France). Mais aussi en 2021, quand “NTK” avait croisé la route de Seuteni (alors à l’UBB) en demi-finale finale de Top 14, avec une sortie sur civière et un nez cassé en prime. C’est Ramos qui avait été titularisé, avec brio par ailleurs, en finale face à La Rochelle.
Samedi dernier, avec un banc en 6-2 où seuls Lucu et Louis Bielle-Biarrey étaient sur le banc, c’est donc une nouvelle fois le buteur toulousain qui a pris le relais à l’ouverture. Toujours avec le même sang-froid sur la gestion et le même appétit pour l’attaque. Mais son replacement entraînerait deux changements dans la ligne de trois-quarts. Il faudrait évidemment le suppléer à l’arrière. La chance de Melvyn Jaminet ou de Brice Dulin ? Pas encore utilisé sur l’aller-retour face à l’Ecosse et sans match officiel depuis le 22 avril au Stade Français, date de sa blessure à la cheville, l’arrière toulousain pourrait ainsi retrouver son poste du Grand Chelem 2022. Et les Bleus bénéficieraient ainsi d’un suppléant buteur de très haut niveau en cas de sortie de Ramos, ou inversement.
Ce que n’est pas le cas de Brice Dulin, qui a lui été nommé capitaine sur le premier match, quand Jaminet était parmi les six réservistes en cas de blessure. Et précisons que l’ex-Perpignanais ne semblait plus dans les petits papiers du staff lors du dernier Tournoi des VI Nations : absent des trois premières feuilles de match, il n’avait joué que sept minutes lors du triomphe en Angleterre (10-53) et avait été le seul joueur à ne pas fouler la pelouse du Stade de France pour la dernière levée face au pays de Galles (41-28). Alors le staff est-il prêt à faire autant de modifications? Ramos donne des garanties à l’ouverture. C’est une vraie option.
Les perspectives dans les 33 avec ce forfait: la chance d’Hastoy. Serin peut-il aussi en profiter?
Avec un ouvreur en moins, le staff ne peut se permettre de partir à la Coupe du monde avec le seul Matthieu Jalibert. Il faut penser au match face à l’Uruguay (six jours après les Blacks), voire à celui face à la Namibie (21 septembre), qui est toutefois placé sur le calendrier deux semaines avant le dernier contre l’Italie (6 octobre). C’est donc une opportunité pour le Rochelais Antoine Hastoy (3 sélections) d’intégrer la liste des 33, lui qui semblait hors groupe.
Derrière, il faut imaginer le puzzle du staff et les complémentarités. Si l’option Ramos-Jaminet ou Dulin était choisie dans l’équipe des titulaires, partira-t-on sur la compétition avec les deux arrières en plus de Ramos? Il en faudra pour les affronter les équipes réputées plus faibles, surtout si Louis Bielle-Biarrey prend place sur le banc de l’équipe des “Premium” (qu’on ne doit plus appeler comme ça…). Même si sa polyvalence menace un de ces deux joueurs, c’est le seul bémol concernant et Jaminet et Dulin… le staff étant très friand de ces joueurs “hybrides”.
Ce qui pourrait profiter à Baptiste Serin. Le Toulonnais peut jouer dix (en cours de match sur ce cas précis) et a pour lui la faculté de buter. Cela se ferait au détriment de Baptiste Couilloud, qui a d’autres capacités mais pas celle-ci. Le mal de tête va être réel pour le staff.