Arrivé à Bordeaux-Bègles cet été, le nouveau manager de l’UBB, Yannick Bru s’est confié dans les colonnes du journal Sud-Ouest.
Il explique être arrivé à Bordeaux avec une grosse énergie. Extrait:
Avec énormément d’énergie, ce qui me faisait défaut après quatre années à Bayonne. Il y a eu énormément d’émotions mais j’étais vraiment fatigué. J’avais besoin de couper pour retrouver un nouveau souffle mais aussi pour changer de décor. J’avais un peu touché à tout en France. Je dis ça avec beaucoup d’humilité mais j’avais été adjoint pendant dix ans (à Toulouse de 2007 à 2012, au XV de France de 2012 à 2017), j’avais connu un premier job d’entraîneur en chef dans un club en reconstruction (Bayonne, de 2018 à 2022). En Afrique du Sud, j’ai découvert de nouveaux visages, une nouvelle compétition, un nouveau rugby, de nouvelles responsabilités en tant que consultant avec des missions bien ciblées… J’ai beaucoup appris. Quand on gagnait, j’étais super heureux et quand on perdait, ça ne m’empêchait pas de dormir. Ça change beaucoup de choses. J’ai vraiment rechargé les batteries avant de me lancer dans ce nouveau défi avec l’UBB.
Il estime que cette expérience en Afrique du Sud l’a fait progresser. Extrait:
J’ai progressé sur ma connaissance du rugby sud-africain. J’ai découvert leur rapport maladif au travail, la préparation dans l’ultra détail, des méthodes de management très dures avec beaucoup d’engagement de la part du staff et des joueurs, mais aussi une certaine éducation très différente de celle de notre monde latin. J’ai été confronté à une société organisée différemment avec des problèmes qui n’ont rien à voir avec les nôtres, qui touchent à des choses essentielles de la vie, comme la sécurité, l’énergie… Tout était vraiment très différent. Je me suis enrichi. Tout ce que j’ai vécu là-bas n’est pas transposable ici. Mais je comprends mieux pourquoi les Springboks sont trois fois champions du monde.
Il explique être très heureux de pouvoir intégrer l’UBB. Extrait:
Il y a un travail efficace qui est effectué depuis dix ans à l’UBB. Je suis content de rentrer dans cette équipe. Dans mon parcours, c’est la première fois que je vais me retrouver en responsabilité d’un club qui bataille avec les grands, qui est dans les standards élevés du salary-cap, qui a des ambitions élevées. Tout ça me plaît. Quand on regarde la courbe de progression de l’UBB, elle est ascendante. Ces trois demi-finales confirment que je suis au bon endroit. Il y a une attente élevée mais c’est ce que je suis venu chercher.
Quand j’entraînais Toulouse, on bossait tous dur, on profitait de l’impact de la machine. Dans les gros clubs, il y a l’effet de l’expérience qui permet de remporter certains matchs un petit peu sur la routine de fonctionnement. Quand on est dans un moins gros club, ça, ça n’existe pas. On est toujours entre deux postes, deux compétences, on participe à plusieurs niveaux d’expertise. Ça demande plus d’énergie. C’est plus sollicitant de construire et jouer le maintien que de conduire une belle cylindrée. Mais quand on est au volant d’une belle cylindrée, il faut monter sur la plus haute marche. C’est ça le deal ! La tension est la même en fin de saison.
Le président Laurent Marti a fixé un objectif bien précis à Yannick Bru : un titre lors des trois prochaines saisons. Extrait:
L’ensemble du rugby français dira que Laurent Marti connaît son sport et que c’est quelqu’un d’élégant. C’est son club. Sur ce qu’il a construit depuis douze ans, c’est normal qu’il ait cette ambition. C’est le défi qu’il m’a présenté et je ne le subis pas du tout. Je ne dis pas qu’on va y arriver. Mais tous les gens qui nous ont rejoints dans le staff ont envie de le relever et cela nous anime depuis de longs mois déjà, même si nous étions dans l’ombre et le respect de ce qui se faisait avant. Et il y a eu du très bon travail de fait car jouer une demi-finale malgré les soubresauts qu’il y a eus pendant la saison dernière, ce n’est vraiment pas facile.
Selon lui, le recrutement a été fait de sorte à remporter des titres. Extrait:
Les investissements consentis, que ce soit sur le staff ou sur les joueurs, sont alignés et cohérents avec l’ambition de l’UBB qui est d’aller chercher les meilleurs clubs français. Il n’y aura aucune excuse de ce côté-là. Avec l’ensemble de la cellule de recrutement, on a vraiment fait le maximum. La première année, je ne pense pas que ce sera un coup de baguette magique mais on va travailler pour. Je sais que le changement se fait jour après jour, par des actes, plus que par des discours et des paroles. Ça va prendre un peu de temps. Je n’exclus pas qu’on soit en avance sur les temps de passage, comme je n’exclus pas qu’on puisse être en retard. Mais l’UBB a fait le maximum en termes d’investissements.
Dans la foulée, Yannick Bru a parlé des deux défaites concédées par son équipe en amical contre Agen et La Rochelle. Pour lui, ce n’est pas inquiétant. Extrait:
Non, l’équipe est en progression. On est partis d’un match très faible face à Agen dans le contenu et dans l’engagement mais il y a eu du mieux face à La Rochelle, même s’il y a encore eu trop d’erreurs techniques. On est toujours dans ce schéma de construction. Enormément de choses ont changé dans le jeu ou le mode de fonctionnement. Je savais que le chantier était important de ce point de vue. Il n’y a rien de très surprenant. Nous sommes conscients qu’il faut être plus exigeants pour rattraper ce retard et qu’il ne faut pas se chercher d’excuses.
Quand on veut se mêler à la bagarre avec les meilleurs, il y a quand même une base de respect de certains éléments. Les équipes qui gagnent sont celles qui dominent l’occupation, la conquête, la défense et la discipline. Surtout en Top 14. On ne manquera pas d’humilité par rapport aux grands paramètres qui permettent de s’installer durablement dans la victoire. Après, la lecture, la capacité à aller jouer dans les espaces, ça reste quand même un moteur de ce que je suis. À l’UBB, on aura une équipe de combattants et d’athlètes mais on sera attachés à une certaine forme de prises de décision, de manière à être imprévisibles. Parfois, il faut sortir de certains schémas.
Pour conclure, il rappelle que cette saison sera particulière avec le Mondial au milieu. Extrait:
On va avoir une dizaine de joueurs impliqués sur la Coupe du monde et pas des moindres. Ça va être un championnat difficile. Quand on sait que le Top 14 se joue à un point en fin de saison, jouer les trois premiers matchs sans eux, plus les vacances en suivant… Mais bon, toutes les équipes seront logées à la même enseigne, il y aura une certaine forme d’équité. J’ai démarré ma carrière d’entraîneur en 2007 à Toulouse, pendant la Coupe du monde en France. Je prends le challenge de l’UBB en 2023 pendant la Coupe du monde en France. J’espère que ça se terminera aussi bien (rires).