Programmé ce samedi (15h) pour le compte de la 2e journée de Top 14, le match La Rochelle-Lyon se disputera exceptionnellement à Angers et non au stade Marcel Deflandre. Si la jauge n’est pas beaucoup plus élevée (17.900 spectateurs), elle suffira au bonheur de nombreux supporters maritimes en attente d’un abonnement et habitués à se casser les dents lors des matchs à domicile. L’engouement autour du club double étoilé atteint des proportions folles en cet été 2023.
Le Stade de France, le Vélodrome, Bollaert ou encore le Matmut Atlantique, Anoeta, Pierre-Mauroy… Et désormais Raymond-Kopa. Le Stade Rochelais ajoute une éminente enceinte du ballon rond à sa collection. Son antre de Marcel Deflandre en travaux depuis le printemps, le club double champion d’Europe en titre délocalise sa première réception de Top 14 de la saison (samedi, 15h, face au LOU Rugby) à… Angers. A près de 185km au nord de La Rochelle.
Quatre heures et demi de route aller-retour depuis la préfecture de Charente-Maritime? Pas de quoi refroidir pour autant la fameuse “fièvre SR”, réputée notamment pour l’incroyable série de 80 guichets fermés consécutifs en championnat à Deflandre, incandescent chaudron dont la capacité sera portée à 16.700 places, soit 700 supplémentaires, pour La Rochelle-Castres, le 29 octobre, lendemain de finale de Coupe du monde (4e journée de Top 14). Ne soyez pas surpris samedi si, en empruntant l’autoroute A83 ou l’A87, vous croisez la quarantaine de cars de supporters rochelais affrétés pour l’occasion. Sans compter les centaines de voitures grimées aux couleurs du club à la caravelle.
À Raymond-Kopa comme à la maison? Dans les bureaux du Stade Rochelais, qui compte dans ses clubs partenaires le SCO Angers Rugby, c’est presque une évidence. “Habituellement, le taux de réabonnement de nos abonnés est incroyable. Là, il est exceptionnel: 99,5 %, jubile Thomas Rousseau, directeur d’exploitation. Pour parler très concrètement, cela ne laissait que cinquante places disponibles pour les nouveaux abonnés. Sachant que la liste d’attente s’est allongée jusqu’à 7 200 personnes, soit 40% de plus que d’habitude […] Il y a toujours une part de surprise mais quand on voit la demi-finale à Bordeaux (en Champions Cup, en mai dernier, NDLR) où les Rochelais arrivent à remplir le Matmut…”
“Il y a quelques années, on était très satisfait de déplacer 10.000 personnes, poursuit sa collègue Chloé Stévenet, responsable de la communication du Stade Rochelais. Aujourd’hui, notre capacité serait plus, sur un déplacement de proximité, comme Bordeaux, à mobiliser 35 à 40.000 personnes, peut-être même au-delà.” Nantes aurait sans doute fait aussi un joli jardin, au regard de l’affluence jaune et noire samedi dernier pour soutenir les Bleus au match de préparation France-Fidji (34-17)… Mais la Beaujoire, stade Coupe du monde, n’était pas disponible. Qu’importe, les dirigeants rochelais étaient déjà séduits par l’option Raymond-Kopa. Et sa jauge définie à 17.900 en tribunes.
Si la capacité de l’enceinte angevine n’est pas beaucoup plus élevée que sa cousine rochelaise, cette délocalisation n’est pas pour déplaire à ceux qui, pour chaque rencontre à domicile, bataillent souvent en vain pour tenter de réussir à décrocher un précieux billet. Distance et vacances obligent, certains des 13.500 à 14.000 abonnés et partenaires invités à faire le déplacement font l’impasse et ont remis leur place en vente sur une billetterie secondaire. Une aubaine pour les non-abonnés et, en premier lieu, ceux inscrits sur cette liste d’attente longue comme le bras.
“J’ai ma place pour Angers!”, souffle, soulagé, Jean-Luc. Réserviste (comprenez considéré comme prioritaire pour obtenir un abonnement) ce retraité dont les premières joutes dans les tribunes de Deflandre remontent à son adolescence s’est inscrit il y a plus de trois ans sur ladite liste. Et se mord aujourd’hui les doigts de ne pas avoir repris la carte d’abonné de son fils, il y a plusieurs saisons: “J’arrive à gratter des places à Deflandre, à droite à gauche mais c’est la galère. Je me bats, je demande à tout le monde, il faut ruser mais j’ai peur que ce soit encore plus compliqué cette saison, on a une étoile de plus. Je ne sais pas si un jour je l’aurai, l’abonnement. Je lance un SOS (rires).”
“Pourquoi ne pas faire un autre stade ailleurs?“, s’interroge d’ailleurs cet habitant de Dompierre-sur-Mer, commune de la première couronne de La Rochelle. “Même si le club descendait en Pro D2, il y aurait toujours la même densité de public. Pas un stade de 40.000 places, mais entre 20 et 25.000, ce serait pas mal. Ça contenterait tout le monde.” Si aucune perspective de ce type n’est d’actualité, le club ne s’interdit pas, déjà, de réfléchir à d’autres futures extensions de Deflandre. “On crée tellement d’insatisfactions, de frustrations lors de la campagne d’abonnement que dès les mois de septembre-octobre, on reçoit des demandes d’abonnement. Ça ne s’arrête jamais“, image Thomas Rousseau.
“Ma copine travaille à la billetterie, j’ai forcément des petits retours, glisse Jules Favre, centre-ailier du Stade Rochelais. Elle me dit: “les gens passent tous les jours. Pour l’abonnement, ils essayent de dire qu’ils sont abonnés alors qu’ils ne sont pas abonnés”. C’est quelque chose de fou et j’espère que ça va continuer à être comme ça. Je pense qu’on ne se rend peut-être pas compte de la chance qu’on a d’avoir un public à fond derrière nous, les gens se battraient presque pour avoir une place au stade.”