La mêlée des chœurs à Marseille devait chanter les hymnes lors du match Afrique du Sud-Ecosse dimanche, ils ne chanteront finalement que pour le quart de finale au Vélodrome. Une réunion a eu lieu au sein de France 2023 pour connaître le sort des chorales, accusées de ruiner les hymnes. Catherine Dura, enseignante à Marseille et encadrante d’une des chorales, réagit.
Comment vivez-vous cette nouvelle polémique?
“Les problèmes sont différents mais depuis qu’on s’est engagé dans ce projet, on va de déception en déception. A la base on devait chanter lors de deux matchs sur la pelouse, c’est ce qui était prévu. Pour Afrique du Sud-Écosse et pour le quart de finale. Le projet ayant été divisé en deux, on se retrouve à n’avoir qu’un match et il n’y aura que 150 élèves à chanter. Et encore on a la chance d’être à Marseille, on peut aller sur la pelouse pour chanter, ce n’est pas le cas des Toulousains. On ira au Vélodrome pour le quart, est-ce qu’on va chanter? Je ne sais pas.
On n’est pas des pros, on est une chorale d’école. Les enfants ont appris des chants très difficiles et le rendu est de qualité. On est d’autant plus déçus de ce carnage qui a eu lieu pendant la Marseillaise. En tant que Française, je suis choquée d’avoir entendu ce que j’ai entendu, ce n’était pas beau. Je comprends qu’il y ait un problème, il faut revoir les choses. On ne peut pas continuer à massacrer des hymnes par respect pour les autres pays mais on ne peut pas non plus décevoir sans cesse des enfants. Là, depuis un an, ça devient difficile. On a appris nos chants, on les connait bien et quand ils chantent simplement, c’est magnifique.”
Que s’est-il passé vendredi?
“C’est la maîtrise de l’Opéra-Comique qui a fait ce choix de Marseillaise en canon. Nous on a tout de suite dit que ce n’était pas une bonne idée. Nos élèves ont appris la Marseillaise à l’unisson, comme on la chante en France. Là, ce choix d’un canon, dans un stade où on savait qu’il y aurait déjà des différences de tonalités, ce n’était pas une bonne idée. Il y avait les voix des rugbymen et les voix lyriques de l’opéra qui avaient des micros, les voix d’enfants et les voix des supporters en tribune, tout ça mélangé, a fait une cacophonie épouvantable. C’était pitoyable.
Nous les adultes, on essaie de faire en sorte qu’ils soient le moins déçus possible. Ils ne se rendent pas compte de tout. Si on doit leur annoncer dans la semaine qu’ils ne chanteront pas sur la pelouse du Vélodrome, ça va être dur à accepter.”
Ce serait une déception si vous ne pouviez plus chanter?
“Oui, une grosse déception, c’était un gros projet. On est des enseignants de primaire, pas des musiciens. On s’est vraiment investis pour faire découvrir ça aux enfants. On a adoré voyager avec les différents hymnes. C’était une grande richesse. Mais emmener des enfants sur des choses aussi difficiles, que ce soit au niveau linguistique, musical, à la clé on avait la récompense de jouer devant les équipes. Et petit à petit on a reçu des messages pitoyables. Comme quoi c’est l’école de la vie d’être déçu. On ne peut pas dire ça à des enfants. On a un exemple à donner, une parole donnée à un enfant c’est sacré. Alors oui, il y a plus grave, mais quand on s’engage il faut aller au bout. C’est assez décevant”.