Arrivé à Toulouse l’été dernier en provenance de l’USAP, l’arrière Melvyn Jaminet a connu une saison 2022 / 2023 particulièrement délicate.
Blessé à plusieurs reprises, le joueur Français n’a pas vraiment réussi à percer au sein du groupe Toulousain.
Il faut dire que la concurrence est très forte à Toulouse avec notamment Thomas Ramos et Ange Capuozzo.
Le joueur de 24 ans s’est longuement confié via L’équipe, à l’approche du match contre l’Uruguay lors duquel il sera titulaire ce jeudi soir.
Il se rappelle notamment du jour où Perpignan a décroché sa montée en Top 14. Extrait:
« Un magnifique souvenir. Je vivais ma première phase finale. La semaine de la finale n’a pas été très sereine. J’étais incertain jusqu’au dernier moment. Je revenais d’une déchirure à l’ischio. J’avais disputé la demi-finale face à Oyonnax, le week-end précédent (victoire 27-15), mais j’avais encore des douleurs. Je ne savais pas si ma cuisse blessée allait tenir ou péter à nouveau. Comme c’était le dernier match de la saison, j’ai joué à 200 %. Nous avons battu Biarritz (33-14, le 5 juin 2021). J’ai inscrit 23 points, dont un essai. À la 70e, le match était déjà plié.
Je me souviens être sorti un peu du match. Le petit regret, c’est que nous étions encore impactés par le Covid. Il n’y avait que mille spectateurs dans les tribunes. Idem pour l’après-match et les célébrations du titre. Pour l’anecdote, c’est à l’issue de cette finale que le staff de Perpignan m’a annoncé que j’étais pressenti pour être sélectionné pour la tournée d’été en Australie avec l’équipe de France. D’ailleurs, j’avais jeté mes crampons en me disant que la saison était terminée. J’ai couru pour aller les récupérer. Je les ai retrouvés très vite. Heureusement ! »
Il évoque ensuite le jour où il offre la victoire aux Bleus contre l’Australie. Extrait:
« J’étais parti avec le groupe en Australie. Tout se passait très bien. Je participais aux entraînements sans appréhension. Mais à aucun moment, je m’imaginais démarrer ce premier test (le 7 juillet 2021).
La hiérarchie était claire, même si sur les deux derniers entraînements, j’étais en rotation avec Anthony Bouthier. Au mieux, j’espérais grappiller une place de remplaçant. J’ai découvert ma titularisation à l’annonce de l’équipe quand ma tête est apparue sur le rétroprojecteur. Le staff ne m’avait rien dit. La surprise était totale. Ma carrière a basculé en Australie. C’est l’un des moments les plus forts que j’ai vécu. Mais en raison du décalage horaire, j’ai dû patienter avant de pouvoir le partager avec mes proches.
Le jour du match, j’ai essayé de ne pas être dépassé par mes émotions. La Marseillaise a été un moment très fort. Je suis resté très concentré. Malheureusement, nous nous inclinons en fin de match (23-21). La défaite a été difficile à digérer en raison du scénario et cet essai encaissé sur la dernière action. J’étais responsable. J’ai fait une erreur. J’avais une passe à réaliser et le match était terminé. Je l’ai ratée. J’avais ce poids. »
Puis son premier match contre les Blacks. Extrait:
« C’était intense. Mais je retiens surtout la semaine précédant ce succès. J’ai beaucoup discuté avec le staff. J’ai su très vite qu’il me maintenait sa confiance. Mentalement, ça m’a fait un bien fou. Ils ont trouvé les bons mots pour me rebooster. Je me suis dit : “Melvyn, tu as fait une erreur. Tu n’as pas le droit d’en faire une seconde.” J’avais une forte pression. Une fois le coup d’envoi donné, j’ai évacué. Tout se passe bien. Puis vient cette dernière pénalité à trois minutes de la fin de la rencontre, alors que nous sommes menés 26-25 (victoire 28-26 le 13 juillet 2021).
J’ai du mal à expliquer ce que j’ai ressenti. J’ai fait le vide. J’étais là, sans être là. J’ai presque fait abstraction du contexte tellement j’étais focalisé sur ma routine. J’ai des souvenirs qui me manquent. Quand le ballon est parti, je savais qu’il allait passer entre les perches. Le soulagement était immense. Mais le match n’était pas encore terminé ! Il ne fallait pas craquer. Au coup de sifflet final, c’était de la folie. »
Il se rappelle ensuite de son premier match de Top 14. Extrait:
« C’était face à Biarritz. Je me suis donc dit que ça allait ressembler à mes matches de la saison passée. Je n’ai pas eu ce déclic de me dire que j’allais faire face à un énorme changement, comme si j’affrontais Toulouse ou une autre grosse écurie du Top 14. J’ai vécu ce match sans grande appréhension. Tout s’est bien déroulé. Nous gagnons avec le bonus (33-20). J’inscris 15 points. C’est un très bon souvenir. »
Vient ensuite son premier match contre les Blacks. Extrait:
« Affronter la Nouvelle-Zélande fait rêver. J’ai senti que j’entrais dans une nouvelle dimension. Au regard du résultat (victoire 40-25, le 20 novembre 2021), j’ai la sensation que l’équipe de France a franchi un cap et envoyé un message fort. Ce match a aussi été marqué par la relance de Romain Ntamack depuis notre en-but.
Sur le coup, je ne réfléchis pas. J’étais revenu à 200 % pour me replier. Quand Romain relance, je donne encore tout pour être au soutien. Je n’appelle pas Romain. Je suis cuit mais il a dû sentir que j’arrivais sur sa gauche. Au final, il y a un peu de frustration que cette action n’aille pas au bout. J’aurais peut-être dû tenter une feinte de passe, garder le ballon ou faire une passe au pied. Mais j’étais tellement fatigué… Tu ne réfléchis plus. »
Il revient aussi sur son match raté contre l’Ecosse. Extrait:
« Je savais que ce match serait compliqué, notamment dans mon rôle de buteur. Il y avait beaucoup de vent à Murrayfield. À l’échauffement, je n’ai jamais réussi à comprendre dans quel sens il allait. Je ne savais pas comment taper. J’étais perturbé. Je réalise un 3/7. Même dans le jeu, je ne suis pas bon. Malgré la victoire (36-17, le 26 février 2022), je n’étais pas satisfait. Le staff non plus. Mais comme après l’Australie, Fabien Galthié m’a maintenu sa confiance. Il attendait beaucoup plus de moi. Je devais encore prouver. »
Et le Grand Chelem. Extrait:
« J’en ai encore des frissons. Sur le dernier match face à l’Angleterre (25-13, le 19 mars 2022), je n’ai pas eu le temps de savourer sur le terrain. Ce n’est qu’au moment de mon remplacement, à la 76e minute, que j’ai pu prendre pleinement conscience de ce que nous venions de réaliser.
C’était vraiment très émouvant de voir le Stade de France en feu. On marque l’histoire. C’est grand ! Avec le recul, je mesure encore un peu plus le chemin parcouru. Je me dis que tout est allé très vite. Je sais que je suis très chanceux. Certains joueurs n’ont jamais gagné de titre en équipe nationale, alors que je remporte le Grand Chelem lors de mon premier Tournoi ! C’est dingue ! »
Pour conclure, Melvyn Jaminet parle de son dernier match avec l’USAP. Extrait:
« Pour mon dernier match avec Perpignan, je ne pouvais pas rêver mieux. Je ne m’imaginais pas un instant quitter l’USAP sur une relégation. Passer par ce match de barrage face à Mont-de-Marsan (qui s’était incliné en finale d’accession face à Bayonne) ne nous faisait pas peur. Cette victoire (41-16, le 12 juin 2022) et ce maintien sont presque plus importants que la montée en Top 14 la saison passée. J’ai quitté le club avec le sentiment du devoir accompli.
Encore une fois, j’ai failli ne pas jouer cette rencontre. Je m’étais fait mal à un genou trois semaines plus tôt. Le staff m’a préservé pour que je sois à 100 % pour ce match. Je sors une grosse performance (21 points). Mentalement, ça me fait un bien fou. Après le Grand Chelem, le retour avait été compliqué. Il avait fallu vite rebasculer dans l’opération maintien. Alors que, généralement, quand tu gagnes un titre, la saison est terminée ! »