L’ancien troisième ligne et ex-capitaine du XV de France, Thierry Dusautoir s’est confié via L’équipe à l’issue de la courte victoire des Bleus remportée contre l’Uruguay, ce jeudi soir à Lille.
Selon lui, chaque joueur avait un enjeu personnel lors de cette rencontre, à savoir celui de prouver au staff du XV de France qu’il mérite de jouer les matches importants du Mondial.
Il l’affirme : ces enjeux personnels ont probablement compliqué le match des Français.
Par ailleurs, il évoque un problème d’automatisme de cette équipe puisque les joueurs alignés jeudi soir n’ont pas beaucoup joué ensemble.
Thierry Dusautoir explique la piètre prestation des Bleus. Extrait:
« Pour bien saisir ce match, il faut comprendre qu’il y a dans ce groupe France 33 histoires personnelles. Dans une rencontre comme celle-là, où l’on rentre avec l’objectif commun de gagner, chacun arrive avec un parcours différent. Un Anthony Jelonch revient de blessure, un Louis Bielle-Biarrey arrive avec son insouciance, Pierre Bourgarit est la doublure de Peato Mauvaka… tous ont l’ambition secrète ou revendiquée de gagner des places dans la hiérarchie. Ces enjeux personnels peuvent constituer des pièges, d’autant plus grossiers quand l’équipe qui se trouve en face est théoriquement plus faible.
Les joueurs alignés prenaient pour une partie un train en marche, qui avance à une certaine rapidité. On attend d’eux qu’ils respectent ce rythme. Quand bien même ils sont dans le groupe depuis longtemps, les joueurs de cette équipe n’avaient pas forcément beaucoup d’automatisme, ni le même niveau de confiance que le quinze habituel. Encore moins lorsqu’il y a une équipe en face comme l’Uruguay, contre qui il y a une obligation de résultat.
La contre-performance collective s’explique aussi par la frustration générée par les erreurs commises, le manque de continuité dans le jeu contre un adversaire qui a été à un niveau où on ne l’attendait pas, pénible dans les rucks, qui a parfois fait jeu égal en mêlée et a marqué trois essais de qualité, dont un refusé. La frustration française s’est aussi traduite par une indiscipline conséquente – un des enseignements de la soirée – une difficile communication défensive quand les Uruguayens ont tenu le ballon, et ils l’ont bien tenu, en allant toucher assez facilement les couloirs.
Les Français auraient même pu douter sans le pied de Melvyn Jaminet, la dextérité et l’envie de Peato Mauvaka, qui a recréé un écart au score alors que l’Uruguay était revenu à un point (13-12) quelques minutes avant. Mais l’important est là, même s’il est dommage d’avoir laissé filer le point de bonus offensif sur ce match, il s’agit d’une nouvelle victoire. »